Cent millions d’années et un jour
Cent millions d’années et un jour est un combat contre les blessures de l’enfance, un conte envoûtant à la fin énigmatique entre réel et entre-mondes.
Seriemania ?
Un garçon qui grandit plus vite que sa tête fugue et rencontre une Reine.
Un garçon qui aime les fossiles perd sa fée et part chasser le dragon.
Jean-Baptiste Andrea, auteur de Ma reine, prix Femina des lycéens, fomente-t-il une série pour Netflix ?
On lui demandera lors de la soirée de lancement de la BO de « Cent millions d’années et un jour » son dernier livre.
Une chose est sure : les récurrences sont là.
Le même garçon « à part », le même onirisme, la même figure féminine poétique, la même fuite-quête.
On a failli lâcher « Cent millions d’années et un jour », s’assoupir dans la succession de métaphores trop rondes, trop confortables.
Mais l’histoire de Stan, ce gamin qui grandit dans un village perdu des Pyrénées (Pires Aînés) entre un père violent et une mère magique, ce petit garçon accroché à son amour de la vie dans la pierre agrippe, tire par la manche et par les yeux. On a tenu bon.
Autre tentation de décrochage : le moment où Stan, après la mort de sa mère adorée, tire sur son père. Œdipe à la ferme c’était limite.
On a tenu. Une nouvelle fois. L’atmosphère, la progression narrative jouaient leur rôle de présage d’une ascension.
Et voilà. Gap ou vaste ellipse.
Stan n’a plus ni 6 ans ni 10 mais 52. Il est devenu paléontologie et compte en millions d’années. Sur de faibles indices il réunit une nouvelle famille pour découvrir un dragon (un dinosaure) dormant dans une caverne des hautes Dolomites. S’il le trouve, terminé le travail en sous sol éclairé par des lumières jaunâtres. Place à la gloire, la revanche, la reconnaissance.
L’histoire tourne alors à l’aventure initiatique. On se débarrasse peu à peu des métaphores cotonneuses, on se laisse emporter.
Le récit va crescendo, creuse l’humain, confronte les rêves des hommes à la puissance des éléments, boucle le temps quand Stan se fige sous la glace, refuge utérin.
Le style s’affirme. Il fouille le minéral, bataille avec les maîtres des lieux : le vent, les nuages, la neige, la nuit. Nul doute que Jean-Baptiste Andrea maitrise bien sa prose « météorologique » voire escathologique puisqu’il fait régner sur les cimes une atmosphère de tous les temps et de fin d’un temps.
En bref, « Cent millions d’années et un jour » est un combat contre les blessures de l’enfance, un conte envoûtant à la fin énigmatique entre réel et entre-mondes.
Cent millions d’années et un jour
Jean-Baptiste Andrea
Éditions L’Iconoclaste
https://www.editions-iconoclaste.fr
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