Biennale de Venise Julien Creuzet poétise le pavillon français
Biennale de Venise Julien Creuzet poétise le pavillon français. Premier artiste ultramarin choisi pour représenter la France, il livre une œuvre de fibres et d’eau qui se veut immersive et multi sensorielle.
À Venise Julien Creuzet célèbre l’eau. Elle est partout dans les canaux comme dans les œuvres qui naviguent entre archipels et poésie.
Le premier artiste ultramarin choisi pour représenter la France est né en 1986 au Blanc-Mesnil. Il passe son enfance en Martinique et vit actuellement à Montreuil où il travaille. Julien Creuzet s’est formé à l’ÉSAM de Caen, à l’ENSBA de Lyon et au Fresnoy à Tourcoing. Il enseigne aujourd’hui aux Beaux-Arts de Paris. « Son travail associe sculpture, musique, vidéo et poésie au sein d’installations qui ont souvent été décrites comme des archipels. Son œuvre ambitieuse, où se superposent les récits, les histoires marginalisées, les héritages et les matières, est aujourd’hui reconnue à l’échelle internationale » selon l’Institut français.
Cette transdisciplinarité a séduit. En décembre 2022, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et le ministère de la Culture ont désigné Julien Creuzet pour représenter la France 60 e Exposition Internationale d’Art – La Biennale di Venezia, sur proposition d’un jury international réuni par l’Institut français.
Julien Creuzet « étranger partout » mais (presque) partout reconnu
Les « histoires marginalisées » de Julien Creuzet matchent par ailleurs avec le titre de la 60e exposition : « Strangers eveywhere ». Un « slogan » tiré d’une série d’œuvres initiée en 2004 par le collectif Claire Fontaine. Plus précisément des sculptures en néon de différentes couleurs qui traduisent dans un foisonnement de langues les mots « Foreigners Everywhere » (Étrangers partout). Cette phrase provient du nom d’un collectif turinois qui a lutté contre le racisme et la xénophobie en Italie : Stranieri Ovunque.
La Biennale de Venise 2024 se focalise sur l' »étranger » en lien avec les migrations ainsi qu’avec les cultures et les sexualités qui ne collent pas à un modèle hétérosexuel et occidentalo-centré. De fait la Biennale s’affiche queer et hisse le drapeau de la culture des marges et des exilés. En bref le commissaire brésilien Adriano Pedrosa entend braquer les projecteurs sur la question des circulations, de l’altérite, de la marginalité.
Julien Creuzet joue sur ses multiples influences. Dans son œuvre infusent autant la culture vaudoue que les vibrations martiniquaise. Ses créations rayonnent dans les hauts lieux artistiques français. Côté expositions personnelles citons LUMA Arles (2022), le Palais de Tokyo (2019), et la Fondation d’Entreprise Pernod-Ricard (2018). En 2021 Julien Creuzet figure parmi les nominés du prix Marcel Duchamp. Mais son travail est également salué au-delà de l’Hexagone. L’artiste a notamment exposé au Camden Arts Center à Londres (2020). Ou encore à LUMA Westbau (2023).
Pavillon français : poésie et archipels
Attila cataracte ta source aux pieds des pitons verts finira dans la grande mer gouffre bleu nous nous noyâmes dans les larmes marées de la lune« . Julien Creuzet titre son œuvre avec poésie. Une constante. « (Il) revendique (ainsi) la liberté, la diversité interprétative et son « droit à l’opacité », concept qu’il emprunte au poète et philosophe martiniquais Édouard Glissant » estime l’Institut français.
L’installation reprend la signature de l’artiste. Un goût pour les métaux enchevêtrés de plastique et de cordes. Souvent aussi de déchets échoués sur le rivage.
Les rivages et les archipels sont également des lignes de force. Car l’eau, les mers, les océans véhiculent pour Julien Creuzet une vision plurielle : celle de l’histoire des déplacements humains, des idées, ainsi que des formes.
« Ce que je désire proposer aux publics dans ce Pavillon, c’est une zone de confluence complexe et sensorielle, une expérience à vivre profondément. C’est cela qui se joue au sein de cet espace pour moi. C’est un carrefour, un lieu où l’on peut tout rencontrer et surtout être face à soi-même.»
Julien Creuzet est épaulé par les commissaires Céline Kopp, directrice du Magasin – CNAC à Grenoble, et Cindy Sissokho, curatrice et écrivaine basée au Royaume-Uni.
Un catalogue et un sonic reader (70 capsules audio partagées jusqu’à la fin de la Biennale de Venise sur les réseaux sociaux Instagram et Youtube ) complètent l’œuvre. Une célébration du trait comme de l’oralité.
INFOS
Image principale Julien Creuzet et les commissaires Céline Kopp, directrice du Magasin – CNAC à Grenoble, et Cindy Sissokho, curatrice et écrivaine basée au Royaume-Uni@Jacopo La Forgia
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