L’anniversaire sans fin d’Emma Straub

L’anniversaire sans fin d’Emma Straub joue sur les conséquences de nos choix en nous plongeant dans un livre de « science fiction in the city ». Bienvenue dans les mondes parallèles de Manhattan entre Alice au pays des merveilles et l’éternel jour de la marmotte. Rendez-vous demain même heure ? À voir …

Le jour de ses 40 ans Alice Stern reçoit un cadeau : une photo d’anniversaire de ses 16 ans. Peut-être son meilleur souvenir. Tout allait bien alors. Elle profitait à fond de son adolescence. Tout était ouvert. Tout était possible. Seul regret : ne pas avoir croqué Tommy, son crush.

Aujourd’hui en revanche les choses stagnent, l’existence est un éternel présent terne. Emma travaille dans son ancienne école huppée. Piètre accomplissement professionnel. Son père, Léonard, avec qui elle entretient toujours une relation fusionnelle, va mourir. Elle vient par ailleurs de décliner une proposition de mariage. Et voilà Tommy qui réapparait pour inscrire son fils à l’école.

Après la soirée d’anniversaire avec Sam, sa meilleure amie, Alice s’endort près de la maison où elle a grandi. Quand elle se réveille, c’est au pays des merveilles de son BDay. En 1996.

Voyages dans le temps

Alice va faire des dizaines d’allers-retours entre ce jour solaire et le présent ou bien encore une vie parallèle avec Tom. Tout dépend de ses choix. Tout dépend des inflexions, des mots et des attitudes. Ainsi c’est parce qu’elle attire Tommy sous la couette et lui soutire une promesse qu’elle se réveille dans une vie où sa maison est une demeure sublime, habitée par deux adorables bambins et par un Tommy toujours aussi séduisant. Mais se sent-elle à sa place ? Est-ce vraiment ce qu’elle désire ? Un sentiment proche de l’étrange familiarité la hante. Ce foyer si proche, si désiré n’est pas le sien.

Autre inflexion qu’Alice veut donner aux choses : la santé de son père. Elle lui suggère une meilleure hygiène : du sport, pas de tabac et une alimentation saine. Mais rien n’y fait. Léonard est toujours malade comme usé, rongé par un temps qui se serait accéléré, par de multiples vies. La seule chose qui change est un livre. Leonard était l’auteur d’un unique best-seller …. de science fiction. Dans les vies parrallèles d’Alice, il publie en revanche un autre roman qui raconte … ce qu’elle vit, à savoir ses voyages dans l’espace temps. Autre succès de librairie ! Et l’occasion d’ailleurs de réviser nos connaissances sur les portails spatio-temporels, la dilation ou la contraction des vies dans l’espace-temps (liste no exhaustive).

Voyages dans les émotions

Lors de l’éternel retour de son anniversaire Alice va revivre une multitude de sensations. Se réveiller dans le corps d’une ado. Se découvrir un visage de madone. Ou encore renouer avec le réconfort d’une chambre en bordel, l’exaltation des amitiés adolescentes, les fringues des 90es …

Ensuite il y a, comme dans « Un jour sans fin », le film culte d’Harold Ramis avec Bill Murray et Andie MacDowell (1993), un jeu avec l’éternel retour du même moyennant quelques variations provoquées. Goûter toutes les glaces possibles, toutes les versions de pizzas et hot dogs, se balader encore et encore dans le Manhattan des années 90, s’imprégner de la ville …

Demain même heure, best seller du New York Times, a la douceur aigre douce du temps qui passe et nous renvoie à notre finitude qui prend curieusement un goût de feel good. Même si hélas on reste sur sa faim en matière d’originalité. Rien non plus de vraiment excitant côté « philosophie de la vie ». Bref un récit de vacances à lire pour se détendre.

INFOS

Demain même heure

Emma Straub

Éditions Les Escales https://lesescales.fr

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