Beaux livres Art pour les fêtes

Beaux livres Art pour les fêtes. À l’approche de Noël, offrez l’art en grand ! Voici une sélection de 5 ouvrages qui célèbrent la création et l’imaginaire sous toutes leurs formes. Des méditations immaculées de Nine d’Urso au grand bleu de l’Atlantique en passant par la fascinante Leonor Fini, les scandales de la peinture et un focus sur David.

Solution de continuité : Nine d’Urso et les méditations immaculées

Petit, blanc, ponctué de devises et de croquis, il évoque un missel laïc, un livre d’heures existentiel. Ou encore une immaculée méditation. On connaît Nine d’Urso pour son interprétation toute en passion – mais pas toujours en nuances- de la jeune Georges Sand dans la série La Rebelle (France Télévisions). Outre le théâtre et le cinéma (Hors du temps d’Olivier Assayas), la fille aînée d’Inès de La Fressange, mannequin Chanel culte puis bannie, est passée par l’ENS avant d’abandonner les lettres pour les planches et les projecteurs.

C’est peut-être donc un retour aux sources que la grande jeune fille brune nous présente avec « Solution de continuité« . Sous ce titre énigmatique se cache en fait un état chirurgical. Plus précisément une cassure, un point de rupture. Un blanc. Un noir. « Une solution de continuité désigne la ligne de fracture noire que l’on voit sur une radiographie lorsqu’on se brise un os. Dans cet espace laissé par la fracture, on imagine alors la possibilité d’une reconstruction, son comblement par une matière nouvelle, un nouvel os».

L’inachevé comme moteur

Nine d’Urso part de cette observation médicale pour élaborer un précis de vie autour de l’inachevé. Elle le fait en questionnant son entourage. « Qu’est-ce qui dans ta vie a commencé et s’est arrêté sans jamais être arrivé à son terme ? » Un résultat sous forme de fragments. On peut en découper chaque jour – les pages du livre sont en effet à découvrir avec un coupe-papier- un dessin accompagnant un thème. Des croquis de nids d’oiseaux pour le réconfort, des dents ou des prises de judo pour évoquer la violence ou la douleur. Mais aussi des trains pour un nouveau départ, ou encore des références littéraires ainsi que des drôles de pictogrammes évoquant pattes d’oiseaux ou créatures mystérieuses.

Un bel objet agrémenté d’une préface d’Erri De Luca.

Solution de continuité

Nine d’Urso

Éditions Flammarion

Atlantique, le grand livre de l’océan

Certes, l’Atlantique n’est pas le plus vaste des océans – le Pacifique le surpasse en superficie –, mais il a profondément façonné l’imaginaire et l’histoire humaine. De ses côtes européennes et africaines sont parties les grandes expéditions qui ont sillonné ses eaux à la recherche de territoires et de civilisations nouvelles. Très souvent, ces traversées portaient des visées mercantiles : découverte du Nouveau Monde, commerce, exploitation, voire asservissement. L’Atlantique reste donc le témoin d’une épopée ambivalente, entre conquête triomphante et drames humains.

Pourtant, à travers le regard et les expériences d’auteurs renommés, cet océan nous laisse toujours rêver, en stimulant nos imaginaires les plus profonds.

Livre choral et urgence environnementale

Publié au cœur de l’Année de la Mer et au seuil du Traité sur la protection de la haute mer (ratifié par plus de soixante-dix pays), Atlantique – Le grand livre de l’Océan s’impose comme un ouvrage d’une brûlante actualité. Sous la direction d’Emmanuel de Fontainieu, directeur du Centre international de la mer à la Corderie Royale de Rochefort, les Éditions Sud Ouest ont réuni un collectif exceptionnel. Des écrivains comme Erik Orsenna et Olivier Poivre d’Arvor. Mais aussi des journalistes, navigateurs, anthropologues, sociologues, photographes, peintres et amoureux des océans. On note aussi une présence féminine avec Marie Détrée (Peintre officiel de la Marine), Pauline Poisson et Marie-Luce Ribot.

