Napoléon expo La Villette : une épopée historique, intime très instagrammable
Napoléon expo La Villette : une épopée historique, intime très instagrammable. Un parcours chronologique organisé en atmosphères, bourré de multimédia et d’objets puissamment évocateurs restitue le chemin d’un homme exceptionnel et clivant dont notre société subit encore l’influence.
Napoléon à La Villette pour le bicentenaire de la mort du corse conquérant ! D’emblée on imagine un assaut de dates, de chiffres et de batailles, une charge d’art historique, un rappel aux lois.
On imagine mal !
Une scénographie qui joue sur les atmosphères et le multimédia
« La scénographie divise l’espace en neuf atmosphères» précise le co-commissaire de l’exposition Arthur Chevallier « L’objectif est d’éviter la saturation de données, de créer une proximité, une intimité (avec le personnage et son histoire). Pour cela nous avons eu recours aux couleurs qui délimitent les espaces. Qui leur donnent une identité et un cachet. Nous avons aussi beaucoup utilisé le multimédia afin d’ aider notamment à la la compréhension des batailles et des objets « .
Le parcours suit un ordre chronologique. Il va de la naissance de futur empereur en 1769 à Ajaccio à son décès en 1821 à Saint-Helene. Découpé en neuf temps, l’itinérance reflète le destin de l’homme, du guerrier stratège, du politique et du législateur. Ces moments parlent aussi de l’homme, de ses passions et de ses goûts artistiques.
Neuf temps et un focus sur l’esclavage
Plus précisément, l’exposition s’articule autour des années d’apprentissage au collège militaire de Brienne; des campagnes d’Italie et d’Égypte; du coup du coup d’état du 18 Brumaire et du Consulat; de l’avènement de l’empire; de Napoléon en chef de guerre: de Napoléon et l’Europe; du déclin de l’empire avec la campagne d’Espagne puis de Russie; des 100 jours et de la chute définitive de l’empereur déchu après la bataille de Waterloo.
Oui la liste frise le repas de famille obligatoire et indigeste. Mais non ! On respire dans de larges espaces entre les corners au demeurant très pédagogiques. On peut même chiller devant certaines installations : la sacré par David, la robe de Joséphine, fashionista européenne …
Esclavage : retour sur l’abolition par la Convention
En collaboration avec la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage qui a pensé l’espace dédié, l’exposition présente un court-métrage d’animation réalisé par Mathieu Glissant et une vidéo de l’historien Marcel Dorigny. À travers ces document on revient sur l’abolition de l’esclavage par la Convention en 1794 puis son rétablissement en 1802.
Élément déclencheur : la paix d’Amiens entre la France et l’Angleterre. Cette dernière restitue à la France certaines colonies comme la Martinique. Dans ses territoires sous coupe anglaise, l’esclavage n’a jamais été aboli. Les colons font alors pression pour son maintien en Martinique, à Tobago à île Maurice, à la Réunion. Napoléon cède sur le maintien et rétablit également l’esclavage en Guadeloupe.
À côté de Delgrès et Ignace, les officiers antillais résistants, l’exposition revient sur la figure de Toussaint Louverture. Napoléon se méfie de ce général noir charismatique. De Saint-Domingue (Haïti), l’ancien esclave ose défier le pouvoir central de Bonaparte qui le fait déporter dans le Doubs où il meurt sans procès le 7 avril 1803.
Le code civil et la mise sous tutelle des femmes
Outre l’esclavage, l’exposition met en exergue les incohérences, les erreurs, la tentation d’autocratique. Les restrictions des droits accordés aux femmes auraient méritées un espace équivalent à celui de l’esclavage.
Le thème est simplement abordé dans un entretien filmé. C’est pourtant un retour majeur sur les acquis de la révolution française. L’article 213 du code civil de 1804 stipule que : « Le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari ». De fait. la femme est traité comme une mineure a vie. Pire, l’article 324 du code pénal de 1810 « excuse » le meurtre par le mari d’une femme adultère en cas de « flagrant délit dans la maison conjugale. Le divorce est maintenu en cas d’adultère de l’époux au domicile conjugale. Dans lecas des femmes c’est plus compliqué.
