Henri Cartier-Bresson Le Grand Jeu BnF : 5 regards sur l’Oeil du siècle

Henri Cartier-Bresson Le Grand Jeu BnF : 5 regards sur l’Oeil du siècle .En collaboration avec la Pinault Collection les 385 « meilleures photos » du maestro entre réalisme et surréalisme.


Non Le Grand Jeu n’est pas l’adaptation muséale du film de Peter Cattaneo (The Full Monty 1997) où des chômeurs anglais décident de monter un spectacle de strip-tease pour sortir de leur vie sinistrée.

Mais on y retrouve cette veine humaniste au réalisme social.
Le Grand Jeu ou la « Master Collection » est une sélection des « meilleures photographies » de Henri Cartier-Bresson dit l’oeil du siècle. Une sélection de 385 clichés effectuée par le maestro en 1973. Tirée en 6 exemplaires, elle est répartie à travers le monde dans des lieux « stratégiques » au yeux du street photographe. La collection Menil à Houston, la BnF à Paris, le Victoria et Albert Muséum à Londres, l’Université des Arts à Osaka, la Fondation Henri Cartier-Bresson et la Pinault Collection à Paris. Le Jeu fait aussi référence au hasard, élément clef du surréalisme que le photographe a intégré à son approche du monde.

La BnF a demandé à 5 commissaires de « s’approprier » une cinquantaine de photos parmi les 385 du Grand Jeu. Cinq regards sur l’Oeil du siècle.
François Pinault, collectionneur, Annie Leibovitz, photographe, Javier Cercas, écrivain, Wim Wenders, réalisateur et Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la photographie de la BnF on eu carte blanche. Un libre choix sur le choix des couleurs des cimaises, des lumières, de la scénographie …

Jeu de cadres



L’exposition s’ouvre sur un panneau géant affichant la master collection sous forme de planche contact. La scénographie générale semble reprendre l’aspect crénelé des architectures de certaines photos. « L’objectif était de suggérer l’idée de jeu avec des cadrages multiples » rectifie-t-on côté BnF. Autour de cette entrée forum, cinq pavillons tout en arcades abritent le regard des commissaires.

Épure en blanc pour François Pinault. Sur un mur des clichés de « la France éternelle », celle des bistrots, des cours de ferme, des déjeuners sur l’herbe … Le temps de l’enfance du milliardaire. En face une série de portraits de personnalités vieillissantes avec l’écrivain Paul Léautaud qui regarde toues ses vies en perspective. « C’est l’incarnation de la sensibilité de François Pinault face à l’âge et à mort » commente Matthieu Humery le commissaire général.


Un jeu de 10 photos récurrentes


L’exposition ne suit aucun ordre. Alors on passe au feeling d’un monde à un autre. On peut aussi jouer à retrouver les photos récurrentes. Une dizaine au total. Dont un portrait de voyeurs, un homme assoupi dans un café, un ouvrier retrouvant sa famille à l’écluse de Bougival (78), un duo de chapeau. Des clichés très actuels également comme ce trompettiste afro-américain et sa femme qui ressemble à Kate Moss ou un Truman Capote jeune dont le look passerait dans un look book fashion vintage. Des intensités aussi : portrait de Beckett qui regarde à l’intérieur.


Photos tarots


C’est l’une des sélection de Wim Wenders. Univers noir de plateau de cinéma pour le réalisateur qui explique dans un film son regard sur le regard de Cartier-Bresson. Il tire les photos comme des tarots qui diraient l’histoire d’une époque. Une invitation aussi à embrasser le monde et le regard sur le monde. Idée saisie dans le portrait de femmes de dos ouvrant leur mains vers un paysage d’Égypte.


Henri Cartier-Bresson, photographe à Magnum, a « couvert » avec son Leica la guerre d’Espagne, la Chine de Mao, la nouvelle ère de l’Est … Autant d’éclats de vie, de justesses instantanées. Dans le film Win Wenders revient sur « l’instant décisif » qui consiste à « découvrir un ordre (…) dans le magma du réel ».

L’essentiel est hors cadre


L’écrivain Javier Cercas cherche peut-être un ordre dans la guerre d’Espagne dont il diffuse les courts-métrages pris par le photographe. « Il interprète l’univers de ses auteurs phare » précise Matthieu Humery. Et projette ceux de ses livres. Javier Cercas s’intéresse par ailleurs au cadrage qui crée l’impression que l’essentiel semble se trouver en dehors de la photo.

Pour la photographe Annie Leibovitz il s’agit de restituer l’ambiance chambre noire et planche contact. Au début de « son » exposition elle rappelle comment elle a trahi Cartier-Bresson en le shootant à son insu. La maestro refusait tout cliché de lui afin de pouvoir continuer son travail incognito. Une autre époque !

Enfin Sylvie Aubenas donne le regard « officiel » dans un espace de photos encadrées. Légendes et affiches rappellent « les grands principes qui ont forgé l’oeuvre photographique ».


Henri Cartier-Bresson Le Grand Jeu
BnF /François Mitterrand
Quai François Mauriac
Paris 75013
Du 13 avril au 22 août 2021
https://www.bnf.fr/fr


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Entrée de l’exposition Henri Cartier-Bresson Le Grand

espace Wim Wenders
Paul Léautaud regard sur l’âge et la mort
Samuel Beckett un regard intérieur
Les voyeurs / Henri Cartier-Bresson


Invitation à regarder
Des clichés tres actuels