Certains livres naissent sous une bonne étoile… Une fois le sommaire défini, il a fallu identifier et convaincre ces contributeurs d’obédiences diverses : historiens, spécialistes du comportement animal, des bateaux, des vagues… À l’heure où la réflexion scientifique sur le climat impose la vision d’un Océan global unique – immense étendue d’eau salée couvrant environ 70 % de la Terre –, regarder vers l’Atlantique, c’est se confronter à la mouvance du monde, à cette respiration intime des éléments qui enclenche la chorégraphie du vivant.

« Au début, il y a un rêve d’Atlantique. Le rêve d’un livre « choral », c’est-à-dire réellement polyphonique : divers, profus, un peu iconoclaste, résultat d’une ample moisson de talents et d’objets « maritimes » à décrypter. Des vents et des courants, des caps, des détroits, des cartes et des bateaux. Donc des marins et des conquérants de tout poil, des migrations humaines à travers l’Océan (contraintes ou volontaires). Mais aussi quelques détours vers les poissons, les oiseaux, les plantes lointaines, la botanique… »

Épopée d’embruns et ode au bleu

Le projet ambitieux refuse de « tout dire » pour mieux embarquer le lecteur dans une épopée d’iode et d’embruns, dans des histoires méconnues et porteuses de belles découvertes, en privilégiant la transmission des connaissances. Pour cela, un rythme rapide : formes courtes, brèves synthèses, histoires singulières, entretiens, poèmes, images légendées… Et surtout, beaucoup d’images : photos spectaculaires, beaux dessins, cartes anciennes. Le tout servi par une mise en page légère, beaucoup de bleu, beaucoup d’air, comme l’explique Emmanuel de Fontainieu.

Enrichi de textes profonds et des remarquables illustrations de Marie Détrée, Atlantique est un vibrant hommage à l’océan d’hier et d’aujourd’hui – un cadeau idéal pour Noël, qui allie beauté visuelle, réflexion écologique et émerveillement poétique.

Atlantique, le grand livre de l’océan

Sous la direction d’Emmanuel de Fontainieu

Éditions Sud Ouest

Les grands scandales de la peinture : une histoire subversive et provocatrice de l’art occidental

L’histoire de la peinture occidentale est bien plus qu’une suite de chefs-d’œuvre admirés. Elle est rythmée par des scandales retentissants qui ont défié les conventions. Et qui ont par ailleurs repoussé les limites de l’acceptable. Dans Les grands scandales de la peinture, Gérard Denizeau, historien de l’art et musicologue, propose une analyse de 50 œuvres particulières. Des pièces ayant provoqué rejets virulents, censures, procès ou débats enflammés. Ces tableaux, qualifiés de « miroirs du scandale », reflètent les tensions sociétales. Elles affirment aussi la liberté créative face aux conformismes religieux, moral, politique ou esthétique.

Scandales de la Renaissance aux avant-gardes

Dès la Renaissance, Michel-Ange choque avec Le Jugement dernier (1541) dans la Chapelle Sixtine. L’œuvre est alors accusée d’obscénité pour ses nus trop réalistes et expressifs. Plus tard, au XVIIe siècle, Rembrandt bouleverse les attentes avec La Ronde de nuit (1642), critiquée pour sa composition audacieuse et son réalisme cru.

Le XIXe siècle multiplie les provocations. Ingres frôle le fantasme érotique dans Le Bain turc. Gustave Courbet scandalise avec le réalisme frontal et érotique de L’Origine du monde (1866). Avec l’iconique gros plan sur un sexe féminin, la peinture reste alors l’une des toiles les plus transgressives. Édouard Manet provoque un tollé au Salon avec Olympia (1863), son regard direct et provocant, mais aussi Le Déjeuner sur l’herbe, jugés immoraux. Les Impressionnistes, comme Monet ou Renoir, sont moqués pour leurs touches « inachevées », tandis que le legs Caillebotte (1894), offrant une collection impressionniste à l’État, suscite un débat académique houleux.

Plus tard encore, au XXe siècle, les avant-gardes radicalisent le scandale. Derain, Braque avec le cubisme. Ou encore Malevitch et l’abstraction suprématiste et bien sûr Duchamp. Tous questionnent la nature même de l’art. Selon Denizeau, ces controverses, amplifiées par la presse et le public, ne sont pas gratuites. Elles révèlent l’hypocrisie collective, stimulent l’évolution esthétique. Elles transforment également le rejet en reconnaissance posthume.

