Parcours Bijoux joaillerie écolo à l’Institut suédois

Parcours Bijoux joaillerie écolo à l’Institut suédois. Avec l’exposition Woodland, six designeuses alertent sur l’exploitation forestière à travers des créations originales et précieuses qui aiguisent le regard et frappent l’imaginaire comme des broches champignons, des colliers biodiversité, des bagues sans fin ou presque.

D’emblée Woodland recadre les choses. Il faut oublier l’image d’une Suède ultra vertueuse en matière d’environnement. La foret ancestrale ne représente plus que 8% du territoire. Elle a été remplacée par des monocultures plus ou moins homologuées FCP (exploitation durable). Résultat, un lourd impact en matière de biodiversité et une prolifération de « nuisibles » qui attaque le bois.

Dans le cadre de Parcours Bijoux 2023, l’exposition explore le thème de la forêt autant comme une ressource matérielle esthétique que comme un espace symbolique. Elle met également en lumière la préciosité des matières naturelles et les sublime à travers le travail de six créatrices.

Åsa Elmstam : mini troncs d’arbres et billet de bois

Åsa Elmstam pose des pièces cuivrées sur de petits troncs d’arbres afin d’alerter sur la marchandisation des forêts. Au mur, un objet en forme de billet de bois et formé de différentes essences incarne ce pillage.

La créatrice montre aussi un collier fait d’argent et de branches de platane tombées après le passage d’une tempête et un autre composé des mêmes matières mais aussi de pierres et de corde. Les noms des bijoux parlent d’eux-mêmes Rewalding d’une part, We are nature de l’autre.

Therese Johansson et les broches champignons

Ensuite place au royaume des champignons de Therese Johansson. Un dialogue entre bois et argent, une exploration de l’organique. Les champignons campés sur leur pieds constituent d’imposantes silhouettes. Se pose alors la question de la portabilité du bijoux. Oui, il est effectivement portable quand on détache le chapeau du pied. Therese Johansson travaille le cœur du bois, principalement du bouleau, ainsi que ses formes et ses dessins naturels. Elle adapte la technique aux matériaux (patine au vinaigre ou au feu). L’arrière de la création est sculpté conformément à tradition joaillière et à la dimension intime du bijou.

Lena Lindahl : colliers biodiversité

Cette particularité se retrouve chez Lena Lindahl. Ses broches en écorce de bouleau recouverte d’une feuille d’or ont la forme d’un scarabée. La créatrice « surligne » les dommages infligés par l’insecte au bois. Les bijoux écorce rappellent que la monoculture de bouleau destinée notamment à la construction de meubles favorise l’invasion des ravageurs.

Au mur un spectaculaire collier de 23 m composé de petites boules de dizaines d’essences menacées renvoie, comme le billet de bois de Åsa Elmstam et les champignons de Therese Johansson, à la question de la portabilité.

Lena Lindahl a par ailleurs imaginé des « colliers de diversité ». Mousse, bois ramassé, cuir de poisson, poils de lapin recyclés, pierre labrodorite.

Catarina Hällzon : bijoux sobriété

Catarina Hällzon travaille en pleine nature dans son atelier proche de Stockholm. Elle chasse et pêche le nécessaire rien de plus. Côté création, elle reprend les techniques de son grand-père pour les objets utilitaires comme les sacs ou les paniers faits de différentes essences. Outre le métal laminé, elle utilise des racines et de la peau de poisson pour réaliser des broches et des colliers.

Sofia Bankeström : objets obscurs

Sofia Bankeström fait revivre les peurs ancestrales de la forêt. Avant qu’elle ne devienne un terrain de jeu pour le tourisme ou le survivialisme et un puits d’or pour l’exploitation des ressources forestières. Quand elle était encore le repère des esprits, des animaux magiques et des rôdeurs. Ses objets sombres aux multiples nuances de noirs, un peu à la Soulages, font vibrer cet imaginaire inquiétant de conte de fées. La forêt est le symbole des métamorphoses et des dualités. Sofia Bankeström en joue à travers des œuvres travaillées à la mine graphite et au vernis en référence à Marx Ernst. La base : des déchets de pommier récoltés après une tempête. On discerne au dos des bijoux sculptures la blessure des arbres.

Petronella Eriksson : bagues sans limites

Petronella Eriksson tord et étend ses bagues et ses bracelets. Résultat : des bijoux « sans limites » qui questionne le début et la fin d’une parure. Interrogation récurrente comme le rapport à l’intimité et à la portabilité. Comme le lien au paraître aussi évidemment. Pour la créatrice le bijou n’est pas complet tant qu’il n’a pas été porté. Outre les bagues en argent, elle compose des œuvres faites de tout ce qu’elle glane dans la forêt, des bijoux eco-système.

INFOS

Woodland – Institut suédois

11 rue Payenne Paris 75003

Jusqu’au 14 octobre

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