La force des atmosphères, des objets, des animations
Dès l’entrée l’instinct de l’Instagrammeur s’éveille. Un léger mouvement de tête sur la gauche et c’est une vue transversale sur l’exposition qui se révèle. Au centre, dressé, sur un socle, un tapis rouge déroule à ses pieds, Bonaparte main dans la redingote et bicorne sur la tête prend la pause.
Un film d’animation contextualise l’époque : révolution française et coalition des monarchies contre la République en 1793 après la Terreur. Ce film introduit également la famille du futur empereur. Une grande famille. Napoléon est le deuxième fils d’une fratrie de huit enfants. Plus tard il mettra ses frères et sœurs à la tête d’une Europe conquise. Les
Arrive ensuite le corner « années de jeunesse/ années de formation ». Napoléon part à 10 ans pour rejoindre la formation réservée au gentilshommes de la petite noblesse. À l’école militaire de Brienne il passe des années difficiles moqué par ses camarades auxquels il rétorque vertement. On dit qu’il y a forgé son caractère indépendant, autoritaire et extrêmement énergique psychologiquement difficiles.
On remarque dans la vitrine des livres et une boussole. Un symbole ? Toujours garder le cap ?
Campagne d’Italie et d’Égypte : force d’évocation des tableaux et des objets force d’explication des animations
Campagne d’Italie
Promu general a 24 ans Napoléon va s’illustrer dans la campagne d’Italie. Un tableau illustre la bataille d’Alcone. Sur un pont on distingue des milliers de baïonnettes. Elles semblent aussi fragiles que de frêles allumettes. De fait, le jeune général ne partait pas gagnant. Mais malgré la mauvaise préparation des troupes et le manque d’équipement, la campagne d’Italie (1793) sera une victoire qui marquera le début de la légende napoléonienne.
Arnachement Mamelouk / campagne d’Egypte
Le tableau montre également un déchaînement de violence, de forces, de mouvements dans une nature apparemment impassible. Cette impression se retrouve dans un autre tableau, celui qui illustre un épisode de la campagne d’Égypte (1798) : la bataille des muralistes. Entre des palmiers imperturbables, un imbroglio de chevaux, d’hommes, de matériels.
Une carte animée permet de comprendre le déroulement de la campagne et de suivre l’échec militaire.
Échec militaire, la campagne d’Egypte se révèle un eldorado our les scientifiques. Les savants « embedded » rapportent croquis et objets. C’est le début de l’égyptomanie. Dans les vitrines on remarque un trompette derrière son chameau, un harnachement de Mamelouk.
Cette vague égyptienne se retrouve plus tard à la cour napoléonienne.
Napoléon et le Consulat 1799-1804 : les règles de la République
Napoléon Le Premier consul guerrier et législateur / David
De retour de Égypte, Napoléon déjoue la tentative de putsch des royalistes dit du 18 Brumaire. Le Consulat remplace le Directoire. Et le Premier consul se nomme Napoléon. Les tableaux de Gros et de David immortalisent la gloire napoléonienne. Tant législatrice que guerrière.
Pendant le Consulat, Napoléon met en place les instituons et les lois qui régissent encore la France. Citons la banque de France, le corps préfectoral le Code civil, la Légion d’honneur, les lycée ou le conseil d’État. On peut admirer une Légion d’honneur tout en aigles et médaillons d’or.
Très réformateurs, le code est aussi marquée par des mesures régressive comme la restauration de l’esclavage ou la remise en question de l’égalité homme femme.
Le sacre de 1804: salle du trône et tableau géant
Napoléon empereur / tableau de Gérard / capture d’écran
En 2 décembre 1804, Napoléon est sacré empereur dans la cathédrale Notre-Dame-de Paris en présence du pape Pie VII.
La reconstitution animée du tableau géant de David permet de décrypter la puissance de l’empereur. Si beaucoup relève du protocole de couronnement des rois, on remarque bien sûr Napoléon couronnant Joséphine telle la république en personne couronnant son impératrice.
