L’Escadron noir roman western sur la guerre de Sécession

L’Escadron noir roman western sur la guerre de Sécession . Une plongée littéraire dans la prairie des pionniers servie par des personnages complexes et une intrique amoureuse qui évoquent Autant en emporte le vent. Le western comme vous le l’avez jamais lu.

Imaginez Rhett Butler qui aime Scarlett O’Hara qui aime Rhett Butler et Ashley Wilkes qui aime Scarlett O’Hara et est aimé de Mélanie Hamilton. L’Escadron noir joue cette quadrature amoureuse en la transposant au Kansas. L’auteur dresse alors le portrait d’un État qui se construit. Un récit aussi vivant que documenté. On découvre dans le livre le progrès en marche. Avec le rail bien entendu mais aussi l’art de vivre chez les notables : Table, vêtements, mobilier compris. L’escadron noir peint le progrès, la conquête de l’Ouest mais également les ratés de l’épopée. Près du fleuve Missouri, de part et d’autre de le frontière, vivent les ultra miséreux. Prostitués, bateliers, tout un peuple de la fange à la Dickens sauce Zola. W.R Burnett se réclamait d’ailleurs de l’écrivain français citant aussi Flaubert.

W.R Burnett situe l’intrigue aux prémisses de la guerre de Sécession. Mais il introduit 50 nuances ou presque entre abolitionniste, esclavagistes et leurs bandits partisans. Il y a par exemple les free soilers opposés à l’esclavage mais seulement dans les nouveaux territoires. Parmi les combattants irréguliers on trouve les Red Legs et les Jayhawkers bandits qui sévissaient dans le Kansas et le Missouri avant et pendant la guerre civile. Il affichaient des thèses anti-esclavagistes contrairement aux bandes rivales des Bushwackers.

Si Atlanta ne ne brûle pas c’est Provost, ville phare du Kansas, qui est saccagée par ces hordes de guérilleros tandis que Mary, l’héroïne, bascule entre deux hommes et deux « pays ».

Des personnages forts et complexes

Mary McCloud évoque Scarlett avec ses yeux clairs aux cils noirs retournés, son caractère versatile mais bien trempé, son énergie et son indépendance. Une transgresseuse de codes sociaux mue initialement par l’ennui et le romantisme. Une Ema Bovary qui prendrait son destin en main.

Mary est éprise d’un Polk Cantrell aux yeux pâles et aux cheveux de jais qui fait aussi figure de wall crusher. Si Rhett Butler ne combat pas et s’enrichit de manière trouble mais pacifique pendant la guerre de Sécession, Cartell défend ses intérêts de façon sanglante. Colts et sabre au clair dans des chevauchées écarlates ou de perfides guets-apens. Flamboyant avec son large chapeau et ses tresses d’or. Abolitionniste quand il travaille à devenir maître de Provost, ville prospère du Kansas. Traître, meurtrier et chef de guérilleros esclavagistes quand la cité se donne à un notable. La violence est une vengeance radicale.

Face à lui Johnny Seton, employé de banque amoureux fou de Mary. Gauche, effacé, il s’affirme au fil du récit pour finir combattant et notable. Johnny comme Polk voue aux animaux un respect et un amour rares dans les westerns. Mais quand l’un peut tuer si l’on malmène un chien l’autre, plus doux, ménage ses cheveux et pleure ses animaux morts. Johnny s’avère aussi conteur, poète des grands espaces aux mots pesés at aux phrases concises.

La prairie : paysage, guerre, frontière

L’escadron noir de W.R Burnett fait de la prairie un personnage à part entière ou presque. D’abord il y a la poésie. Les vapeurs violettes, les ondulations sous un ciel d’or brut, l’air sec comme le plomb ou encore la chaleur aussi dense que l’ambre emprisonnant une mouche. La prairie et les cris sinistres des cocottes, ses lièvres aux queues noirs, les chouettes et les chauves-souris qui, la nuit, chassent et rodent autour des voyageurs.

La prairie c’est ensuite l’image de la conquête et de la nouvelle frontière. « Les chariots avaient été rassemblées, les bêtes attachées, et de la fumée montait des feux allumés pour préparer le dîner. La Grande Plaine déserte s’étendait de tous côtés jusqu’à l’horizon (…) la prairie ne connaissait pas de frontières et ignorait toute forme de territoire ». Les colons que Johnny rejoint quand il quitte l’Ohio pour rejoindre Mary ne bravent pas les Indiens, décimés par l’Armée, mais l’inconnu. Ce qui n’a pas été nommé et reste encore sauvage.

Et la frontière que Johnny Seton va rencontrer est celle du Nord contre le Sud. La guerre civile larvée puis officielle dans le « bloody Kansas ».

À retenir : la collection L’Ouest, Le Vrai

L’escadron noir fait partie de la collection L’Ouest, Le Vrai créée par le réalisateur Bertrand Tavernier. Elle met à l’honneur des auteurs de western car le genre avant d’être à écran était dans les livres. William Riley Burnett auteur de romans noirs est aussi l’un des plus illustres représentants de cette littérature. Il a d’ailleurs reçu en 1980 le Grand Prix des Mystery Writers, The Edgar, réservé aux plus talentueux noms du genre.

L’Escadron noir

W.R Burnett

Éditions Actes Sud https://www.actes-sud.fr/

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