Fondation Cartier : Junya Ishigami « libère » l’architecture
La Fondation Cartier pour l’art contemporain met à l’honneur Junya Ishigami, figure majeure de la jeune architecture japonaise.
Lion d’Or de la Biennale d’architecture de Venise en 2010, Juyna Ishigami se distingue par ses créations délicates et oniriques où l’environnement occupe une place centrale.
Une vingtaine d’oeuvres conversent avec le bâtiment en verre et le jardin de la Fondation.
En promenade dans les trois salles de l’exposition, on découvre des univers mêlant les pratiques ancestrales japonaises aux dernières techniques architecturales.
Maquettes, dessins, vidéos témoignent de la lente maturation des projets et de la minutie apportée à leur réalisation.
Environnement et « mémoire de paysage passé »
Le blanc, le vert, le gris roche dominent. Les couleurs reflètent les éléments au coeur de l’oeuvre. Junya Ishigami compare souvent ses créations à des paysages.
Les huit villas Dali, composantes d’un complexe touristique chinois, s’organisent autour de mégalithes.
Le centre culturel de la province de Shandong -toujours en Chine- a été conçu comme une promenade au milieu de l’eau.
Dans le Botanical Farm Garden de Tochigi au Japon, l’architecte a choisi de revenir à la forêt initiale en la densifiant et en la parsemant d’étangs. Un exemple de « paysage oublié », de « mémoire de paysage passé » réveillé par Junya Ishigami.
Le House & Restaurant de Yamaguchi (affiche de l’exposition) ressemble à un rocher percé d’interstices lieux de vie.
Techniques ancestrales
À la pointe des formes contemporaines, l’enfant de Kanagawa utilise également les techniques ancestrales japonaises.
Dans la résidence pour personnes âgées de Tohoku il a recours à l’hikiya, l’art de déplacer des maisons d’un endroit à un autre sans les démonter. Quarante maisons vouées à la démolition ont été acheminées des quatre coins du pays offrant aux résidents un habitat traditionnel à la fois homogène et personnalisé.
Le restaurant qui donne sur le jardin irrigué de Tochigi s’inspire du shakkei, qui consiste à intégrer l’environnement dans un espace.
Lyrisme architectural
Les nuages dont partie intégrante du monde de Junya Ishigami.
La célèbre House of Peace de Stockholm en forme de nuage semble flotter sur l’eau.
Le Cloud Garden, un jardin d’enfants de Kamanaga, est constitué d’éléments de béton de formes arrondies qui donnent aux kids l’impression de grimper vers le ciel.
Le Cloud Arch de Sidney forment deux parenthèses invitant à un stop méditatif.
Manifeste pour une architecture libre
Le créateur revendique une architecte hors des cadres établis. L’exposition Freeing Archiecture témoigne de de cette vision qu’il veut « la plus souple, la plus ouverte, la plus subtile possible, pour dépasser les idées reçues ».
Junya Ishigami nous fait habiter la roche et les paysages. Il invente un paganisme architectural.
Fondation Cartier pour l’art contemporain
Freeing Architecture
30 mars 10 juin 2018
261, boulevard Raspail
75014 Paris