La salle du trône sous sa tente de velours rouge impérial reconstitue la majesté recherchée et affichée du couple. L’installation magistrale représente l’exemple type d’atmosphère voulue par les commissaires pour ancrer le public dans l’épopée napoléonienne. Deux tableaux de Napoléon et de Joséphine en tenue d’empereur et de impératrice encadrent un trône d’or.
Un couple glamour
Joséphine en manteau d’apparat / capture d’écran
L’exposition joue le Glam en présentant un sublime manteau de cour de Joséphine, une berline du marriage avec Marie-Louise, le berceau de l’aiglon, Lou Doillon récitant dans les escaliers du Grand palais les lettres d’amour éperdu de Napoléon à Joséphine .
Berline du marriage de Napoléon et Joséphine
Un autre corner ou Period Room montre combien la cour a su exploiter la veine des savoirs faire royaux et exporter le luxe et l’art de vivre à la française à travers l’Europe. Avec Joséphine comme ambassadrice de la mode.
Les commissaires ont également ambiancé Napoléon et les femmes. Les légitimes : Joséphine de Bauharnais et Marie-Therese fille de l’empereur d’Autriche. Et les autres. Dont la comtesse polonaise Marie Walewska représentée par un tableau de François Gérard. Napoléon et Marie Welewska auront un fils : Alexandre. Un nom d’empereur bien entendu.
L’Europe et les batailles
Napoléon et les les batailles européennes
L’exposition retrace les batailles mythiques que Napoléon mène à travers l’Europe. Austerlitz en 1805, Iéna en 1806, Friedland en 1807, Wagram en 1809.
Afin der faire comprendre campagnes, batailles et nouveautés stratégiques, la scénographie a recours à des maquettes, des cartes animés, des tableaux, des films.
Et ça marche.
Le film d’Abel Gance hypnotise ! La présence du bivouac de l’empereur signé du tapissier Poussin insuffle un parfum de vécu. Comme les canons et leurs tirs.
Mais l’ambiance se dégrade. il faut toujours plus d’hommes pour nourrir l’armée. Une armée constituée essentiellement de conscrits. Alors le peuple commence à chercher des astuces pour contourner cette conscription explique un film illustré par des images d’époque.
Bivouac de l’empereur
L’armée a dans cesse besoin d’hommes et les pertes sont grandes. Selon les historiens, l’essentiel des morts est dû aux mauvaises conditions d’hygiène et au manque de soins.
Napoléon a toujours été perçu comme un general proche de ces hommes, de ses grognards. Avait-il conscience des souffrances de ses troupes ? À la bataille d’Eylau (1807 Nord de la Prusse), la neige était couverte de sang. Napoléon a été bouleversé commente l’un des historiens.
Le déclin et la chute
Campagne de Russie des soldats sans horizon
Un tableau crie la douleur, la solitude, le sentiment l’abandon des soldats. C’est Épisode de la campagne de Russie de E. Gédé d’après Henri Félix Emmanuel Philippoteau. À terre, deux soldats perdus de l’empire en miettes regardent dans le voir un horizon vide. L’impression de désolation est totale.
Napoléon perdra tout dans la campagne de Russie dec1812. Il abdique en 1814 après avoir combattu sur le sol national la coalition formée par les Prussiens, les Autrichiens et les Russes. Après un exil d’un an sur l’Ile f’Elbe, il tente de détrôner Louis XVIII qui l’a remplacé. Le désastre de Waterloo mettra fin à la tentative de reconquête. Napoléon meurt en 1821 à Sainte-Hélène
Napoléon exil à l’Ile d’Elbe
La reconstitution animée de la bataille de Waterloo est à mettre en miroir avec la statue assise de l’empereur et son masque mortuaire. Deux créations puissantes signées Francesco Antommarchi. L’exposition s’achève dans une saisissante atmosphère fantomatique.
Masque mortuaire de Napoléon
Napoléon
Grande Halle de La Villette
du 28 mai au 19 décembre 2021
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