Erwin Wurm philo photographies MEP

Erwin Wurm philo photographies MEP présente une exposition de 200 clichés. Retour sur l’artiste viennois qui invente une sculpture rompant avec les codes et célébrant un Dasein joyeusement cynique.

Certains rêves contrariés tournent à la success story.
Erwin Wurrn (1954-) voulait être peintre. À Vienne, l’équivalent des Beaux-Arts le recale et l’oriente vers la sculpture. Aujourd’hui, l’Autrichien est une figure majeure de la sculpture et de l’art conceptuel. Ses oeuvres occupent les annexes de son château du XII e siècle et les espaces des plus grands musées internationaux. En 2017, il représente son pays à La Biennale de Venise.
Ce succès s’explique par une approche novatrice : casser les codes, appréhender le corps comme objet de sculpture en créant un monde de volume, de forme et de masse. Plus question de sculpture figée, hiératique, sacrée. Contre Adorno, il joue le décalage, l’éphémère, les équilibres improbables.
Le recours aux objets du quotidien, l’art du détournement et de la dérision, le lien entre sculpture et société forgent un style accessible au grand public tout en renvoyant à un background philosophico-existentiel.

La Maison Européenne de la Photographie appréhende l’œuvre du sculpteur à travers le medium photo “en tant qu’expression artistique à part entière” et comme moyen de garder une trace de l’aventure créatrice.

L’exposition rassemble sur deux étages quelques 200 photos réalisées depuis les années 80 et provenant des archives de l’artiste.

Extension du domaine de la sculpture

On rencontre l’iconique Narrow House mémoire d’une maison d’enfance dans la société autrichienne étriquée des années 50-60 et son reflet en creux, la Fat House, qui pointe les dérives de la société de consommation.
Tout se déforme chez Wurm, s’étend, se rétrécit.
Palmers (1997) l’illustre cocassement. L’artiste transforme la commande d’une maison de lingerie en une suite de corps qui se sculptent en vêtements aux formes et matières multiples. Une ode à la distorsion autant qu’une exploration de l’espace qui se retrouve dans 59 Positions. Cette série est très représentative de l’idée du travail de l’artiste sur le corps comme sculpture de chair et sculpteur de graphes textiles.

L’art de la performance

Erwin Wurm est aussi un formidable performer. On sourit devant une photo qui incite à cracher dans la soupe, mettre la tête dans un décolleté comme devant les séries où il baille, passe ses journées au lit afin de se jouer les codes sociaux. Provocateur avéré il nomme une série “How be be politically incorrect”.

Outdoor Sculptures, One Minute Sculptures : sculptures existentielles

Toute performance appelle un public. Wurm le convoque dans Oudoor Sculptures et dans One Minute Sculptures qui le rendent célèbre dans les années 90. Les volontaires, suivant les directives précises, doivent tenir la pose pendant 60 secondes en agrippant des objets du quotidien, de la banane au seau en passant par les balles de tennis ou les vêtements. La Maison Européenne de la Photographie convie d’ailleurs son public à réitérer l’expérience en posant avec des livres de philo sous les bras et entre les jambes. Une position délicate et ridicule qui appelle à réfléchir sur soi-même, sa situation face aux autres ou au monde, au corps dans le monde etc. Bref à réfléchir sur l’existentiel, philosopher avec le sourire (ou avec cynisme).
Il y a une culture du burlesque dans les sculptures photographique comme dans les vidéos.

Le temps de la vidéo burlesque

Des vidéos qui introduisent le temps, le mouvement dans la sculpture.
Celles présentées à la MEP reprennent les thèmes privilégiés de l’artiste. On y retrouve notamment l’idée centrale de sculpture humaine avec la série de photographies Fabio Gets Dressed (1992) où un ami de l’artiste se couvre de vêtements ou bien dans la Car Fat qui grossit infiniment.

L’exposition se conclue vers une réflexion plus sombre sur la vieillesse et la mort à travers les portraits nus ou baroques d’amis mis en abîme avec des Noodles sculptures où l’artiste se coiffe de spaguettis. Les ressorts de l’absurde se combinent à ceux d’un assemblage du réel.

Erwin Wurm invente une sculpture qui rompt avec les codes et célèbre un Dasein joyeusement cynique et burlesque.

Erwin Wurm philo photographies MEP
Erwin Wurm
Photographs
MEP (Maison Européenne de la Photographie)
5/7 rue de Fourcy
75004 Paris
https://www.mep-fr.org/
Jusqu’au 25 octobre 2020

Related articles

Bertille Bak clichés burlesques de la mondialisation https://finelife.tv/fr/2024/02/21/bertille-bak-cliches-burlesques-de-la-mondialisation/

Bien Être Libre Chamarande
https://finelife.tv/fr/2020/09/07/ben-etre-libre-chamarande/

Expo Carolyn Drake met les mâles à poil  https://finelife.tv/fr/2023/09/30/expo-carolyn-drake-met-les-males-a-poil/

Expo Carolyn Drake met les mâles à poil