Feel Good : partners in branquignol crime

Feel Good :  partners in branquignol crime

Feel good : partners in branquignol crime commence mal.

Fin du chapitre 1. On a le moral polaire, l’impression de lire un reportage sur le quotidien d’une gilet jaune exilée à Paris. Gilet carrément jaune, jaune genre maillot jaune dans l’enfer du Nord. L’espoir en moins.

Chapitre 2 p.128. On a le rire qui jaillit et crapahute dans le bus quand Paul pitche son roman. Quid ? Dans le wagon restaurant d’un Eurostar accidenté et plongé sans le noir, un plasticien qui se rend à Londres pour présenter son exposition sur des foetus de moutons morts flashe sur « une migrante syrienne illégale excisée par un bourreau de Daesh ». La suite est à l’avenant.

Avec « Feel good » Thomas Gunzler s’essaie au … Feel Good, genre littéraire qui a succédé aux « Arlequin » et à la Chick Lit. Un genre qui vous veut du bien parce que vous le méritez bien. Le principe ? Les personnages sont dans une situation « compliquée » au début mais tout s’arrange à la fin grâce souvent à des recettes de développement personnel et une positive attitude qui inverse le karma.

Feel good : partners in branquignol crime

Le karma des personnages est hyper chargé.

Alice -vendeuse de chaussures au chômage de durée persitante a été élevée dans le « tout juste ». Avec sa mère les fins de moins relevaient du jeu d’équilibriste. Aujourd’hui, dans un monde de moins en moins « juste » elle frise l’expulsion et son fils, si beau si gentil, le placement en foyer.
Paul, lui, est un écrivain de zone très grise largué par sa femme et boudé par sa fille. Ses finances se dessinent de plus en plus à l’encre invisible.

Sur Facebook, Alice retrouve la trace que son amie d’enfance qui bien née, bien mariée s’épannouie dans des ashrams himalayens en commentant « Ma vie a commencé le jour où j’ai compris que je n’en avais qu’une » (gros succès rubrique développement personnel).

Trop de décalage social, trop d’urgence.

Alice kidpnappe un bébé devant une crèche chicissime Elle laisse une demande de rançon et une adresse mail sécurisée sur le parebrise de la voiture des pseudo parents.
Aucune réaction.
Seul un certain Paul se manifeste. Il lui suggère une erreur de véhicule puis l’écriture d’un page turner sur l’enlèvement dont le succès les sortira de leur mauvaise passe de vie.
Elle lui réplique braquage culturel et tout part en vrille de plus belle.

Le livre de Thomas Gunzler -auteur belge ultra primé- est une satyre sociale doublée d’une réflexion sur l’écriture et son monde.
C’est aussi un Feel Good dans un Feel Good aux relents de lutte des classes en mutation.
Inventif, il montre des partners in branquignol crime qui bravent, pour survivre, un monde figé dans ses déterminismes et ses conventions anciennes comme nouvelles.

Délectable ! Un régal de la rentrée littéraire.

Feel good
Thomas Gunzig
Édition Au diable vauvert
https://audiable.com/

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