Cité de la dentelle et de la mode de calais : exposition Olivier Theyskens

Cité de la dentelle et de la mode de Calais : exposition Olivier Theyskens

Cité de la dentelle et de mode de Calais : exposition Olivier Theyskens.
L’événement est un hommage aux 10 ans du musée.
Il construit un chemin sensuel et intuitif entre les
créations d’Olivier Theyskens et les fonds humains et muséaux.

Noir, cuir, organza, tulle, pour les 10 ans de la Cité de la dentelle et de la mode de Calais la dentelle se pose sur tout.
L’exposition « In praesentia » qui lui est consacrée évoque de facto une présence. 

Mais la présence de qui, de quoi ?

Avant tout d’une technique manuelle qui n’a aucun équivalent ailleurs qu’en Occident.
Les premières traces remontent au XVe siècle.
La dentelle mécanique, elle, se développe plus tard pendant la révolution industrielle puis gagne le monde.

cite de la dentelle et de la mode de calais : exposition olivier theyskens

Dans les ateliers de la Cité de la mode et de la dentelle de Calais on découvre les corners couture d’époque et les techniques de tissage sur des métiers actionnés par des experts.
Les cartes perforées qui font office de patron rappellent d’ailleurs vaguement celles des premiers ordinateurs.

Autre présence, celle des fonds textiles du musée dont les plus anciennes pièces remontent à 1830.

Last but not  least la présence d’un duo : la commissaires de l’exposition
Lydia Kamitsis et le couturier belge Olivier Theyskens.

« Je voulais éviter le côté galvaudé de la carte blanche » précise la commissaire « Notre choix s’est porté sur « In praesentia » locution
qui s’impose, qui parle sans explication, qui a une forte puissance évocatrice ».

La curatrice souhaitait par ailleurs instaurer une conversation loin des figures muséales imposées. « Une exposition coûte cher et les marques ont de l’argent. On les sollicite, c’est normal ».
La contrepartie est la visibilité et l’auréole du mécène.

Lydia Kamitsis s’est donc plutôt appuyée sur le tissu industriel calaisien uni autour du projet qu’elle a conçu avec Olivier Theyskens ancien head stylist
chez Nina Ricci puis Rochas qui a lancé
ses premières collections au romantisme goth à la fin des années 90.

L’historienne d’art et le « prince gothique » se connaissent.
Elle a orchestré sa première rétrospective en 2017 au MOMU (Musée de la mode) d’Anvers.

Cité de la dentelle et de la mode de calais : exposition Olivier Theyskens

Cité de la dentelle et de la mode de calais : exposition Olivier Theyskens

Le créateur parle d’émotion, de rencontre avec les outils et les textiles dans les fonds muséaux.
« Certaines pièces me rappellent mon travail sur le taffetas »
précise-t-il. « Cette expérience, faite d’heureux hasards, m’a donné de petites clefs pour comprendre et analyser ».

La dentelle tient une place particulière dans l’oeuvre
du styliste.
Enfant, Olvier Theyskens découvre coupons
et rubans dans les greniers familiaux.
Un monde de crinolines aux dentelles évanescentes
se dessine. Monde qu’il revisite et traque.
Chez Rochas il n’a de cesse de retrouver la dentelle Chantilly monogramme de la marque et explore les fonds de Sophie Hallette à Caudry,

18 mois et 11 séquences

Il a fallu 18 mois pour mettre en place l’exposition.

Cité de la dentelle et de la mode de calais : exposition Olivier Theyskens

Elle est composée de séquences : du noir, de la matière, de la traîne, du trompe l’oeil, du biais, de la dentelle, de l’agrafe, du motif, de la maison Rochas, de la nostalgie, du corset.

Le concept : construire un chemin sensuel et intuitif entre les créations d’Olivier Theyskens et les fonds humains et muséaux.
Escabeaux, graphite, outils de travail de la dentelle, les objets tiennent une place aussi importante que les textiles.

Matières et noirceurs – romantisme et légerété

À travers un jeu de lumière particulière, chaque vitrine ou séquence de l’exposition In praesentia met en avant  une  pièce et crée de petits
scénarii avec un objet star et des « seconds rôles ».
Parfois le focus est mis sur une création d’Olivier Theyskens, parfois sur une pièce de collection.
Un ou plusieurs outils d’atelier soulignent l’importance de la technique
et des savoirs humains.

Cité de la dentelle et de la mode de calais : exposition Olivier Theyskens

La première séquence met en scène un ensemble robe, veste et crinoline en soie moirée à côte d’une crinoline en gros de Tours fourmillante
de détails de passementeries jais, velours, dentelle à l’aiguille aux petits points de gaze issue des collections du Musée.
« Le bleu de la crinoline est identique aux premiers
pigments chimiques qu’affectionnait la clientèle de l’époque »
précise le couturier.

Cité de la dentelle et de la mode de calais : exposition Olivier Theyskens

Plus loin changement de décor comme d’atmosphère.
Du bleu on passe au noir.
Le noir équivoque entre deuil et érotisme.
La dentelle ambigüe entre romantisme et sensualité.

Cité de la dentelle et de la mode de calais : exposition Olivier Theyskens

Puis place au Goth à l’état pur.
Un manteau enduit en tafetas et et un autre en astrakan plongent dans les  matières et les noirceurs. Les nuances de noir ne se comptent plus.

Cité de la dentelle et de mode de Calais : exposition Olivier Theyskens l’ange du bizzare

L’ange du bizzare nous attire vers une combinaison tulle stretching brodée de cheveux par le chef perruquier du théâtre de la monnaie à Bruxelles.

olivier theyskens perruque corps
Avec cette « perruque du corps » Olivier Theyskens interroge le corps comme une matière première afin d’atteindre « une vérité primitive » ou un état de « rêverie paradoxale ».

Virage à 90 ° et l’on se trouve face à la vitrine Nina Ricci marque des jeunes filles éthérées.
Une belle endormie que le créateurs a réveillé lors de son passage. « Les quatre silhouettes montrent les qualités de coloriste d’Olivier’ estime Lydia Kamitsis.
Pour la commissaire le côté éthéré rétablit un lien entre le romantisme années 1910 de Poiret et les pièces prêtées par le musée d’Anvers.

olivier theyskens mylene farmer

Ne pas chercher la contradiction ! « Petite robe noire, pièces romantiques, contemporaines, dark, couleur je passe de phase en phase » explique le styliste jongleur qui réalise des costumes de scène (Mylène Farmer,
The Smashing Pumpkins), habille les célébrités, traîne avec les dentelliers historiques de Marco Lagattolla -maestro des dentelles de soie= à Darquer, la vénérable et très historique maison calaisienne créée en 1840.

olivier theyskens robe rochas

olivier theyskens dentelle rochas

« Dans la dentelle l’exploitation du motif est infini. Elle est sous-utilisée ce qui est vraiment dommage » regrette le créateur.

Les très belles déclinaisons et combinaisons présentées
susciteront, on l’espère, un regain d’intérêt voire un noir désir.

 Cité de la dentelle et de la mode de Calais
exposition Olivier Theystens
https://www.cite-dentelle.fr/fr/
15 juin 2019 au 05 janvier 2020

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