Cures Marines de Trouville : le chic balnéaire

Réduites à l’état de souvenir délabré voire insalubre, les cures marines de Trouville, fleuron du chic balnéaire au début du 19ème siècle, ont retrouvé leur éclat. Visite avec Jean-Philippe Nuel.

 

« Chanson », titre phare de la musique d’Indian Song accompagne nos flâneries dans les petites rues bordées de maisons aux colombages typiques de l’architecture normande. Voilà justement la maison de Marguerite Duras, auteur du livre qui a inspiré le film. La demeure de la grande dame des mots voisine celles de figures légendaires de l’écriture de Proust à Pauwels en passant par Flaubert, Maupassant et Alexandre Dumas qui, dit-on, aimait se baigner nu dans la Manche

 

 

De quoi affoler ou distraire les belles qui se laissaient admirer sur « Les Planches » l’équivalent de la promenade des Anglais à Trouville.

Trouville a été « lancé » par un peintre paysagiste, Charles Mozin au début du 19ème siècle. La grâce de la lumière et les scènes de vie -dont les bains mer- ont inspiré les impressionnistes. On imagine Monet et Caillebotte observant élégants et élégantes dans leurs premiers costumes d’eau. 

Les notes nostalgiques d’Indian Song nous accompagnent au début du 20ème. En 1912, la « Reine des Plages » de la Côte Fleurie inaugure le casino dont Alexandre Durville réalise l’architecture générale et Gustave Eiffel la charpente. En 1992, le bâtiment deviendra « Casino Barrière de Trouville ». Une foule chic se presse dans la palais blanc casino le soir, soins marins le jour. Des Français, de riches Anglais résidant au « Trouville Palace » et d’autres touristes aisés attirés par la culture des bains de mer et des cures.

 

 

L’hôtel 5 étoiles logé dans l’aile droite du Casino au cœur de la ville est l’oeuvre de Jean-Philippe Nuel dont le cabinet souffle cette année ses 22 bougies. L’architecte-designer, qui cultive le sens du détail et aime créer des atmosphères, a récemment transformé la piscine Molitor en hôtel 5 étoiles estampillée MGallery (groupe Accor) en respectant son caractère street-art. Son travail au so chic Cinq Codet (7ème arrondissement de Paris) peut être considéré comme une leçon de création hôtelière.

 

 

L’hôtel que nous avons visité avec Jean-Philippe Nuel dispose de 103 chambres dont 16 suites, un institut Thalassa Sea & Spa, un restaurant, un bar et 6 salles de réunion. Les codes chromatiques revisitent les paysages balnéaires chics, les « traces » de l’ancien bâtiment (fresques, pierres, meubles, fondations) sont intégrées au design clair et aérien. Sur les murs, les extraits de livres d’écrivains ayant vécu à Trouville témoignent d’une volonté d’intégrer la ville à l’hôtel.

 

Le spa comme les autres espaces rend hommage à l’esprit de la « Reine des Plages ».

À la thalasso, l’architecte revisite l’esthétique originelle des bains de mer. On retrouve les codes chromatiques de l’hôtel : rayures verticales bleues et blanches dans le basin d’eau de mer chauffée et son parcours marin, photos de baigneuses etc …

Jean-Michel Nuel voulait aussi « coloniser » les volumes des fondations. Il a travaillé les chapiteaux et les voûtes pour créer une atmosphère mystérieuse.

Pari réussi pour l' »Archi Thermes ».