La maison de verre de Lydia Millet

La maison de verre de Lydia Millet .Ou De l’espoir et autres créatures ailées, un récit au titre énigmatique qui questionne masculinité, nature et amitié. On suit avec bonheur Gil, le solitaire largué, et ses nouveaux voisins dans une Arizona peuplée de drôles d’oiseaux.

Lydia Millet s’est distinguée en 2020 avec « Nous vivions dans un pays d’été » qui a figuré parmi les 10 livres de l’année du New York Times. Avec un nouveau roman au titre énigmatique « De l’espoir et autres créatures ailées », l’autrice américaine reprend ses mottos : environnement, communautés, vivre ensemble. Le questionnement sur la masculinité comme sur la solitude occupe une large partie de ce récit qui approche le monde comme un éco système où l’entraide est vitale.

Solitude et testostérone : un regard sur la masculinité

Gil est très brutalement abandonné par sa compagne. Une rupture humiliante qui bouscule un homme sans ambition ni méga ego. En effet le New-Yorkais dispose d’un héritage qui lui permet de ne pas travailler pour faire carrière. Que faire alors de son temps ? Se consacrer à des oeuvres caritatives. Gil est un grand donateur discret qui n’aime pas les paillettes. Bref un homme à part avec une (non) démarche singulière qui ne rentre pas dans les canons traditionnels de la masculinité. Gil ne fait pas dans les bouffées de testostérone. Son choix de vie comme son caractère l’éloignent des normes et l’enferment dans une bulle de solitude.

Le sédentaire urbain décide alors de quitter la Grosse Pomme pour les aridités arizoniennes. À pied ! Cinq mois de marche quand même ! Lors de ce périple qui étonne, il temporise son « exploit » et rentre les muscles. Car non ce n’est pas exceptionnel et, avec un choix de trajet qui suit les grands axes, c’est même plutôt ennuyeux. L’art de ne pas remettre en avant.

En Arizona le randonneur improvisé achète une demeure aux allures de château qui contraste avec la maison de verre design de ses voisins. Dans ce décor de magazine déco vit une famille modèle. De fait les parents magnifiques se fondraient parfaitement dans une luxueuse revue. C’est le bunker de la solitude et de l’anticonformisme en face du rêve américain. Lydia Millet va jouer du contraste entre Gil l’effacé, riche « chômeur » et le beau et très affairé Ted. L’autrice joue d’ailleurs à faire cohabiter hommes « fragiles » et « dominants ». Des regards reflets de stéréotypes aussi trompeurs que les mirages du désert.

La maison de verre : observatoire des hommes et de la nature

En Arizona Gil passe son temps dans la nature au milieu de multiples créatures dont il regarde les vies sur une terre frappée par le manque d’eau et gagnée par le désert. Il observe l’environnement comme la famille de « la maison de verre » avec laquelle il sympathise.

Cette maison ouverte va révéler fragilités et secrets de famille.

Lydia Millet structure « De l’espoir et autres créatures ailées » en chapitres aux noms d’oiseau. De caille à buse en passant par colibris. C’est notamment la buse qui va mener Gil à mettre un nouvel ordre dans la communauté. Une communauté peuplée d’Américains moyens ou CSP + qui se lâchent et se fâchent pendant les barbecues. Un peu convenu certes mais décrit avec piquant. Le livre est par ailleurs émaillé de portraits touchants : du bénévole fan d’ornithologie à la grande gueule entraîneur de basket.

La maison de verre ou « De l’espoir et autres créatures ailées » étonne, émeut, amuse, ouvre des perpectives et fait du bien. Joli programme !

INFOS

De l’espoir et autres créatures ailées

Lydia Millet

Éditions Les Escales https://lesescales.fr

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