Sélection Beaux Livres Surréalité George Byrne

Sélection Beaux Livres Surréalité George Byrne .Le photographe américain montre clichés et photo assemblages où Los Angeles a des allures de ghost town acidulée peuplée de paysages faits de lignes architecturales composant des tableaux abstraits. Sublime !

Une humanité en filigrane

Les photos de George Byrne touchent immédiatement par leur familiarité étrange, un rien inquiétante par une proximité distante, leur parfum un rien désincarné. C’est un peu de l’hyperréalisme rêvé. Les couleurs sont souvent pastels mais dans les cadrages ces teintes douces, rassurantes deviennent acides par le sentiment de flottement qu’elles génèrent. Comme dans Melrose avenue où des ballons flottent dans le ciel gris doux sans raison. Tout se passe hors cadre. Où sont les enfants, où est la fête ? Ou dans Chinatow où un homme minuscule marche devant un immeuble rose vide. Sans parler des piscines qui ressemblent à des bonbons sans gourmands. Une bouée rose flotte, seule, désertée, sur un bleu lagon dans Hotel pool. L’architecture règne. L’humain est secondaire voire absent. Que fait cette ombre humaine au milieu des lignes impeccables et des teintes guimauves de Blue Garage ?

L’art du décalage

Chaque cliché est un tableau à l’esthétique léchée qui souligne par moments des incohérences dans l’ultra cohérence. Notamment Bus Depot où trois indicateurs de circulation, intrinsèquement symboles de logique, renvoient à une logique alternative. Un panneau stop, un feu vert, une flèche vers le stop. À la fois une immersion dans l’espace urbain et une ouverture vers quelque chose de décalé.

La nature comme l’homme est simplement invitée dans la ville. Cliché ambigu d’un palmier blanc à côté d’un palmier vert. Ombre d’un palmier dans Carpark Hollywood bd, solitude d’un autre dans Gas station Melrose. Parfois la nature cohabite, discrète, en arrière plan ou au contraire est partie prenante de la vie urbaine comme dans East Hollywood où un palmier semble accompagné un feu de circulation. Mais voilà une nouvelle interrogation. Le feu indique vert, la permission, la circulation. Mais d’aller où ? Car le palmier, lui, indique le ciel pale. Celui peut-être depuis lequel George Byrne a découvert la Californie et ses paysages urbains à l’origine du livre.

Ce livre où beaucoup de clichés évoquent des Mondrian de la West Cost ou parfois des détails en macro des piscines de Hockney semblent révéler l’intérieur à partir d’un extérieur urbain.

Paysages rêvés

Three panels Palm Springs 2021

« J’ai utilisé une myriade d’appareils photo pour prendre des dizaines de clichés de L.A et de ses environs (…). Ma volonté est que ce livre montre l’évolution de mes photographies. J’ai toujours été intéressé par la photographie urbaine, mais c’est à Los Angeles, quand j’ai commencé à photographier en couleur et à expérimenter la manipulation et l’assemblage, que j’ai senti que j’étais capable de faire quelque chose de très expressif ou d’original avec elle. Les images que je réalise, bien que basées sur la réalité, en sont en même temps très éloignées. Ce sont des paysages rêvés ». Rêvés et avec la vision d’un monde où l’espoir demeure selon le photographe.

Monolith Palm Springs 2021

INFOS

Surréalité

George Byrne

Éditions du Chêne

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