IMCAS tendances beauté IA et fake injectors

IMCAS tendances beauté IA et fake injectors .Pour son 25e anniversaire, le Congrès mondial de médecine et de chirurgie esthétique s’est penché sur les nouveaux défis : intelligence artificielle, fake injectors, éthique. Il a d’autre part fait le bilan des dernières innovations en matière de médecine régénérative et de sciences liées au vieillissement cutané.

Intelligence artificielle : médecin augmenté ou chef d’orchestre ?

Pour le Dr Benjamin Ascher, fondateur de l’IMCAS, l’IA est un atout. Les capteurs et les datas issus de l’IA permettent une plus grande sécurité. Par exemple lors d’une intervention sur le visage car ils identifient notamment plus précisément les vaisseaux sanguins. L’IA facilite par ailleurs les taches de gestion. En bref l’IA fournit des outils ultra performants qui facilitent et faciliteront de plus en plus les diagnostics et les pratiques.

Face à tous les bénéfices procurés par l’IA Benjamin Ascher s’interroge cependant. “Le médecin restera-t-il acteur du geste médical ou occupera-t-il une place de chef d’orchestre ?”. Car le robot dermatologique devrait apparaitre plus performant que le médecin tant en matière de geste que de diagnostic. Un exemple : un champ de vision plus large donc offrant une précision du geste plus grande.

Dans son innovation sharp, l’IMCAS avait présenté en 2020 un robot injecteur, le LENA ((Light Enabled Neuro-robotic Arm). Cette machine se présente sous la forme d’un bras robotisé de dernière génération capable d’effectuer entre autres des injections de toxine botulique. Quid si le patient/e bouge ?

Cette année la même société, NextMotion, faisait sa promo à l’IMCAS avec une sorte de cabine miroir où visiteurs et médecins découvraient leur visage disséqué en 3D avec des petites flèches indiquant les zones où intervenir. Le laboratoire parle de “dissection anatomique afin de pouvoir visualiser n’importe quelle structure” ainsi que les “zones de danger”. Le visiteur est inviter à s’éduquer. On renoue alors avec la tradition d’étude d’écorchés. À ceci près que l’écorché c’est … soi-même. Là où l’on vise la beauté, pas éternelle mais plus longue et magnifiée, on frôle paradoxalement la vanité du crane : memento mori.

Éthique et intelligence artificielle

Les machines aident : chatbots pour les FAQ, applications de suivi de traitement de face skinning, soins automatisés sur mesure etc). Mais le Dr Benjamin Ascher insiste sur leur encadrement éthique. Concrètement il s’agit d’intervenir avec le consentement éclairé du patient, de verrouiller la protection des données sensibles et de surveiller les algorithmes.

Le risque zéro n’existant pas, le piratage de données n’est évidemment pas à écarter. Le piratage de Centre hospitalier de Corbeil-Essonnes est encore dans les esprit.

Quant à la gestion des algorithmes si l’on sait qu’ils flattent la partie la plus sombre de l’homme et que les ingénieurs peinent à cerner leur fonctionnement profond, on s’interroge, ici comme ailleurs, sur leur manipulation vertueuse.

Fake injectors et médecins racoleurs

L’encadrement éthique ne se limite pas à l’IA. Le Dr Sébastien Garson, directeur scientifique de l’IMCAS, est intervenu sur le thème des fake injectors. Une pratique dangereuse qui consiste pour des non médecins à injecter des produits peu chers et très peu sûrs. L’objectif ici est de se conformer à une image : celle des influenceuses et celle des filtres. “Un moyen de gagner très bien sa vie sans faire d’études” estime le Dr Sébastien Garson.

La profession est vent debout contre ces non professionnels qui bradent les actes et peuvent briser des vies. Kiné, coiffeurs, esthéticiennes, dentiste, instagrameuse … Une contestation qui a conduit 200 chirurgiens plasticiens du Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique (SNCPRE) a publier une tribune dans le Parisien le 23 mars 2023. Objectif : l’ interdiction de la vente libre d’acide hyaluronique. Les complications vont de nécroses de la lèvre supérieure ou du nez à la cécité en passant par des septicémies. La cause : l’absence de maitrise du geste et des produits contaminés. “On ferme un compte et deux mois après le prescripteur en ouvre un autre sous un faux nom” s’indigne le Dr Benjamin Ascher.

