Beauvais réouverture du Quadrilatère entre art et architecture

Beauvais réouverture du Quadrilatère entre art et architecture. Une rénovation de deux ans qui éclaire les espaces, donne un accès direct à la crypte gallo-romaine, inspire quatre expositions dont les vitraux contemporains de Cécile Bart en regard de la cathédrale toute proche.
Dans la bancheur tamisée, des voiles de couleurs délicates, parfois scarifiées. Une série de Cécile Bart qui traverse le Quadrilatère rénové. Entre les interstices et à travers les toiles, la cathédrale Saint-Pierre. Les immenses cadres évoquent des vitraux « délocalisés ». Ce regard extérieur est une mise en écho, une rencontre entre patrimoine et art contemporain, peut-être une mystique profane.

Le Quadrilatère : de la tapisserie au centre d’art
L’exposition de l’artiste plasticienne diplômée de École nationale supérieure d’art de Dijon marque la réouverture du Quadrilatère Centre d’art. Après deux ans de travaux et une mobilisation de 9 ME.
En 1976, l’architecte André Hermant transforme l’ancienne Galerie nationale de la tapisserie en un monument moderniste dédié à l’architecture, à la création, aux arts et au patrimoine. L’horizontalité du bâtiment sublime les élévations gothiques de la cathédrale. Sa sobriété dialogue également avec le quartier épiscopal. Un quartier détruit à plus de 80 % pendant la deuxième guerre mondiale mais restauré dans le respect du patrimoine. Un quartier qui regroupe des monuments exceptionnels. La Cathédrale, vieille de 800 ans, le palais Renaissance ou encore le l’Ancien palais épiscopal et l’église Saint-Étienne.
Le cabinet Chatillon Architectes, agence à l’origine notamment des rénovations du Grand Palais et du musée du Carnavalet, prend le relais d’André Hermant. Le nouveau Quadrilatère dispose d’une pièce maîtresse : un vaste atrium desservi par un escalier monumental de béton serti d’une main courante en chêne. La lumière naturelle entre par les baies tandis qu’un bandeau gris longe les galeries. La blancheur règne ponctuée de points de couleurs : le mobilier. L’esthétique architecturale obéit aux impératifs d’accessibilité et de mises aux normes environnementales.
Accès aux vestiges romains et à 2000 ans d’histoire de la ville

La rénovation permet aussi un accès direct à la crypte archéologique, un ensemble des vestiges gallo-romains et médiévaux. À 3,5 m de profondeur on sent la terre et les 14-15 degrés. La fonction précise de ce vaste espace reste obscure. On évoque peut-être des thermes. Fosses, latrines, vestiges carolingiens montrent que du 1er ou du 2e siècle jusqu’au 13e le site a été utilisé. Les scientifiques continuent d’étudier les différentes strates dont ils ont déjà exhumé des pierres parfois sculptées ainsi que des restes d’objets artisanaux (céramique, outils). Mais aussi une pièce de choix : un fragment de la tête d’Epona, la déesse gauloise protectrice des chevaux et de la fertilité. Une vidéo d’animation un peu spectrale apporte informations et mise en perspective.
Le Quadrilatère dispose désormais d’un Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP). Avant d’entrer dans la crypte, le CIAP a mis en scène 2 000 d’histoire de la ville. Maquettes, photos, et vue sur une tour (5,8 m de haut) du rempart antique ceintrant Beauvais.
Fresque monumentale, vitraux contemporains et rétrospective André Hermant

Le Quadrilatère a programmé un festival hors champ avec le Centre Pompidou (premier prêteur de France) ainsi que des collaborations avec des artistes locaux ou en résidence. Quatre expositions sont au programme de la réouverture.
Entre la crypte et l’installation du CIAP, une fresque monumentale : Les Infeuilletables. Réalisée in situ par Stéphanie Mansy pendant la réhabilitation, l’œuvre prend la forme d’une exposition en cinq actes. La première partie sera exposée pendant 6 mois. L’artiste s’attache au revêtement mural comme à un support « vivant » qui suit le temps court des travaux et celui beaucoup plus long de la crypte. Le dessin contemporain explore la mue du lieu. Sur 100 m2, des points, des lignes, « assemblés en nébuleuses, en masses profondes, en gerbes explosives ». On peut aussi y voir quelque chose de « pariétal contemporain ».
Toujours dans le in situ et l’esprit « rénovation », le centre d’art a commandé à Vincent Villain, jeune artiste diplômé de l’ENSAD Reims, une série photographique sur les travaux. Titre : la mue. Parallèlement, une exposition rend hommage à André Hermant, à son goût pour l’architecture et les … coquillages.

Peintures écrans et Lisses
Enfin « Peu importe les ressemblances » traverse le bâtiment avec ses traces lumineuses. Cécile Bart déploie en effet ses Traversées sur deux étages. L’artiste applique une peinture glycérophtalique sur un voile Tergal « Plein Jour » et tend le tissu sur des châssis métallique ou en bois. « Ces Peintures/Écran » du premier étage dialoguent avec les « Lisses », des galeries basses. Des installation monumentales faites de fils de laine et de coton de couleurs, suspendus et plombés qui tombent en lignes et en courbes. « Je m’attache toujours aux premières impressions » explique Cécile Bart. « J’ai ainsi voulu respecter ce que j’ai perçu comme un dialogue entre horizontalité et verticalité chez André Hermant » . Une réussite.

INFOS
5 avril 2025 6 janvier 2026
Place Saint-Pierre
60000 Beauvais
03 44 15 67 10
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