Baskets : le défi du durable
Baskets : le défi du durable .Emblèmes d’une génération, les baskets sont partout. Problème : ses symboles du cool, du street et du sport riment souvent avec déforestation, pollutions diverses et mauvaises pratiques. Alors les marques investissent de plus en plus le durable. Cuir vegan, ananas ou raisin, bouteilles recyclées … Comment trouver sneaker à son pied ? Tour d’horizon.
En ligne ou dans les stands de fast fashion comme ceux de la gare Saint Lazare, on trouve des baskets de 5 à 15 E. Pas vraiment classes, proches du fashion clash elles partent pourtant comme des petits pains. Et oui le prix, l’appel irrésistible de la bonne affaire. Se faire plaisir en ne culpabilisant pas côté carte bleue. « Allez c’est le prix d’un sandwich » harangue une vendeuse.
Mais l’engouement pour la basket ne se limite pas à la mode jetable. Il se retrouve à tous les niveaux : des grandes marques aux collections de fashion designers et de people.
Avec une tendance durable qui s’affirme.
Ainsi la Cite des vins de Bordeaux a choisi une basket en raisin pour habiller les pieds de ses employés. De même le salon professionnel Who’s Next a choisi deux jeunes créateurs de baskets durables pour sa collaboration avec Ulule.
La basket c’est comme le jean : standard ou griffé chacun en a une paire. On le constate à travers les chiffres
La basket en chiffres
Selon la Fédération française de la chaussure (FFC) une chaussure vendue dur deux est désormais une basket.
En 2018 la Sneaker représentait 47 % du marché de la chaussure à travers le monde. Ce marché avoisine 10 milliards d’euros
Entre 2007 et 2018 la vente de Sneakers a augmenté de 5 % chaque année. Dans l’Hexagone la demande de basket a grimpé de 50 % en 5 ans. Dans le même temps les ballerines ou les escarpins chez les femmes ont reculé de 5 %.
Ces six dernières années près de 160 marques on investi le marché de la basket. Ce segment représente 1/5 du marché total des souliers de luxe.
Les motivations des acheteurs sont respectivement : l’esthétique (60 %), le prix )53 %), la marque (33 %), le côté éthique (13 % ),le made in France (12 %).
Baskets : espoirs et défis du durable
Éthique et proximité ne figurent donc pas en tête des déclencheurs d’achat.
Ce qui tombe plus bien.
Les chaussures donc les baskets figurent parmi les mauvaises élèves de l’environnement.
Cuir : déforestation, pollutions chimiques, coût humain
En 2013 l’association Envol Vert fait le buzz en lançant la campagne : le cuir ça tanne. L’association avançait que l’essentiel des peaux servant à l’industrie du cuir venait d’Amazonie. Là où l’élevage est responsable de 80 % de la déforestation.
Les ONG condamnent également l’utilisation du cuir pour sa grande consommation d’eau et les dégâts des tanneries. Le tannage, activité ancestrale, requiert du chrome, du cadmium, ou encore de l’aluminium pour les teintures. Des produits très toxiques qui se déversent dans les rivières d’Inde ou du Bangladesh. La toxicité touche autant les fleuves que les ouvrier(e)s. Au coût humain s’ajoute celui de la souffrance animale selon les associations de défense des animaux comme PETA.
Les industriels du cuir se défendent en mettant en avant leurs efforts en matière de traçabilité et de bonnes pratiques.
Des progrès ont été faits en matière de teinture en utilisant des minéraux naturels. Un coup additionnel qui se reporte sur le prix des produits.
Le cuir vegan : matières plastiques recyclées mal recyclables ?
Afin d’épargner les animaux on peut se tourner vers le cuir vegan. Nathalie Portman a d’ailleurs créé une ligne de chaussures vegan. Depuis sa création Stella Cartney banni le cuir animal.
Problème: le terme leather vegan frôle l’usurpation puisque le terme cuir est un terme déposé et encadré par décret depuis 2010. De plus le vegan leather est composé de matières pas vraiment écologiques. Des matières plastiques (polyester, PVC ou polyuréthane) issues d’une industrie pétrochimique aux forages impactants et très energivore.
Les marques sont conscientes de l’effet aux supers pouvoirs négatifs du terme plastique en matière de communication. Résultat : elles s’adaptent.
Adidas s’est engagée à passer entièrement au plastique recyclé d’ici 2024. Pour l’instant elle possède une collection capsule de baskets fabriqués en partenariat avec Parley for the Oceans. L’organisme milite pour une prise de conscience de l’impact destructeur du plastique sur l’environnement.
baskets et bouteilles
De son côté la marque française Corail utilise des bouteilles recyclées pour produire ses sneakers Les bouteilles proviennent de la Mer Méditerranée. Réduites en granules, elles sont ensuite travaillées afin de créer une paire composée à 100% de polyester recyclé. Corail n’est pas la seule entreprise à utiliser cette technique. Les lacets des sneakers UBAC sont par exemple réalisés de cette manière.
