Drawing Lab Boris Labbé dessine dans le metavers
Drawing Lab Boris Labbé dessine dans le metavers. Le réalisateur et plasticien puise dans la culture japonaise pour filer une exposition tissant des liens entre calligraphie et algorithmes.
Cette année le Drawing Lab repousse les limites du dessin. Ce qui est certes une volonté affichée depuis sa création en 2017. Mais en 2024, la Drawing Society va très loin en couronnant Boris Labbé, plasticien explorateur du metavers et des animés.
Boris Labbé : manga et lac des cygnes
Boris Labbé, né en 1987 à Lannemezan (Hautes-Pyrénées), est réalisateur de films d’animation. Il est diplômé de l’École supérieure d’art de Tarbes ainsi que de l’École de cinéma d’animation d’Angoulême. Ses œuvres et installations ont reçu une cinquantaine de prix internationaux. Ainsi son court métrage La Chute a été sélectionné à la 57e Semaine de la Critique de Cannes. Mais l’artiste touche à tout. En 2020 il collabore par exemple avec le chorégraphe Angelin Preljocaj et signe la scénographie vidéo du spectacle Le Lac des Cygnes. Une constante toutefois dans ce tourbillon d’intérêts : le Japon et sa culture.
Sa formation le place donc plutôt du côté des images qui bougent que du trait de crayon plus classique. Même si évidemment les deux convoquent les imaginaires. Mais Boris Labbé se sent vraiment plasticien et Drawing Lab entend montrer les « nouveaux medias-ums ». C’est-à-dire « interroger le dessin à travers les nouveaux médias (digital, virtuel, NFT, jeux vidéos, film d’animation, IA, etc.) tout en parcourant les nouveaux médiums (ordinateur, tablette numérique, casques de réalité virtuelle, écrans, etc.) ». Car « Le dessin peut alors s’affranchir de sa matérialité et de l’espace en créant ainsi de nouvelles dimensions » selon Christine Phal, fondatrice du Drawing Lab.
Exposition Ito Meikyū entre calligraphie et réalité virtuelle
Boris Labbé remporte la mise avec son projet Ito Meikyū / Fil d’errance pensé en collaboration avec la commissaire Judith Guez. Il expose donc pour trois mois au Drawing Lab.
La pièce maitresse est une expérience de VR : Ito Meikyū. De ito qui signifie “fil” et, meikyu qui signifie “labyrinthe ». Indéniablement un formidable voyage dans l’univers du créateur, entre salle de projection, manga, littérature nippone et monde de l’enfance. On navigue en fixant des yeux blancs à travers un labyrinthe de ruelles serpentant entre des maisons traditionnelles japonaises. C’est moins rebondissant que le désormais iconique Assassins Creed. Tonique certes mais plus sophistiqué, plus onirique. Les détails foisonnent créant un monde riche, raffiné et poétique. Une araignée tisse sa toile, des tasses de brisent et se recollent en apesanteur. Un hommage à la tradition du Kintsugi, l’art de réparer les céramiques avec de l’or, le care-repair art nippon. L’expérience dure 20mn. À renouveler donc pour explorer toutes les facettes.
À la base de Ito Meikyū il y a les algorithmes certes mais aussi le dessin. Un 2.0 version calligraphie.
Au fil des mots et des images
L’exposition présente des dessins préparatoires, une sérigraphie, des pages de mots, un film « Glass House » et une œuvre sonore. Thème : le fil ou le tissage. Un métier à tisser Jacquard, ancêtre de l’ordinateur avec ses cartes perforées, trône dans la salle d’expérience en VR.
Parmi les références un livre, Le Dit du Genji, une œuvre majeure de la littérature japonaise du XIe siècle qui se déroule autour de Kyoto. Boris Labbé en calligraphie des mots sur des pages blanches. L’exposition présente une peinture sur paravent des 45 chapitres « dans une composition qui transcende les changements de temps, de saison et de décor. La Convention des « toits soufflés » permet de voir les intérieurs, la plupart d’entre eux des demeures aristocratiques ». Le « fukiniki yataï » inspire directement Boris Labbé dans sa création en VR aux toits inexistants, envolés comme des nuages, soufflés par une tempête, retirés par une main curieuse.
Autre œuvre liée au tissage, un dessin … « Dessin tissage ». Apparemment sériel, il comprend en fait une multitude de scènes délicates, de personnages tissés. Le fil tisse des liens entre tous les personnages. Un presque trompe l’œil car l’œuvre au premier regard semble en noir et blanc mais comprend en réalité des touches subtiles de couleur. L’esprit de ce dessin infuse la VR Ito Meikyū qui vient d’être récompensé au Grand Prix de la Mostra de Venise 2024.
Photo principale (C) Boris Labbé, Ito Meikyū, 2024 installation immersive et interactive, casque VR 2
INFOS
Drawing Lab
17, rue de Richelieu
75001 Paris
Du 11 octobre 2024 au 05 janvier 2025
Entrée gratuite
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