Art Abraham Poincheval reclus dans une bouteille

Art Abraham Poincheval reclus dans une bouteille sur le canal Saint-Denis. En écho aux JO de Paris 2024 le performeur s’enferme pour questionner la résilience des corps, les notions d’intimité et de spectacle autant que l’environnement et l’espace public

Pour les JO de Paris 2024 tout le monde sort. Le performeur Abraham Poincheval, lui, s’enferme. Dans une bouteille en face du stade de France. Il y restera 10 jours, du jeudi 26 juillet au 3 août 2024.

« J’ai beaucoup voyagé, puis j’ai pris conscience que le voyage ultime est peut-être le voyage immobile » confie-t-il sur le bord du canal Saint-Denis avant de pénétrer dans La Bouteille.

L’habitat éphémère fait près de 6 mètres sur 2 mètres. Abraham Poincheval a emporté le minimum. Sur le quai, prêts à embarquer pour le voyage méditatif, des sacs avec de la nourriture lyophilisée, des bidons d’eau, un nécessaire de secours. « J’ai également avec moi des lettres reçues ». Une petite éolienne ainsi que des capteurs solaires l’alimentent en électricité et en air frais. Le pare-soleil ne sera pas superflu. Une canicule s’annonce et la température intérieure pourrait attendre 50 degrés. Un lit, une cuisine, un salon, une salle à manger ainsi que des toilettes sèches complètent ce dispositif de survie en milieu urbain. Au final peut-être un petit air vintage de personnage dans une bouteille d’eau-de-vie. Un jardin entoure la bouteille et un dispositif en écoutille permet un dialogue avec les passants.

Abraham Poincheval et le voyage en bouteille

L’enfermement dans La Bouteille du canal Saint-Denis n’est pas une première. Ainsi en 2014 Abraham Poincheval s’enferme pendant 13 jours à l’intérieur d’un ours naturalisé au musée de la Chasse et de la Nature. Plus tard, passage de l’animalité à la minéralité. En 2017 il se terre ainsi pendant une semaine dans un rocher de douze tonnes. Plus récemment, en 2021, l’artiste s’isole pendant sept jours dans une sculpture de la galerie Perrotin (Paris). « Le confinement est un voyage intérieur, infini » explique-t-il sur le quai du canal Saint-Denis.

De même, La Bouteille ne surgit pas de nulle part. Elle est en effet la déclinaison d’un projet artistique lancé il y a presque 10 ans, le 25 juillet 2015 en Camargue. L’œuvre avait ensuite cheminé jusqu’à Genève avec des étapes le long du Rhône. Elle visait alors à sensibiliser les publics aux inondations et à vivifier les cultures et les imaginaires liés aux fleuves. La Bouteille du canal Saint-Denis, elle, est une commande de Plaine Commune, établissement public territorial qui réunit 9 municipalités. Elle a été réalisée en partenariat avec le CNEAI et l’association Ilotopie.

Des performances physiques, méditatives et écolo

Abraham Poincheval, né en 1972 à Marseille, est célèbre pour ses explorations performances. On peut notamment voir à la Fondation Vuitton le film de son expédition dans la canopée. Les images stupéfiantes le montrent marcher sur les nuages, « explorer le ciel à la recherche d’un paysage mouvant » selon la Biennale de Lyon de 2019. « Il y a une certaine continuité dans l’exploration de l’état gazeux à l’état liquide » explique l’artiste.

Mais ici le performeur questionne « l’imaginaire collectif lié à la bouteille à la mer, la place du paysage et celle de celui qui l’habite ». Chacun doit construire son récit. En lien avec sa performance sur le Rhône, Abraham Poincheval parle aussi des « canaux qui lient les mondes et de la ville comme un grand flux ».

Le grand flux des visiteurs des JO de Paris 2024 s’arrêtera -t-il devant la bouteille ?

INFO

Plaine Commune

Métro Saint-Denis / Porte de Paris ligne 13 sortie 1 La Plaine face au jardin de L’Écluse

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