Andromaque éternelle : mois du théâtre à Versailles
Non, nous ne sommes pas à Troie mais à Versailles, tout près du Château. Pour la 23ème édition du mois Molière, Anne Delbée présente Andromaque dans les Écuries du Roi. Un cadre d’exception qui colle à la grandeur du spectacle.
La dramaturge met en fait deux pièces en scène : Le Misanthrope et Andromaque. »Je n’ai jamais monté Molière, à 71 ans je voulais y toucher … » explique-t-elle « Racine est un poète, Molière est un artiste, un artisan, un homme de théâtre avec une troupe. J’ai toujours désiré être un homme de théâtre. Pour moi, c’est ce qu’il y a de plus grand en ce monde »
Autres explications de ce double choix : Le Misanthrope et Andromaque ont été écrits à la même période, certains vers des deux pièces se répondent et le tragique est présent au coeur même de la comédie à travers le désespoir d’Alceste.
40 ans de costumes et une sculpture géante
Anne Delbée a monté ses shows avec très peu d’argent. Rien n’aurait été possible sans son trésor : 40 ans de costumes de théâtre. Des créations superbes signées notamment par le grand styliste et costumier Christian Lacroix,
Le parti pris scénographique repose sur le dépouillement. Anne Delbée goûte peu les décors. En particulier dans des lieux comme les Écuries de Versailles » Ce serait une hérésie de mettre un décor ici ».
Unique concession, le visage d’Andromaque tombé à terre comme le dernier vestige de la grandeur de Troie. La sculpture a été modelée sur le visage d’Émilie Delbée la fille d’Anne, qui tient le rôle titre.
Dans le Misanthrope, même si Alceste désespère des hommes, veut de retirer dans un désert et songe au suicide, la pièce est drôle. Elle vibre d’un swag féllinien.
Rien de tout cela pour Andromaque. On est dans l’épure déchirée. « Je ne veux faire des pièces pour la rigolade mais des créations qui aident les gens à se tenir debout ».
Andromaque : la guerre d’aujourd’hui, les périls de demain
Pour Anne Delbée, Andromaque est d’une actualité brûlante car elle parle des femmes dans les guerres.
« Andromaque ça pourrait se passer aujourd’hui, ça se passe aujourd’hui. Pyrrhus a saccagé Troie, pris Andromaque en otage avec l’enfant qu’elle a eu d’Hector. Mais, tombé éperdument amoureux de sa prisonnière, il veut être aimé et pardonné. Il la convoque chaque jour en échange d’un peu de temps passé avec son fils. C’est très actuel, on le voit avec la Syrie, on le voit avec toutes les guerres celles d’aujourd’hui comme celles d’hier. Qu’est-ce que c’est que cette haine qui se poursuit entre les hommes et dont les femme sont les premières victimes ».
Fatum ou karma les choses vont empirer selon la dramaturge.
« La violence va arriver. Elle va être de plus en plus présente dans nos sociétés. Les grandes crises sont à venir : démographiques, écologiques, économiques. On va tuer parce qu’on n’a pas été aimé on va tuer parce que l’on n’a pas le dernier IPhone. On va tuer parce que l’on ne sait plus parler. Quand il n’y a plus les mots il n’y a plus que les armes ».
Le mois Molière à Versailles
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