Beau livre Belgique abandonnée
Beau livre Belgique abandonnée. Francis Meslet explore les spots préservés de la folie urbex et s’attache aux atmosphères. Des sites sidérurgiques aux filatures en passant par des lieux privés ou encore des espaces communs, il garde la mémoire d’un patrimoine menacé.
Francis Meslet commence d’emblée son livre par un coup de gueule.
« En 2010, quand je mène mes premières explorations sur ce territoire, on peut se promener relativement tranquillement sur un site, sans craindre une affluence massive d’autres photographes. Venus de toute l’Europe pour shooter le dernier spot à la mode, il n’est pas rare qu’ils se retrouvent aujourd’hui à une dizaine sur un spot de peur que celui-ci ne soit refermé, pillé, vandalisé voire incendié (…) Beaucoup d’explorateurs de la première heure vous diront qu’aujourd’hui, la Belgique, c’est terminé pour l’urbex. La discipline a connu un tel engouement sur les réseaux sociaux en seulement 10 ans que certaines destinations sont devenues un véritable enfer ».
Bref la Belgique n’est pas du tout abandonnée. On frôle même le sururbextourisme. Le Lorrain va alors, en voisin, faire un livre à dominante industrielle, loin des spots à like.
Les couleurs de l’urbex
Le photographe saisit les friches dans leurs contrastes. Le noir et le gris sont souvent illuminés de couleurs. Parfois le rose d’un abat-jour, ou encore le beige d’un ours en peluche écarte la poussière. Parfois c’est le vert de la nature, celui de la mousse et des végétaux qui domine. Comme dans l’école de la jungle en Flandre-occidentale, un ensemble de bâtiments rasés en 2015.
L’auteur travaille ses lumières, ses atmosphères. Ainsi dans les acieries de la Sambre (province de Hainaut) la lumière dessine une flaque jaune sur un tapis vert entouré de ruines ocres. Tout se joue dans cette flaque de lumière ouverte sur la nature. Tandis que plus loin, les rayons d’un soleil spectral transforment le lieu en espace de science fiction ultra industriel. Plus loin, la mousse verte qui colonise le trou géant de centrale à charbon IM semble attirer vers un un vortex aspirant toute présence.
Du Gothique au site sidérurgique
La série sur la Bourse du commerce (province d’Anvers) est indéniablement l’un des cœurs du livre. Francis Meslet a saisi ce joyau d’architecture néogothique avant sa transformation en centre commercial. Dans un autre style, il shoote l’accumulateur de minerai de Terre Rouge. L’endroit est tout en angles, recoins et excroissances. Par ailleurs un lit d’eau reflète en abime l’architecture de l’ancien site sidérurgique abandonné en 1977. Autre merveille : la centrale électrique Atlas. Avec notamment sa perspective formée par une voie de chemin de fer jaune qui conduit dans un éblouissement vers la structure centrale.
Mais Francis Meslet s’attache aussi à un patrimoine moins industriel . Églises, thermes, piscines, théâtres, manoirs, châteaux, hôpitaux.
Belgique oubliée est à la fois un questionnement sur ce qui doit rester, le patrimoine, et sur les dérives de l’exploration urbaines débridée.
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