Polar Transylvania contes contre IA
Polar Transylvania contes contre IA : Nicolas Beuglet explore l’inconscient collectif en mode gothique. Son enquêtrice, Mina Dragan, traque, de la Transylvanie à Hong Kong, un tueur en croisade contre le tout digital, maître d’un jeu de piste macabre.
Par Léonore Cottrant
Nicolas Beuglet aime les inspectrices et l’Europe. C’est certain. Après la norvégienne Sarah Geringën puis l’écossaise Grace Campbell voici la roumaine Mina Dragen. Tout juste promue, Mina doit résoudre une affaire qui frôle le paranormal, plonge dans l’histoire et l’inconscient tout en pointant des problématiques très contemporaines : le déclin de la lecture, la montée de l’IA, l’omniprésence des fake news.
Un défi de taille pour une toute jeune inspectrice. Mais Mina est rationnelle, futée, combative et gère ses peurs. Des atouts indispensables pour affronter un meurtrier qui lui impose un jeu de piste qui la mène de conte en conte.
Sur la piste des contes
On rembobine.
Bran, château supposé de Dracula en Transylvanie. Mina Dragen relève un tatouage sur la main de la victime, Hans Karloff, un ponte de l’informatique empoisonné à la belladone. L’ancien contre le moderne. Les plantes contre les algorithmes.
Porte fermée à clef, aucun passage secret, une malle verrouillée. Mina va donc devoir faire sauter les serrures. Elle le fait en constatant une série d’indices incongrus sur d’autres scènes de crime, ou plutôt de disparitions.
C’est le début d’un jeu de piste qui mène notamment Mina à Hong Kong et en Allemagne. Sur la terre des frères Grimm, à Steinau, la maison d’enfance reconvertie en bibliothèque, puis au cœur des forêts du Spessart. Là où Blanche Neige se réfugie pour fuir sa belle-mère. Là où elle rencontre les 7 nains.
On note que le final ne se déroule pas dans la vieille Europe des contes mais au cœur de l’ultra connectée Hong Kong. Là où le tueur a établi sa base. Une nouvelle école de résistants … au tout numérique.
IA et contes
Les contes de fées n’ont rien de féérique. Ils transfigurent les conditions de vie misérables d’hommes et de femmes aux prises avec des milieux hostiles. Les forêts où rodent les loups dans Le petit chaperon rouge. La faim, elle, qui conduit à l’abandon d’enfants comme dans le Petit Poucet. Les contes traduisent aussi ce que l’inconscient a conservé. L’inceste avec de nouveau Le petit chaperon rouge ou encore Peau d’Âne; le cannibalisme à travers Hansel et Gretel; les mauvais traitements et les rites initiatiques avec Cendrillon ou Blanche Neige. Ce dernier conte est d’ailleurs central dans Transylvania.
Conservatoire des peurs et de l’inconscient collectif, les contes sont à préserver. Et surtout à lire.
Nicolas Beuglet et son héros assassin en sont convaincus. Le livre stimulent des fonctions cognitives que l’audiovisuel, le digital et surtout l’IA déconnectent. Dans une confrontation tendue avec Mina, le meurtrier énumère les vertus de la lecture : concentration, empathie, longévité, imagination, la créativité …
Utopie rythmée shootée aux ambiances troubles
Transylvania est le 8e thriller de Nicolas Beuglet, écrivain, journaliste et animateur français né en 1974. Selon les chiffres de GFK (la société allemande d’analyse de vente des biens culturels) (X0) l’auteur aurait vendu 2,3 millions d’exemplaires depuis Le Cri, publié en 2016. Ce premier roman de la série menée par l’inspectrice Sarah Geringën, a reçu le prix « Nouvelles Voix du Polar » en 2018.
Avec Transylvania, sorti en septembre 2025, Nicolas Beuglet poursuit ses portraits de femmes enquêtrices. Mina est une outsider qui a quitté l’école à 16 ans pour devenir marin puis policière. Pour protéger. Empathique, dotée de ressources mentales et physiques, elle court, traque, analyse, résiste – dans des atmosphères et des paysages qui s’apparentent parfois aux films d’horreur.
Si l’on n’apprend pas grand chose sur les contes de fées on ne peut que saluer la défense du livre mise en avant par l’écrivain.
Au final Transylvania est utopie rythmée et shootée aux ambiances troubles, un polar de saison à déguster en débranchant chatGPT.
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Nicolas Beuglet
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