Art et sport le corps en mouvement au Petit Palais
Art et sport le corps en mouvement au Petit Palais. Pour les JO2024 le musée sort 50 œuvres de ses réserves et invite 12 athlètes à parler d’art. L’occasion de parcourir une histoire de l’art aux couleurs olympiques.
La Danseuse Sacha Lyo sur une pointe défie l’apesanteur dans une tension pleine de grâce. Serge Youriévitch saisit son élan et sa musculature dans une maitrise remarquable du geste et de l’anatomie.
Plus loin le nageur au bonnet rouge d’Auguste Rouard dessine une courbe, un arrêt sur image de l’effort et du mouvement. L’art de dessiner le corps. Plus loin encore le corps héroïque est célébré par Saint-George terrassant le dragon. Une sorte de version sacrée du plus prosaïque « dépassement de soi » sportif.
Le corps en mouvement présente 50 œuvres allant de l’Antiquité jusqu’au début du 20e siècle dont certaines ont été spécialement sorties des réserves du musée. La scénographie reprend les couleurs de l’olympisme. Des bandes et des macarons jaunes, bleus verts, oranges … indiquent les œuvres choisies par douze athlètes olympiques et paralympiques qui expliquent leur choix dans des vidéos.
8 thématiques aux couleurs olympiques
Le parcours suit 8 thématiques. Des Origines des jeux au Sport en vogue en passant par En Selle.
La sculpture occupe une place de choix. Car saisir le mouvement, l’aérien, le souffle, dans un bloc est une performance. Un défi très olympique que relève Jean-François Carbin avec sa danseuse en bronze, la Belle Otéro. Et dans un autre registre, on admire l’extraordinaire Tempête et les nuées de Raoul Larche où une silhouette en furie semble jaillir du bronze.
Sport, art et histoire
Le sport a une histoire comme l’art. Les premiers JO voient le jour à Olympie aux environs de 776. La statuette de discobole de Campanie témoignent des valeurs esthétiques et morales des premiers Jeux.
Au Moyen-Age, les tournois de chevalerie véhiculent un imaginaire guerrier. Ensuite, au 17e siècle, le sport rime plutôt avec divertissement. Le règne de Louis XIV adoucit les jeux sportifs. Il s’agit en effet d’accorder le sport aux usages festifs et raffinés de la cour. L’équitation, l’escrime et le jeu de paume occupent le devant de la scène. Plus tard, au 19e siècle, le courant hygiéniste met le corps à la mode. C’est notamment le corps athlétique du nageur de crawl d’Auguste Rouard et son esthétique art déco.
Le sport reflète aussi les diktats de l’époque. En Selle montre l’accès très codifié de la femme au sport. Sous l’Ancien Régime les femmes sont presque exclues de toute activité physique. Marie-Antoinette fait scandale en montant à califourchon. Au 19e siècle les aristocrates et les grandes bourgeoises se limitent à l’escrime et à l’équitation. Le sport serait incompatible avec le sexe faible comme les arts physiques et salissants tels que la sculpture. Les femmes entrent aux JO en 1920.
Le parcours montre deux tableaux. L’un, le portrait équestre d’une jeune fille au Bois de Boulogne de Jacques-Émile Blanche respecte les convenances, l’autre, « Bicyclette au Vésinet » de Louis-François Comerre, affiche une adolescente qui « s’émancipe » grâce au vélo.
Les athlètes parlent d’art
Le Petit Palais a invité des champions à sélectionner des œuvres et à en parler au public. Charline Picon, championne de planche à voile, a choisi les Vases de Bracquemond qui, en 1924, récompensaient alors les sportives et sportifs les plus méritants. « Je n’étais pas vraiment à l’aise avec l’art. Je l’ai approché seulement lors de visites scolaires ou dans des expositions à l’étranger » explique la championne. « De plus il fallait choisir sur catalogue. J’ai vraiment du sortir de ma zone de confort. Mais en voyant ces vases, il s’est passé quelque chose. Je me suis imaginée à la place des sportifs de 1924 ».
La sculpture que le podium
La sculpture remporte un maximum de médailles. Mathieu Thomas, le champion de para-badminton, a été saisi par la danseuse Sacha Lyo. La judokate Blandine Pont a trouvé des correspondances entre Les Trois Grâces de Jean-Baptiste Carpeaux et le judo.
Côté judo toujours, Romain Valadier-Picard a retrouvé l’essence du combat dans Le Dénicheur d’aigles de Louis Gaussin. La sculpture a aussi séduit la para-badmintonienne Marilou Maurel (La Tempête et ses nuées), le basketteur Léopold Cavalière et le para-escrimeur Gaëtan Charlot (Le Botteleur de Jacques Perrin). Enfin la championne de para-tir à l’arc Aziza Benhami s’est sentie proche de La Belle Otéro.
Côté peinture et dessin, l’escrimeuse Jade Maréchal a craqué pour « Le danseur de cordes » d’Edgar Chahine. Tandis que le para-athlète Dimitri Jowicki a été conquis par « Académie d’un homme assis » de Rembrandt et que champion de pentathlon Valentin Belaud a été sensible au « Croquis de gestes dansés » d’Isadora Duncan de Maurice Carpentier-Mio. Enfin le skateur Vincent Milou a trouvé des correspondances entre les figures du skate, l’expression de soi-même et la « Bicyclette au Vésinet ».
L’exposition s’inscrit dans l’olympiade culturelle
INFOS
Le corps en mouvement
Exposition à l’occasion de l’Olympiade Culturelle
Du 15 mai 2024 au 17 novembre 2024
Avenue Winston-Churchill 75008 Paris
Tel : 01 53 43 40 00
Entrée libre
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
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