Marie Hammer la femme qui a reconstitué le monde

Marie Hammer la femme qui a reconstitué le monde .Dans son livre au titre énigmatique Eva Tind rend un hommage poétique et trépidant à la scientifique danoise qui a voué sa vie aux êtres invisibles des sous-bois et navigué, entre microcosme et macrocosme, aux quatre coins du monde.

Maria Signe Hammer recherche Google. Un résultat Wikipédia en anglais et quelques références à ses travaux. Nouvelle recherche avec Maria Signe Hammer female scientists. Rien dans l’article du Smithsonian Institute avec lequel elle a pourtant collaboré. Rien non plus dans le classement BBC science des 22 femmes pionnières. Ni d’ailleurs dans celui du Britannica. Certes Marie Hammer n’a pas reçu deux prix Nobel comme Marie Curie. Elle est aussi moins “people” qu’Ada Lovelace, fille de lord Byron et première programmeuse informatique. Mais elle est, dans son domaine, au moins aussi aventurière que sa compatriote, la sismologue Inge Lehmann qui a découvert le corps solide de la terre.

En effet Marie Hammer (1907–2002) a soigneusement exploré l’invisible, le microcosme, à savoir les acariens des sous-bois. Sa quête : confirmer une hypothèse macrocosmique : la tectonique des plaques, la dérive des continents

C’est cette odyssée que raconte Eva Tind. Une épopée sous forme de récit historique fictionné, de biographie romancée qui plonge dans la vie de la femme et de la scientifique en lui rendant hommage.

Une vie de passion et de désirs

Eva Tind livre un récit chronologique. Il débute donc dans la Ferme aux loups où Marie vit avec ses sœurs dont sa jumelle Aase. Une vie dominée par le travail physique et l’étude. Dans une nature dont il est ardu de tirer sa pitance mais qui se révèle aussi merveilleuse. Une vie qui se poursuit par des études de sciences naturelles à Copenhague. Dans un milieu très masculin. Puis Eva Lind retrace les voyages de la zoologiste en Islande, au Groenland avec l’expédition de Knud Rasmussen ensuite au Canada, en Amérique du Sud et jusqu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Toujours à la recherche des acariens, ces petits êtres invisibles, de plus en plus pour vérifier l’hypothèse d’Alfred Wegener sur la dérive des continents.

L’autrice décrit une scientifique consciencieuse et passionnée qui doit évidemment concilier ses obligations d’épouse et de mère et son métier. Pas évident au début du XIXe siècle. Comme voyager seule. Et vivre de ses recherches sans enseigner. C’est le mari de la scientifique qui assure le quotidien.

Mais Eva Tind s’attache aussi à livrer le portrait d’une femme habitée par ses désirs. Par les élans d’un corps qui parfois l’emportent. Très loin de l’image de la sage scientifique. D’ailleurs Marie Hammer, du moins sous la plume d’Eva Lind, surveille son physique, en joue parfois en évitant toute frivolité.

Récit poétique entre documentaire et fiction

Dans le récit des voyages comme dans celui du quotidien de la chercheuse la nature est présente. Avec parfois une touche de féérie. L’écrivaine met du merveilleux dans les yeux de la scientifique. Quand elle “rêve” de celui qui sera le crush de sa vie. Quand elle “vit” les manifestations de l’environnement. Face à un lever de soleil “un oiseau dans sa poitrine cherche à sortir”. Ou ” Les paroles d’Hélène virevoltent dans son corps comme des chauves-souris agitées”.

Eva Tind s’est inspirée des carnets, des travaux, de l’autobiographie de Marie Hammer ainsi que d’entretiens avec ses enfants et de rencontres avec des scientifiques. Le résultat est une fiction réussie qui éclaire sur le parcours d’une femme pionnière dans sa vie comme dans la science.

INFOS

La femme qui a reconstitué le monde

Eva Tind

Éditions Gallimard

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