Reims escapade : de Clovis à Foujita

Le soleil rase les champs de colza jaune éclair. Le ciel est presque violet. Les alentours évoquent la grande guerre dont on commémore le terme cette année.

 
Mais nous n’allons pas parler de conflits, de mémoire. La Champagne a d’autres histoires à raconter. Des histoires de patrimoine, d’art, de gastronomie, d’escapades nature.
 

Reims : un centre ville entre gothique et art déco.

 
À Reims, le centre ville, autour de la cathédrale, est un chaos harmonieux d’influences architecturales.
Les bombardements de la première guerre mondiale ont détruit 90 % de la cité gallo-romaine dont la porte de Mars et le crypto portique près du Forum dévoilent les origines.
Il a fallu reconstruire “dans le style”. Oui mais quel style ? Un peu free style. Quelque chose autour de l’Art Déco. Cet historicisme éclectique se nomme “architecture de la reconstruction”. On passe ainsi du style antique au Louis XV, de Le Corbusier aux motifs végétaux et stylisés de l’Art Déco.
La bibliothèque Canergie construite pour que “le savoir évite la guerre” revendique, elle, l’Art Déco jusque dans ses vasques qui symbolisent l’esprit s’abreuvant de sagesse.
 
 

La cathédrale : du sacre de Clovis aux vitraux de Chagall et Knoebel

 
Reims possède deux aimants  internationaux : le champagne et la cathédrale.
Bâtie sur d’anciens thermes romains puis sur le baptistère de Clovis, la cathédrale s’est construite tout au long du XIIIe siècle (le gros œuvre) puis du XIVe  (les tours élancées).
 
Elle attire chaque année 1, 5 M de visiteurs. Des touristes, des curieux, des croyants séduits par l’histoire, l’architecture gothique, les vitraux et la statuaire.
 
 
Clovis est baptisé au Ve siècle. La cérémonie instaure la tradition du sacre des rois de France et de la monarchie divine.
Selon la légende Rémi, l’archevêque sanctifié, reçu une huile divine. Cette rroyance contribua à assujettir les princes à l’Église.
La cathédrale elle-même consacre le pouvoir des évêques.
Ils sont omniprésents de la statuaire aux vitraux.
 

Des vitraux comme des pierres précieuses

 
Les vitraux ont beaucoup souffert durant la première guerre mondiale. Il ne reste rien des originaux du XIIIe siècle.
Le maître verrier, Jacques Simon, est démobilisé pour remettre en état les débris.
Il travaille avec son équipe sur des échelles, l’édification d’échafaudages étant rendu impossible par les bombardements.
Comme la cathédrale, les vitraux de Reims ont ont la particularité de célébrer le sacre des rois et la puissance des évêques.
On trouve les vitraux contemporains dans le déambulatoire. Les plus connus sont ceux de Chagall.  Les derniers en date ceux d’Imi Knoebel.
La conception varie entre la couleur appuyée – l’impression d’éclats de pierres précieuses rappelle la vision de l’abbé Sujer- et le gris conforme à la couleur des pierres de la cathédrale.
 

Une statuaire de 2303 statues dont l’ange du Sourire

 
Le statuaire exceptionnelle est riche 2303 statues dont 211 ont 3 à 4 mètres de haut. L’ange au Sourire sur le portail gauche est le symbole de la ville de Reims.
 

Points remarquables

 
La cathédrale s’étend sur 149 mètres (contre 133 pour Notre-Dame de Paris) et s’élève à 38 m (contre 33 pour la nef parisienne). Sa surface en fait l’une des plus remarquables de France.
 
Outre les dimensions, la statuaire et les vitraux, les principaux points d’intérêt sont la galerie des rois avec au centre la plaque du baptême de Clovis, le couronnement de la Vierge – à qui la cathédrale est dédiée- au dessus du portail, les deux tours de 38 mètres.
 
Au centre des conflits mondiaux, la cathédrale de Reims occupe aussi une place symbolique. Le 8 juillet 1962 Charles de Gaulle et Konrad Adenauer y scellent la réconciliation des deux peuples.
 
 

Café du Palais : halte bistronomique

 À quelques pas de la cathédrale, Le café du Palais est tenu depuis les années 30 par la même famille. Chaque génération (4 jusqu’ici) ajoute sa touche design et culinaire. La déco éclectique mélange bibelots, glaces, tonneaux sous une verrière art déco. On remarque une statue féminine aux larges cornes, clin d’oeil sans doute au dieu du vin ou plutôt à une bacchante. Fréquenté par les comédiens et les jazzmen, le Café du Palais propose une cuisine traditionnelle et raffinée avec un joli choix de champagnes. Au menu : noix de Saint Jacques au Kari Gosse. tagliatelles au foie gras et aux morilles, confit de canard, pommes de terre …
 

La chapelle Fougita : art roman et madones félines

 
Reims est la ville d’adoption du dernier des Montparnos, le peintre Tsugouharu Foujita.
Le dandy zen qui buvait du thé vert avant de rejoindre Picasso, Modigliani et la bohème des Années Folles dans les nuits parisiennes se convertit au christianisme la maturité venue.
Il se fait baptiser dans la cathédrale de Reims à 73 ans avec sa dernière épouse Kimiyo. Nom de baptême : Léonard en hommage au grand Vinci.

Intérêt artistique pour la peinture sacrée et conviction religieuse lui donnent l’idée d’une chapelle.

Construite entre 1965 et 1966, elle se situe dans le quartier du champagne sur une parcelle cédée par Mumm grâce a son ami et parrain René Lalou.

Cette enclave spirituelle dénote dans le paysage champenois.
On se croirait en Normandie.
L’herbe est très verte et le style roman, le plus épuré le plus pur selon le peintre.
Ce n’est que la première surprise pour le visiteur.
Le calvaire représente un Jésus enfant et habillé.
 

L’atmosphère est singulièrement lumineuse avec ses 200 m2 de fresques sur grands fonds blancs, ceux-là même qui ont fait en partie de la réputation de l’artiste.

 

Notre Dame de la Paix célèbre Marie dans un subtil équilibre entre Orient et Occident. On la trouve partout entourée de très nombreuses femmes vêtues comme des madones Renaissance aux yeux de chat. Les anges aussi sont des femmes chose très inhabituelle. Foujita et Lalou y apparaissent comme l’épouse du peintre. “La chapelle Sixtine” de Foujita est aussi le lieu où il a voulu reposer avec Kimiyo.

Foujita a conçu l’ensemble de la décoration de la Chapelle, des fresques, aux statues en passant par les vitraux qui célèbrent la vie et la campagne champenoise.
 

Église d’Asfeld : extravagance baroque

 Autre monument particulier, l’église d’Asfeld à 30 km de Reims.
Edifié XVIIe siècle à l’emplacement de l’ancienne église, ce monument baroque tout en briques rouges et a la forme d’une viole. L’intérieur est aussi extravagant que l’extérieur. La coupole retombe en dix plans, on ne distingue aucune ligne droite mais les colonnes y foisonnent.
Asfeld, village de 1336 habitants, a d’autres atouts : un festival de viole et des voies de randonnées.
 
 
 
Balade verte
 
L’escapade champenoise peut se poursuivre à pied ou à cheval le long des voies vertes et des cours d’eaux pour découvrir les Ardennes.
 
 
 
 

INFO PRATIQUES :

 
Comment y aller ?
 
TVG Est Européen / Paris-Reims entre 45 et 60 mn
 

Où manger  ?

 
 Café du Palais
 

 

En savoir plus ?

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