Mais le Dr Sébastien Garson appelle aussi les médecins à résister aux sirènes des réseaux sociaux. “Face aux labo et aux médias pushy, le médecin doit vérifier les conséquences du produit qui fait le buzz, qui promet de transformer le patient en Barbie ou en Ken”. Il alerte par ailleurs sur le racolage en ligne des praticiens. “Fait-on de la médecine ou du commerce?”. Il convient de revenir aux bonnes pratiques et aux bonnes questions. Notamment “expliquer les limites de ce qui est réalisable, ne pas démultiplier séances et injections”.

Convergence des critères de beauté Europe-Asie

Autre temps fort de cette édition 2024 de l’IMCAS, l’intervention de Dr Atchima Suwantchida. La dermatologue a comparé les schémas esthétiques en Europe et en Asie. En Europe la demande la plus forte se focalise sur l’anti-âge. En Asie en revanche, les patientes plébiscitent la blancheur et la peau zéro défaut. Particulièrement en Corée du Sud, pays de la K-pop. Ensuite l’ovale parfait, le petit nez, les grands yeux, les doubles paupières.

Après l’épidémie de Covid19 la dermatologique a néanmoins constaté un augmentation nette de l’exigence en matière de sécurité, de bien-être et de naturel chez les patient(e)s asiatiques.

Quant à la convergence Est-Ouest, la praticienne pointe l’augmentation de traitements personnalisés et peu invasifs. “Par exemple, le micro Botox est devenu un traitement global sans presque aucune complication”. Elle souligne l’intérêt pour la gynécologie esthétique et le tweakment, les traitements préventifs ainsi que la médecine régénérative.

Comme en Europe les réseaux sociaux jouent les prescripteurs. C’est le face zoom. Les femmes asiatiques, comme les européennes, réclament des lèvres plus pulpeuses et des pommettes plus présentes.

Le Dr Atchima Suwantchida a par ailleurs pointé des dérives. Quand les médecins deviennent influenceurs ils contribuent à une croissance de la demande médecine – chirurgie esthétiques.

Tendances anti-âge et médecine régénérative : PRP, exosomes …

Pour mémoire, la médecine régénérative consiste à “restaurer les tissus endommagés en utilisant des tissus non altérés provenant du propre corps du patient”. Elle trouve sa source dans les lipoaspirations des années 80. En effet “l’utilisation des tissus adipeux prélevés a conduit à des traitements ciblés révélant progressivement la présence de cellules souches dérivés des adipocytes. Ces cellules ont le pouvoir remarquable de restaurer les fonctions manquantes dans divers organes et localisations anatomiques”.

Parmi les ramifications, le PRP (plasma riche en plaquette) améliore la qualité des tissus. Il est néanmoins interdit en France. “La France est encore traumatisée par le scandale du sang contaminé” estime le Dr Sébastien Garson. En Europe les usages varient.

Le Dr Alexis Verpaele parle de la graisse comme d’un trésor pour restaurer les volumes. Mais si les nanofat sont très prometteuses elles se heurtent à des défis. En premier lieu l’enrichissement en cellules régénératives.

Autre piste de régénération : les exosomes “des messagers intercellulaires”, des “petites sphères qui contiennent du RN et envoient des messages aux cellules souches “. Mais l’utilisation des exosomes provenant des foetus pose des questions éthiques. Leur injection est ainsi interdit aux États-Unis. Comme en France. Reste l’option des exosomes végétales ou animales dans des cosmétiques donc hors cadre médical.

Les produits de comblement bio-sitimulants (beauté régénérative), alliés aux exosomes – là où la loi le permet- et aux home devices seraient très prometteurs.

La radio fréquence (HIFEM) entre également dans le panoplie de la médecine régénérative.

Régénération faciale : les tendances


Le Dr Sébastien Garson reprenant le Dr Alexis Verpaele a enfin pointé les principales tendances en matière de régénération faciale. Le lifting vertical, le haemostastic net (pose de fils lors d’un lifting dans le cas de peaux épaisses et d’une couche graisseuse notamment pour les phototypes brésiliens), le lipofilling, le restauration peri-bucal (lip shape et lip lift), le neck lift, le microneedling associé aux cellules souches.

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