Salon du Dessin : l’Émotion du Papier

Qu’est-ce qu’un dessin? C’est la question que l’on peut se poser en parcourant les allées du salon qui lui rend hommage.

Sous les hauts plafonds aux sublimes fresques de l’ancienne bourse de Paris, 39 galeries affichent des oeuvres dont certaines frôlent le border line.

Aquarelles, gouache, look photo … le dessin tire un trait sur la vision commune du tracé ou de l’esquisse. « Le fait est loin d’être nouveau mais la tendance continue de s’affirmer avec les jeunes talents » explique Louis de Bayser, Président de la Société du Salon du Dessin « Le dessin est une oeuvre d’art sur papier. À partir de là toutes expressions sont possibles« .

Ce que l’on constate notamment sur le stand d’Hadrien de Montferrand qui expose Mao Yan, l’un des plus grands portraitistes chinois. Ses aquarelles d’un réalisme saisissant brouillent les repères entre peinture, dessin et photo.

On retrouve ce flou chez « Le poète et sa muse » une merveille de poésie signée Gustave Moreau chez Bertrand Gautier et Bertrand Talabardon. Ou encore dans les explosions pigmentaires de « Rythme Coloré » une gouache de Sonia Delaunay (esquisse d’une peinture réalisée pour le XVème salon des Tuileries, manifestation phare de l’époque).

Les représentants du panthéon artistique sont légion. On remarque des dessins de Picasso, de Warhol, de Man Ray, de Modigliani, de Calder, de Bonnard, de Fragonnard (chez Nathalie Motte), de David, de Degas, de Dali, de Duchamp, de Le Corbusier (un superbe « Portrait de femme en buste ») …

Les « Anciens » se mêlent au « Modernes », les stars côtoient les jeunes pousses.

Chez les galeristes (60 % de Français, 40 % d’étrangers), Jean-Luc Baroni et De Bayser font la part belle à l’ancien (« Tête de vieillard barbu » par Hans Baldung Grien, « Étude de la main gauche » par Giovanni-Batistta Franco), Aktis, Karsten Greve, Vincent Lecuyer ont choisi le contemporain (avec un incroyable portrait fusain et craie de Franz von Lenbach par Edward Steichen), Hélène Bailly consacre le moderne (Leger, Delaunay, Picasso).

Les nominés du 10ème prix du Dessin contemporain Daniel et Florence Guerlain ont leur propre exposition.

C’est le roumain Ciprian Muresan qui a remporté de prix devant Didier Trénet et Charles Avery.

Les thématiques vont du portrait (Carlos Swabe, Charles Engrand, Joszsef Ropll-Ronal …), au  paysage. Elle abordent l’abstraction comme le mysticisme. La femme, l’animal, l’imaginaire y sont célébrés. Dans le registre allégorie, fantasme, imaginaire, on a apprécié « Le vrai miroir de la sorcellerie » de Félicien Rops ou encore « La Chevauchée de Faust et Méphistophélès par Louis-Maurice Boutet de Monvel.

Les amateurs de dessins se considèrent comme un club de passionnées encore préservé de la spéculation.

L’engouement pour « la ligne » fait toutefois flamber les prix  » Selon les données ArtPrice, les ventes de dessins ont connu une extraordinaire croissance (…) Les recettes en salles de ventes ont été multipliées par 6 entre 2005 et 2015 passant de 500 M$ à 3 Mrd$, tandis que le nombre de transaction a quant à lui doublé » lit-on dans le dossier de presse. « On observe donc une très nette augmentation du prix moyen pour les dessins sur cette période ; il était de 7 000 $ et est actuellement de 22 000 $ par lot ».

La frontière entre peinture et dessin devient donc bien plus qu’un flou artistique.

Crédits photo : Salon du Dessin et galerie Adrien de Montferrand

Salon du Dessin Palais Brongnard

du 22 au 27 mars

Salon du dessin

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