Expo : street art et affects artistiques au Palais de Tokyo
Expo : street art et affects artistiques au Palais de Tokyo. La morsure des Termites et les Mountaincutters boulottent la part du lion de cette programmation qui recèle des pépites comme les installations cosmogoniques de Marie-Claire Messouma Manlanbien.
Le Palais de Tokyo s’adapte au changement climatique. Pendant la canicule tardive de ce mois de septembre il fait bon d’écarter de la verrière et s’enfoncer dans les sous-sols du bâtiment. On y découvre une mise en scène fourmilière où se déploient les œuvres de Laura Lamiel, des Mountaincutters et du collectif de street art La morsure des termites.
Laura Lamiel, Mountaincutters, La morsure des termites : le Palais de Tokyo s’enterre
« L’ensemble est placé sous le signe du Faire. Nous présentons quatre expositions, trois monographies d’artistes et un collectif » explique Guillaume Désanges président du palais de Tokyo.
Laura Lamiel : fantasmes sonores ?
Première installation souterraine : Laura Lamiel.
« Une artiste littéraire qui résiste au langage comme aux classifications et déploie ici une installation globale » estime le commissaire Yoann Gourmel. De fait, Laura Lamiel joue avec les bris de verre et les livres comme avec les matières.
Ses manteaux de coton rappellent à la fois la mue et le soin à travers la gaze qui entoure les écorchures. Il se crée un dialogue scénographique avec l’installation faite de bris de verre qui évoque le danger.
Danger qui est également suggéré par le vert, l’une des couleurs du parcours. Quid du titre « Vous les entendez » ? Oui en effet qui ou quoi entendons-nous? Les voix (intérieures) ou bien le bruit des termites qui creusent les fondations ? Peut-être aussi les lucioles en référence à Francis Ponge suggère le commissaire. Ambiance hantée. Fantasme sonores ? Peut-être. Affect artistique, certainement.
Mountaincutters corps et espaces affectés
Affecté par le changement climatique le duo de sculpteurs (trice) Mountaincutters ? Sans doute puisque leur nom renvoie directement à la montagne et aux chocs (cut) subis. Mais aussi parce que les artistes travaillent toujours en relation avec l’espace où ils interviennent. Le Palais de Tokyo ayant été impacté par les chaleurs de 2022, le process de création prend tout son sens. Résultat, des œuvres qui privilégient le cuivre conducteur de chaleur comme le laiton et intègrent parfois des thermomètres.
Le duo s’attache par ailleurs à « présencialiser » les corps. Des corps affectés. Notamment ceux des personnes à mobilité réduite. On croise ainsi des prothèses. Plus loin un parterre d’os, un poisson qui s’appuie sur un trépied, un fémur Neandertal. Un film montre l’attaque d’un guêpe contre un abeille. Choc des corps de nouveau.
La morsure des termites
Toujours dans les profondeurs du Palais de Tokyo, une porte ouvre sur l’exposition du collectif La morsure des termites. Au total 64 artistes réunis sous l’étiquette de Vandalisme positif. Une exposition dans l’exposition avec une scénographie qui multiplie les recoins et les enclaves de bois. On se perd dans ce foisonnement. Retenons toutefois deux pieds impressionnants. Peut-être des pieds de géant prêts à envoyer valser la fourmilière.
La poésie artisanale et cosmogonique de Marie-Claire Messouma Manlanbien
À l’entrée « aérienne » du Palais de Tokyo, Le Faire accueille avec un geste qui tombe du plafond au sol, s’étend sur plusieurs mètres et pèse de solides kilos. C’est une tenture où dansent la terre, le ciel, la mer, éléments stylisés de la culture créole et plus particulièrement ivoirienne. Une commande de la ville de Montrouge à la créatrice Marie-Claire Messouma Manlanbien. « La pratique artisanale de l’artiste fait cohabiter les cultures dans un syncrétisme formel, cousant littéralement les unes aux autres des références spirituelles, symboliques, végétales et humaines » explique sa commissaire, Daria de Bauvais.
De fait cette exposition est la plus vibrante, celle où le geste créatif palpite. Le Faire est ici transdisciplinaire : sculpture, peinture, objets augmentés, maps (cartes instaurant un dialogue entre supports). Répondant au mystérieux nom de « L’Être, l’Autre et l’Entre », le parcours entrelace les êtres et l’environnement, les temps, les traces, les croyances.
Des cosmogonie et des constellations se croisent. Des têtes de crocodiles se dessinent avec plus loin des cheveux humains évoquant la magie et les forces spirituelles.
On s’attarde en particulier sur l’œuvre Take Care. Une sorte d’autel de soins où domine le cuivre. On distingue également de la céramique, des pierres précieuses et des plantes médicinales comme l’eucalyptus ou encore le vétiver offertes parfois dans des coupes. L’artiste intrique des sphères, des nœuds référence à la mythologie matriarcale Akan, mais aussi aux savoirs. Des éléments qui évoquent des organes humains renvoient à une maternité poétique.
INFOS
Expositions Laura Lamiel, Mountaincutters, la Morsure de termites, Marie-Claire Messouma Manlanbien
Palais de Tokyo jusqu’au 17 septembre
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