Beau Livre Henri Matisse

Beau Livre Henri Matisse. Le regard de Sandra Andrews sur la danse des signes du grand coloriste.

Henri Matisse, né le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis est mort le 3 novembre 1954 à Nice. Entre les deux, des années d’apprentissage et d’exploration que l’historienne de l’art Sandrine Andrews retrace dans un beau livre abondement illustré.

« C’est Donatello parmi les fauves » » s’exclame le critique d’art Louis Vauxcelles à propos d’un buste classique au milieu d’une explosion de couleurs. Le scandale du salon d’automne de 1905 lance les Fauves : Camoin, Derain, Manguin, Marquet, Matisse, Vlaminck (Van Dongen). Matisse s’inspire de la palette acide de Van Gogh et prend ses distances avec la ressemblance.

Mais le fauvisme, n’est qu’une étape du parcours créatif de Matisse. Dans ce foisonnement Sandrine Andrews s’attache au mouvement, à la danse et à la joie.

Elle retrace les découvertes et les expérimentations du peintre avec la lumière. Pendant ses voyages à Collioure, Nice, New-York, l’Algérie, le Maroc, la Polynésie … Seul, avec des amis (André Derain et ses diagonales à Collioure) ou en famille.

Matisse : la couleur en famille

Car Sandra Andrews aborde aussi la vie personnelle de cet artiste majeur de la modernité. À travers les portraits d’Amélie, sa femme, en « porte drapeau ». Notamment avec Femme au Chapeau (1905) ou Madame Matisse La Raie verte (1907). Avec aussi des portraits de famille : leçon de piano (1916) qui pointe l’influence du cubisme et leçon de musique (1917). Matisse a trois enfants : Jean, Pierre et l’ainée, Marguerite (1894-1982). Modèle, résistante, artiste, Marguerite est une « figure centrale bien que discrète de son cercle familial » selon de la Musée d’Art Moderne de Paris qui consacre un exposition au père et à la fille.

La famille comme l’atelier et le théâtre sont des terrain d’expérimentation.

D’Essitam aux papiers découpés

Sandrine Andrews suit un cheminement chronologique. Matisse clerc de notaire chez maître Derieux à Saint-Quentin tombe malade. Sa mère lui offre une boîte de couleurs et sa vie bascule. Henri Matisse devient alors Essitam (Matisse à l’envers). Il « rencontre » Cézanne évidemment mais aussi, Signac et Van Gogh. Il s’éclaire à la lumière des impressionnistes, à celle du Sud de la Méditerranée, aux bleus des lagons et au « métal » de New-York. La ronde de La Joie de vivre (1905) inspire Les demoiselles d’Avignon (1907) de Picasso, éternel rival et ami.

Opéré d’un cancer de côlon, Matisse est très diminué. « Il dessine avec des ciseaux » écrit Sandrine Andrew. « Cette technique, qui lui demande moins d’effort physique, et dont certaines étapes peuvent être déléguées à ses assistantes, lui permet de réconcilier ligne couleur : le dessin et la couleur ne font à présent plus qu’un » (p 50).

La couleur

En 1947 Matisse publie Jazz, un « livre-fleur » de papiers couverts de gouache et découpés. « Ce livre lui permet de créer une méthode unique, une technique par laquelle la couleur est à la fois forme, contour, surface, densité, profondeur et mouvement. La silhouette d’un noir profond d’Icare avec ses bras en forme d’aile, fixée sur un fond d’un bleu uni, suffit à rendre toute l’énergie d’un jeune homme rempli par le bonheur de toucher les étoiles. Matisse retient instant de l’émotion la plus joyeuse d’un « Icare au cœur passionné » (p 48)

INFOS

Henri Matisse

Sandrine Andrews

Éditions Larousse

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