Expo Les chevaux de Géricault le portrait d’une époque
Expo Les chevaux de Géricault le portrait d’une époque. Le musée de la vie romantique croise la passion du peintre pour les chevaux et son regard sur l’histoire.
On connait avant tout Géricault pour la Radeau de la Méduse. Mais le peintre, sculpteur, dessinateur et lithographe, est aussi une figure majeure du romantisme politique. Rien d’étonnant alors que le Musée de la Vie romantique lui rende hommage. Une exposition qui célèbre à la fois le bicentenaire de sa mort (à 32 ans), sa passion pour les chevaux et évidemment sa connaissance de leur anatomie. « Tamerlan, le cheval blanc cabré, incarne l’essence même du cheval chez Géricault » estiment Bruno Chenique et Gaëlle Rio, les commissaires de l’exposition. « Il est parfaitement exécuté dans la représentation de sa force, sa musculature et le vivacité de son mouvement ».
Le peintre qui aimait les chevaux
Théodore Géricault (1791-1824) aime les chevaux et monte beaucoup. Il meurt d’ailleurs à la suite de chûtes répétées, le 6 janvier 1824. Son approche est plus intime qu’académique. Il croque les croupes, baigne les corps de lumières spectrales ou solaires et laisse le trait en suspens … Le geste romantique est bien là.
Mais avant le Romantisme, le jeune rouennais se forme au métier de peintre d’histoire. A Paris dans l’atelier de Carle Vernet puis dans celui de Pierre Guerin. Il y rencontre Eugène Delacroix. Il dessine, il peint, il monte. Durant ses années de formation, il passe des casernes de Courbevoie aux écuries de Versailles pour réaliser des milliers de croquis. Le tableau « Cinq chevaux vus par la croupe dans une écurie » illustre la quête de l’artiste : saisir le cheval dans son quotidien, traduire ses sensations, ses émotions. Très loin de l’académisme. Même si le parcours débute par le cheval politique et les champs de bataille.
Une expo en 5 actes reflet d’une époque
Géricault et les cheveux est une expo en 5 actes qui peut être vue comme le portrait d’un époque. « Nous avons fait une sélection drastique pour ne retenir 97 œuvres parmi des centaines d’autres » précisent Bruno Chenique et Gaëlle Rio. Les commissaires ont croisé la passion de Géricault pour les cheveux et son regard sur l’époque.
Immersion dans le bleu, très présent chez l’artiste, avec les portraits des hussards de l’Empire et les portraits de leurs chevaux. « Les yeux rouges des chevaux, les paysages en feu en fond sont également récurrents chez Géricault » note Bruno Chenique. Le cheval politique témoigne de la fureur des combats et par conséquent de leur impact sur les hommes et leurs montures. Tableaux et corpus de lithographies montrent la violence mais aussi la déroute. Notamment un cheval en peine et un chien qui guide un soldat aveugle. La souffrance et la mort du cheval est également traitée en fin de parcours. « Géricault fait une critique politique, détricote le langage du pouvoir » poursuit le commissaire « L’artillerie, le feu, la force motrice du cheval sont mises en avant mais il peint en écho une critique de la guerre ».
L’exposition suit la vie du peintre lithographe. En Angleterre et en Italie où il exécute notamment une œuvre saisissante. Celle de deux éphèbes qui retiennent des chevaux avant une course. « La course de chevaux libres sur le Corso à Rome ». Les œuvres ici comme ailleurs rappellent les maîtres anciens et les contemporains. « Je butine, de toutes les époques je fais mon miel reconnaissait Géricault. Indéniablement il s’inspire du Caravage, de Rubens, de Raphaël, de Michel Ange ».
Le cheval intime
Si l’exposition montre l’époque, elle saisit également un cheval intime et sensible. À côté des corps effilés des chevaux des dandies sur les champs de course, il y a les sabots pesants de chevaux massifs. Les chevaux au labeur, le sous-prolétariat équipé de la révolution industrielle. Géricault s’attache à leur souffrance et à leur épuisement. C’est le romantisme noir. Avec pudeur et une réserve qui saisissent au plus près une vie qui part. « Cheval blessé sur un champ de bataille » ((1814) attrape un cheval à l’agonie de dos, massif et fragile, dans un mouvement d’effondrement. Le tableau est un instantané, un arrêt sur image pudique juste avant la mort.
L’exposition présent également le mythique Mazeppa. « Géricault s’inspire du poète anglais romantique Byron pour peindre le calvaire du page Mazeppa, amant de la femme de son maître, et surtout de son cheval. Condamné à être fouetté et ensuite attaché nu sur le dos d’un cheval sauvage, il échappe finalement à la mort mais le cheval, lui, meurt d’épuisement ».
Le cheval dans la lumière du romantisme
Géricault peint les robes des chevaux, leurs teintes, leurs reflets, leurs infimes variations. Indéniablement une fascination. Il les baigne aussi dans la lumière du romantisme. « Le romantisme est né à l’écurie » estime Bruno Chenique. Parfois crépusculaire (« Chevaux au pâturage 1822; Cheval blanc au galop, effet de lune) parfois solaire, souvent onirique.
« Géricault était un peintre paysagiste » rappelle le commissaire devant « Paysage sur le côte d’Angleterre – 1820 -1821). « La peinture onirique s’inspire des paysages hollandais. On distingue des puits de lumière au milieu d’arbres frêles et d’un horizon sombre ».
L’exposition s’inscrit dans le romantisme mais également dans le XXIe siècle, le notre. Un siècle qui regarde les animaux avec plus de douceur et parfois invite à dépasser la barrière des espèces pour partager une sensibilité commune.
L’exposition a par ailleurs reçu le label Olympiade culturelle.
INFOS
Les chevaux de Géricault
Musée de la Vie romantique
Hotel Scheffer-Renan
16, rue Chaptal
75009 Paris
du 15 mai au 15 septembre 2024
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