Idem pour Vivace, sélectionnée par le salon de mode professionnel WSN/Who ´s Next. La marque communique sur le design, le no animal crualty de PETA mais surtout sur le recyclage des bouteilles plastiques. Sur la plate-forme de crowdfunding Ulule on peut lire « Saviez-vous que nous déversions 8 millions de tonnes de plastiques chaque année dans nos océans ? Qu’en 2020, 1 chaussure sur 2 produites dans le monde était une basket. Soit 15 millions de paires. Cela en fait un incontournable de nos gardes robe mais aussi un des produits les plus polluants de l’industrie de la modo » Afin de limiter la pollution Vivace promet : une paire de baskets = 12 bouteilles recyclées vérification Seaqual à l’appui.
Autre exemple : Ector qui utilise une technique de tricotage de chaussures à partir de fil en PET (polytéréphtalate d’éthylène) provenant de bouteilles d’eau recyclées.
« En France, ce sont 360 millions de paires de chaussures qui sont consommées chaque année sans être recyclées » s’indigne Patrick Maingue sur son site «Pourquoi ne pas utiliser la technologie pour pouvoir réutiliser les déchets et les réduire en gardant des coûts abordables et surtout, en faisant un produit fashion qui respecte l’environnement ? » Voilà il fait booster la tech surtout si elle est Green.
Si les marques de cuir vegan Insistent sur le caractère recyclable (en partie) et éthique de leurs chaussures la plupart des baskets en simili cuir sont issues de la Fast fashion. Quid alors de du traçage et du recyclage ? Fast fashion ou pas la filière de recyclage des objets fait à partir de bouteilles de plastique recyclées ou de plastique tout court reste à améliorer. Les processus de de désassemblage sont complexes. D’une part car une paire de baskets peut comprendre des polymères et d’autres matières. D’autre part parce que les étapes de confection donc de de-confection d’une basket sont nombreuses.
Baskets végétales : le salut ?
Et si on passait au végétal ? Ananas, coton bio, lait d’hévéa, lin, maïs, pomme, raisin, peau de poisson …. les nouvelles textures semblent présenter tous les avantages.
Dans ce registre, en France, Veja (regard en portugais) fait figure de grand ancêtre. La société est lancée en 20O4 par deux anciens auditeurs de multinationales, François-Ghislain Morillion et Sébastien Kopp. Leurs valeurs : commerce équitable, droits de l’homme, respect de la biodiversité, transparence. Leur première création est une basket en coton biologique issue de l’Agroecologie, de caoutchouc d’Amazonie. Le tout fabriqué au Brésil et distribué via une association de réinsertion. Bref ils cochent toutes les cases. Un sans faute qui se traduit en success story. Veja n’arrête pas d’innover : peau de poisson, lait caillé, toile au lustre cuir. Veja c’est un peu les Daft Punk de la mode.
Il y a en effet comme un air de French touch dans le monde de la basket.
Outre Veja et Ector, Allbirds lâche la bride à son imagination tout en surveillant son impact sur la planète et les hommes. En cinq ans l’entreprisse a créé des baskets en laine de mérinos puis en fibres d’eucalyptus. Sa semelle en mousse de sucre durable est en open source et la marque surveille son impact carbone en s’auto taxant.
Les matières naturelles ont le vent en poupe. Le créneau attirent les jeunes entreprises et le public « 0n dit qu’acheter, c’est voter ! C’est au consommateur de faire bouger les lignes en choisissant la marque et les valeurs auxquelles il a envie d’adhérer » estime Laure Babin fondatrice de Zeta « Je suis ravie de voir que les lignes bougent et qu’une véritable prise de conscience collective est en train d’opérer »
À l’occasion de la Journée mondiale du recyclage, la Cité du Vin de Bordeaux à annoncé son partenariat abec Zeta sa marque de cuir de raisin . « Ce sont des déchets viticoles qui sont réutilisés pour la fabrication d’une nouvelle matière » precise-t-elle.
Le cuir végétal est -il le salut ? À voir ! La durabilité pose question.
« Le cuir végétal ne peut pas prétendre à la même longévité que le cuir animal, qui lui est naturellement résistant et se patine avec le temps » admet Laure Babin « En revanche, nos baskets ont été conçues (et testées !) pour durer le plus longtemps possible : c’est aussi ça, la mode responsable ». Une mode moins consommatrice peut-être aussi « Est-il toujours nécessaires d’avoir le dernier modèle ? » s’interroge Veja.
Bonne question qui renvoie à un fondamental de la mode old fashion ?
ALLER PLUS LOIN
Fédération française de la chaussure https://www.chaussuredefrance.com/sites/fr/index.html
Veja https://www.veja-store.com/fr_fr/
Zeta https://www.zeta-shoes.com
Parley for the Oceans https://www.parley.tv/#fortheoceans
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