Eric Pillot : Zoom sur les Zoos
Éric Pillot, « le photographe des zoos¨ dédicace son dernier opus « In situ 2 ». Un regard très particulier sur le monde animal dans des structures qui le capturent.
Eric Pillot parle et signe, sourit et s’étonne. Grand timide ou comédien doué, il passe d’un acheteur à un curieux avec la candeur de quelqu’un qui vient d’ailleurs.
Il vient certes de loin. De polytechnique plus précisément. Mais très tôt, l’appareil photo familial avait éveillé l’intérêt du futur ingénieur pour le monde de l’image.
L’expérience polytechnicienne a sans doute marqué Eric Pillot. Il est passé de cadres précis à d’autres non moins stricts : les zoos. L’architecture et l’histoire des parcs zoologiques ont fait le lien entre la photographie « générale » et les clichés animaliers. Mais le déclic fut une image, celle d’ours polaires nageant sous l’eau.
Entre 2008 et 2012, celui qui se qualifie de « chasseur d’instants » a parcouru les zoos des capitales européennes réalisant ainsi la série « In Situ », un projet évolutif sur « l’animal et la question de son humanité dans des environnements captifs« .
Lauréat 2012 du Prix HSBC pour la photographie, il publia la même année sa première monographie chez Actes-Sud. Un ouvrage où l’animal constitue « une figure de l’Autre » à travers les émotions suscitées par le support et son effet sur l’imaginaire.
Une reconnaissance suivie d’une autre : le prix Marc Ladreit de Lacharrière-Académie des Beaux-Arts 2014.
La distinction lui permettra de financer « In Situ 2 ». Aux États-Unis, Éric Pillot souhaitait « se confronter aux grands espaces« , un moyen « de faire varier ses distances avec l’animal aux architectures et au décors empreints d’une culture du grandiose et photographier des espèces rarement montrer dans nos contrées« .
Les photos produisent un malaise chez celui qui regarde. Leur beauté trouble, dérange. Le « chasseur d’instants » semble avoir figé les animaux dans une éternité pastel. Statue de sel victime d’un maléfice, l’animal donne par ailleurs l’impression d’avoir été collé sur un décor. La sur-scénarisation du zoo lui ôte toute expression. La vie a fuit. Il reste un décor et des figurants fantômes.
Nous avons filmé Éric Pillot pendant la séance de dédicace puis à la galerie Dumonteil qui le soutient depuis plusieurs années et a scénographié ses images en les mêlant à des sculptures d’animaux.
Nous avons parlé d’architecture, d’espace, de perception de l’Autre, d’écologie, de voyages et de technique.
Éric Pillot
In Situ et In Situ 2
Éditions La Pionnière
Accueil
Site Eric Pillot
Nous avons tourné à la galerie Dumonteil
75007 Paris
du mardi au samedi de 11h à 19h
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