Richement illustré, cet ouvrage érudit invite à une relecture irrévérencieuse de l’histoire de la peinture. Choquer apparaît alors comme le prix du génie et le moteur du progrès artistique. Une lecture indispensable pour comprendre que l’art véritable n’hésite pas à transgresser. Deux réserves toutefois. L’ouvrage s’adresse au grand public, les connaisseurs seront dans doute déçus. D’autre part on s’interroge. Pourquoi donc avoir écarté l’Antiquité ou du Moyen Âge?

Les grands scandales de la peinture

Gérard Denizeau

Éditions Larousse

Jacques-Louis David entre art et histoire

Jacques-Louis David (1748-1825) est indéniablement une figure majeure du néoclassicisme. Il est aussi un révolutionnaire engagé devenu le premier peintre de Napoléon. Père fondateur de l’école française, il exerça une influence exceptionnelle sur l’histoire de l’art avec des portraits officiels mondialement connus.

Signé Arlette Sérullaz – ancienne conservatrice au musée du Louvre, grande spécialiste de David et Delacroix, auteure de plusieurs ouvrages en histoire de l’art –, cet ouvrage bien illustré coïncide avec l’exposition majeure au Louvre (15 octobre 2025 – 26 janvier 2026). Une exposition célébrant le bicentenaire de sa mort par une rétrospective d’une centaine d’œuvres.

Virtuose du dessin, coloriste de talent, David modernise la peinture d’histoire avec une sobriété et une précision inégalées. Au-delà des icônes comme Le Serment des Horaces, L’Assassinat de Marat, Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard ou Le Sacre de Napoléon, le livre narre sa vie mouvementée. Il décrypte par ailleurs ses techniques et révèle un apprentissage ardu, forgé à Rome, menant à la perfection néoclassique.

Sérullaz rappelle avec élégance que David sublimait la réalité : Napoléon sur un coursier cabré plutôt qu’un mulet, absents ajoutés au Sacre pour forger le mythe. Un rappel érudit qui nourrit notre imaginaire collectif.

Jacques-Louis David

Arlette Sérullaz

Éditions Larousse

Leonor Fini : portrait d’une artiste fascinante

En 2026, le monde de l’art célébrera les trente ans de la mort de Leonor Fini (1907-1996), peintre surréaliste argentino-italienne inclassable, connue pour ses toiles oniriques peuplées de figures féminines puissantes, de sphinx, de chats et d’un érotisme subversif. Cette commémoration s’annonce riche. La rétrospective Io sono Leonor Fini au Palazzo Reale de Milan en 2025 a déjà connu un grand succès.

C’est dans ce contexte que paraît Leonor Fini : La clef des songes, par Laurence Benaïm, journaliste et biographe experte en mode et art. Elle est notamment autrice de portraits sur Yves Saint Laurent ou encore de Marie-Laure de Noailles. Laurence Benaïm a également été commissaire de nombreuses expositions, dont La traversée des apparences. Quand la mode s’invite au Musée au Centre Pompidou (Beaubourg) en 2024. Un parcours dialoguant entre silhouettes de mode et œuvres d’art moderne.(voir l’article de Finelife tv ici Art et mode au Centre Pompidou)

Richement illustré (tableaux, photos de Brassaï, archives), l’ouvrage trace le parcours de Fini : enfance traumatique à Trieste, Paris bohème des années 1930, refus du groupe surréaliste d’André Breton, amitiés avec Elsa Schiaparelli (motifs et flacons), déluges de décors théâtraux. Et bien sûr une vie très libre. Un ménage à trois avec une armée de chats chouchoutés par une gouvernante. Karl Lagerfeld fait alors petit joueur avec son unique Choupette.

Laurence Benaïm démystifie les stéréotypes (sorcière érotique, dominatrice scandaleuse) sans les nier. L’artiste avait en effet le goût des masques, des fêtes et des excès. Mais l’autrice dévoile aussi une créatrice solitaire, pionnière de la fluidité genrée et de la liberté féminine.

Pour les experts, peu de nouveautés ; pour les autres, une entrée idéale qui humanise l’icône et questionne les clichés morbides ou vengeurs.

Poétique et érudit, ce livre ouvre les portes d’un imaginaire ensorcelant, parfait pour (re)découvrir Fini en cette période de célébrations.

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