Au-delà du rêve : expo aborigènes au Havre
Au-delà du rêve : expo aborigènes au Havre. Trois manifestations qui célèbrent la puissance de l’art autochtone australien dans le cadre d’Australia Now.
L’abbaye de Graville, chef-d’œuvre de l’art roman, saisit instantanément par son atmosphère chargée d’histoire et de spiritualité. Une magie renforcée par la puissance des oeuvres cinétiques et des objets autochtones exposés.
L’ancien ermitage propose en effet deux manifestations : Kulata Tjula et l’art de Papunya.
Kulata Tjula : des lances symbole du combat pour la culture
La première résulte d’un partenariat avec l’APY Art Centre Collective.
Kulata Tjula signifie « beaucoup de lances ». Les lances symbolisent le combat que mènent les Aborigènes des terres APY pour transmettre leurs culture aux jeunes générations.
Il y a quelques lances à L »Abbaye de Graville mais suite à un problème technique l’ensemble ne peut pas être présenté. L’ensemble, ce sont 250 lances auparavant dévoilées à Rennes. Elles côtoyaient une sphère éclairée de l’intérieur.
Ici à l’abbaye de Graville, les pièces cohabitent avec des portraits et des peintures.
Sur la pierre de l’édifice roman, les oeuvres aborigènes déploient toute leur force cinétique. Un magnétisme qui résulte d’une technique très poussée de superpositions de couches. L’attraction vient également d’une impression de message, d’indication de chemin.
L’art de Papunya : la mythologie aborigène version contemporaine
Ce qui se vérifie dans le seconde exposition : l’art de Papunya. Papunya est une petite ville située en plein désert à 250 km d’Alice Springs. Dans les années 70, un instituteur, Goeffrey Bardon, a poussé les Aborigènes a peindre dans leur propre style. La peinture autochtone contemporaine est née de cette incitation. Et aussi de négociations avec les Aînés pour décider de ce qui pouvait ou non être montré. L’art devint ainsi un jeu entre le montré et le caché, le secret. Cet art était aussi un moyen de survivre en utilisant l’intérêt des Occidentaux férus de peinture autochtone. Dévoiler quelques secrets en contrepartie d’une protection artistique.
La collection de l’Ambassade d’Australie présentée ici comprend 14 pièces.
Des grands formats. Aux murs et au sol.
Le fil conducteur est la mythologie aborigène : le Temps du rêve. À la fois cartographie et récit des origines par les grands Ancêtres.
Les motifs traditionnels racontent le Temps du rêve de manière symbolique.
Initialement les oeuvres utilisaient une palette de teintes « terre ». Mais dans l’Abbaye on découvre des acryliques aux tons très flashy. La lumière intensifie l’intériorité. Sur des fonds pointillistes on distingue avec plus d’attention des chemins. Des trajets parmi les couches de peinture. C’est la cartographie du pays, la pérégrination des Grands Ancêtres.
Les écorces peintes de la Terre d’Arnhem
Dans un autre musée d’histoire, l’Hôtel du Bocage de Bléville, la ville du Havre installe une autre exposition. Les écorces peintes de la Terre d’Arnhem, une terre tropicale au nord de l’Australie.
C’est un anthropologue, Baldwin Spencer, qui serait à l’origine de la première collection de peintures d’écorces en 1912. Il fit école et dans les années 60, ces peintures accédèrent au statut d’oeuvres d’art.
Dans les années 50 cette peinture constituait la base de la culture picturale. Les Aborigènes ont également rédigé une pétition sur écorce pour se défendre contre un projet minier.
Les écorces proviennent de l’eucalyptus tetrodonta. Découpées, aplanies, poncées, elles sont ensuite peintes avec des pigments naturels. L’ocre domine.
Liées à la terre, les peintures sont par conséquent arrimées au Dreaming, à la mythologie du Rêve.
Les motifs s’inspirent des peintures rupestres de la région. Certaines ont plus de 28 000 ans. On distingue des poissons, du gibier et des êtres spirituels anthropomorphiques.
Les personnages « Mimih » aux allures de créatures passées aux rayon X comptent parmi les plus connus. Organes vitaux, squelettes, sont révélés par la peinture. Effet bluffant et performance technique.
Autre exemple de maîtrise du geste et de l’outil : le « rarrk » (partie couverte de hachures). Une peinture en croisillons réalisée à partir de brindilles et de cheveux humains. Proche de la peinture corporelle, la texture du rarrk évoque la puissance ancestrale.
Abbaye de Graville
https://www.lehavre.fr/annuaire/abbaye-de-graville
Hôtel du Bocage de Bléville
https://www.lehavre.fr/annuaire/hotel-dubocage-de-bleville-musee
Jusqu’au 17 novembre 2021
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