FEBEA : Beauté et Culture aux Rencontres du Bien-Être

La Febea, la fédération de entreprises de beauté, a organisation la 2ème édition des Rencontres du Bien-Être le 29 juin à l’UNESCO. Réflexions sur les relations entre beauté et culture, beauté et environnement, sécurité et avenir des cosmétiques.

La beauté est une affaire économique. Selon la FEBEA le secteur, qui occupe le second poste à l’exportation après l’aéronautique, représente :
55 000 emplois directs
25 Mds d’euros de CA dont 12 à l’exportation
(chiffres 2016)

La beauté a 300 000 ans

La beauté est une affaire sociale immémoriale. Gilles Lipovesky rappelle que les pratiques de séduction s’ancrent dans la nuit des temps. « Les traces les plus anciennes remontent à 300 000 ans avant JC. Des statues datant de 23 000 ans avant l’ère chrétienne témoignent de ce goût pour l’embellissement. Se parer, se colorer augmente l’attrait sexuel. La production de cosmétiques est une constante comme l’épilation, le piercing, le tatouage, la coiffure« .

Le philosophe retrace l’histoire de la beauté. De la condamnation des cosmétiques par les philosophes de la Grèce antique comme falsification, facteur l’éloignement du Vrai, ou par L’Église au Moyen-Âge comme instrument du diable qui perverti la perfection de la création divine jusqu’à leur célébration du 19ème. Un contre discours dont Baudelaire est le chantre. Pour le poète, le maquillage transforme la femme en ouvre d’art, créé une magie surnaturelle.

La beauté est une affaire de culture. Francesco Bandarin, souligne que le beau est un sujet primordial pour l’UNESCO. Fin 2018, Grasse, Mecque du parfum, et incarnation des savoirs faire anciens, sera inscrite au patrimoine de l’humanité.

Beauté, Culture et Environnement

L’inscription dans l’Économie Mauve (l’économie incluant une dimension culturelle) que revendiquent les entreprises s’accompagne d’une réflexion sur les bonnes pratiques environnementales et éthiques.

L’exploitation des enfants dans les mines de mica ou la déforestation due à la culture de l’huile de palme est un malus en matière d’image. Les industries de la beauté sont obligées d’en tenir compte.

Les consultants invités par la FEBEA se félicitent de l’amélioration de l’impact environnemental du secteur cosmétique (éco-emballages …) mais reconnaissent des retards (gestion des déchets …). Côté traçabilité, ils affirment que les grandes entreprises se positionnent mieux que les plus petites. Un écart qui s’expliquerait par les coûts. La complexité de la chaîne de production due à la multiplicité des intervenants est bien sûr mise en avant.

Conclusion : il s’agit de s’assurer de la sécurité des ingrédients en allant au-delà de la réglementation, de s’inspirer des conclusions d’organisations comme Natpro, de devancer la demande de transparence des consommateurs.

Beauté et Bien-Être

La beauté est une affaire de bien-être.
Gilles Lipovetsky parle de seconde modernité des cosmétiques. La globalisation du maquillage qui va de pair avec celle de l’industrie du glam ( mode, cinéma …) booste la consommation. Le philosophe indique qu’en Angleterre 90 % des adolescentes de 14 ans se maquillent.

Parallèlement, la fonction du make up change.
« Auparavant, les femmes avaient un devoir d’embellissement. Elle devaient se maquiller pour asseoir leur statut. Aujourd’hui, on assiste à l’apparition de motivations plus hédonistes On se maquille pour soi et plus seulement pour séduire. Ainsi, 58 % des femmes déclarent utiliser des produits de beauté pour se donner confiance et 16 % pour plaire » estime le penseur « Les cosmétiques s’inscrivent dans une quête du soin de soi. On veut se sentir mieux, se faire plaisir c’est le principe d’auto-séduction« . Dans cette perspective, le maquillage n’est plus une question de statut mais de goût singulier et hyper individualisé. « Le plaisir, la recherche du mieux-être, le souci de soi, la séduction et l’auto-séduction créent des logiques nouvelles« .

Le corps : dernier territoire de lutte

La beauté est le dernier territoire de lutte.
Dans son livre « Rester beau », Bernard Andrieu questionne le mythe de la beauté éternelle dans une perspective politique autant qu’individuelle.
Le philosophe mais en relation la beauté avec l’estime de soi et le désir de refaire son corps avec celui de refaire sa vie.
Il juge par ailleurs que dans une société désacralisée où les individus ont dû renoncer aux luttes politiques, le corps est devenu le dernier territoire dans lequel l’action est encore possible. L’individu challenge donc son corps afin de le parfaire et investi toute son énergie pour en faire une copie conformes aux critères dictées par la société du glam.

La FEBEA a publié un catalogue  » L’empreinte culturelle du secteur cosmétique » qui reprend les différentes interventions »

www.febea.fr

Rester Beau
Bernard Andrieu
Éditions Le Murmure