Beau livre photo Venise vue d’en haut

Beau livre photo Venise vue d’en haut . Riccardo Roiter Rigoli photographie la Sérénissime et sa lagune dans un vol à travers les siècles qui rend hommage à un paysage unique.

Pendant cinq ans, Riccardo Roiter Rigoli a survolé régulièrement Venise et sa lagune. Certes l’hélicoptère ce n’est très écolo. D’autres envoient des drones. Il faudrait peut-être penser à des nacelles. Mais le résultat est un reportage photo qui trouve sa source au 16 e siècle et magnifie un patrimoine inscrit en 1987 sur la liste de l’Unesco.

« En 1 500 Jacopo de’Barbari l’avait imaginé dans son intégralité pour son extraordinaire chef-d’œuvre : la célèbre gravure sur bois Venise, à vol d’oiseau (…). À bien y réfléchir, pendant plus d’un millénaire, seuls les mouettes et les pigeons ont eu le privilège d’admirer Venise et sa lagune depuis le ciel. Mais, depuis un siècle, cette expérience, spirituellement enrichissante, qui procure des sensations incroyables et fournit une nouvelle clé de lecture, nous est également offerte à nous, humains ».

Venise vue d’en haut p.6

Depuis le ciel Jacopo de’Barbari cherche à capter l’intemporalité de Torcello, la mosaïque des maisons bariolées de Murano et surtout la spécificité des îles. « La vue d’ensemble fait comprendre que les îles ne sont pas des mondes en soi, mais des parties d’un tout : des planètes et des satellites de la même galaxie qui assurent à l’unisson cet équilibre fragile mais parfait qui fait de ce lieu un endroit fantastique » écrit Debora Gusson en charge des textes.

Le livre est divisé est une trentaine de lieux qui résonnent dans l’imaginaire collectif. Les titres sont attirants. Ainsi Murano : l’état solide de la lumière – le verre artistique le plus célèbre du monde. Ou bien Burano – l’île la plus colorée du monde. Ou encore Venise – la cité intemporelle. Mais il y a aussi des focus plus modernes. Santa Cristina – un projet écodurable ou San Giorgio Maggiore – l’île du conclave et du G7. Sans oublier les vignobles et des spots de mystères. Citons La Cura et l’île-ossuaire de Sant’Ariano et Poveglia – des siècles d’histoire et de légendes de fantômes.

Îles de méditation et de défense

Loin des clichés d’un Venise assiégée par le surtourisme, le livre s’attarde sur des lieux qui semblent désertés. Une illusion bien entendu.

Ainsi San Francisco del Deserto, un ermitage dans la lagune (image de couverture). Les photos montrent un couvent avec ses jardins, ses prés, entouré de cyprès et bordé par la lagune. Personne, sauf deux petits bateaux. En plan large des voiliers, des dégradés de vert, de bleu et de terre. Les frontières entre les éléments sont mouvantes tandis que le mélange des éléments dessine de sinueux paysages lacustres.

Les sinuosités de la lagune se retrouvant autour de Crevan. Ici il est plutôt question de défense que de méditation. Au début du 19 e siècle des batteries y ont été installées. L’île a connu plusieurs modifications (construction de fortins) au fil des occupations. Aujourd’hui les fortins sont devenus des hébergements de luxe au milieu d’arbres.

Ailleurs, autour de Lio Picolo, où un clocher arménien surgit des champs, le paysage salé prend des airs de jardin à la française, de tableau abstrait ou de voix ferroviaire.

Vins et écologie

Venise rime avec art, patrimoine, paysages et pollution.

Loin du chaos, le livre dévoile la Valle Zappa et les « vallées de pêche ». Les « vallées de pêche » sont des espaces lagunaires naturels fermés ou l’on pratique la pisciculture. Parmi ces vallées le livre mentionne la réserve naturelle du WWF de la vallée Averto, la zone humide plus connue du monde, et la vallée Zappa. En pleine lagune : un magnifique casone de style hollandais qui « semble tout droit sorti d’un conte de fées ».

ll y a aussi le projet écodurable de Santa Cristina. Cet ancien monastère de bénédictines est devenue une propriété privée. « Un cottage se dresse avec jardins, vergers et petite zone de pêche. Les propriétaires poursuivent l’ambitieux projet de rendre cet endroit entièrement écodurable. Depuis 2020, un vignoble cultivé sur l’île fait l’objet de beaucoup d’attention : chaque année, le raisin récolté est transporté à Pramaggiore pour être vivifié dans une cave, donnant vie au vin rouge appelé Ammiana ». La zone de pêche et les plans d’eau dessinent, vus d’en haut, des espaces à l’intérieur d’autres espaces aquatiques, des îlots d’eau dans une lagune verte.

D’autres îles se distinguent par leur vin. Le livre s’ouvre ainsi sur Sant’Erasmo lieu de villégiature ancien et prisé qui, depuis 2004, accueille expositions d’art et événements culturels. En plus de son potager, elle produit un miel bio et un vin issu de cépages séculaires.

Venise vue d’en haut s’attarde sur les vignes « de la lagune ». Notamment à Mazzorbo et Mazzorbetto. « Récemment une célèbre entreprise vinicole a investi dans les vignes de l’île, dont elle tire chaque année un vin blanc extrêmement prisé, le Vénissa, obtenu grâce a un vignoble déjà existant au XVe siècle et qui était connu sous le nom de Dorona (« raisin d’or »).

Les spots incontournables

Venise vue du ciel s’attarde sur les îles et caresse les moins connues. Toutefois le livre ne néglige pas les incontournables.

Murano :

« Capitale mondiale du verre artistique, l’alchimie du feu modèle et transforme depuis la fin du XIIIe siècle les grains de sable en précieux et splendides bijoux : vases, lampes, sculptures, objets de tous types. Des objets qui ont pris le chemin des musées, des maisons, des palais, des collections d’art, tout autour du monde. L’île autrefois nommée Ammurianun compte parmi les plus grandes de la lagune. »

Et évidemment Burano :

« L’île la plus colorée de la lagune. Elle se présente comme une mosaïque formée de centaines de maisons pleines de couleurs vives, toutes entretenues avec un soin particulier. Chacune a sa couleur, à l’exception de la fameuse Casa Bepi, qui se pare de dizaine de nuances : un véritable arc-en-ciel. On raconte que l’origine des couleurs vives de ses habitations est née de la nécessité pour les pêcheurs de pouvoir s’orienter les jours de brouillard ».

Venise vue d’en haut est indéniablement un livre de découverte. Des îles de toutes les tailles. Ou bien presque couverte d’arbres (la Grazia) ou bien confetti diplomatique et ancien asile de femmes (San Clemente). Ou encore terrain plus ou moins vague (Santo Spirito). Sans oublier l’île cimetière . Et l’incroyable et minuscule Madonna del Monte avec ses anciens remparts : des ruines sur un voile d’eau. Des dizaines d’îles.

INFOS

Venise vue d’en haut

Riccardo Roiter Rigoli et Debora Gusson

Éditions Jonglez

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