Hélène Delprat sème un chaos doré à Marmottan

Hélène Delprat sème un chaos doré à Marmottan. Avec « Conversation autour d’une table » la plasticienne détourne les codes de la guerre et du faste Empire en un petit théâtre kitsch de la colère.

Le musée Marmottan rime avec impressionnisme. Les touristes s’aventurent dans ce 16e profond et vert proche du bois de Boulogne pour admirer les Monet. Parfois ils y croisent l’art contemporain comme une surprise. Érik Desmazières, directeur depuis 2020, organise en effet des « Rencontres inattendues ». Pour cette cinquième édition il a donné carte blanche à Helene Delprat. Elle a vu rouge et livré une oeuvre toute en dorures.

« Pour la première fois une artiste n’a pas voulu choisir une oeuvre mais le lieu entier » note Laurence Bertrand Dorléac commissaire de l’exposition. Et le lieu c’est le musée, un hôtel particulier-pavillon de chasse à la gloire de l’Empire. On y respire un air de faste et de guerre.

Un chaos doré comme une colère

Conversation autour d’une table l’installation d’Hélène Delprat


Deux choses qui irriguent Hélène Delprat de colère.
Veste à carreaux, cheveux ultra courts, œil et corps en (perpétuel ?) mouvement, la plasticienne accueille près de la table comme l’hôtesse d’un dîner. Car oui son Interprétation du lieu est une table. Pourquoi une table? Peut-être parce que la table symbolise l’apparat de l’Empire. Ou bien parce que c’est autour d’une table que l’on décidait de guerres. Ou encore parce que c’est sur une table que Napoléon et ses généraux posaient leurs plans de campagne.

La plasticienne, elle, y dépose un chaos doré. Un buste détourné de l’orfèvre Pierre-Philippe Thomire, une épée, un char. Mais elle essaime aussi une flopée de bacchantes, putti et autres déesses dénudées. C’est toute une brocante blingbling qui s’étale. Le tout en céramique dorée. Une expérience pour cette artiste connue pour ses peintures et ses vidéos.
« On ne va pas faire un état des lieux. Mais tout cela renvoie à la colère face à la guerre ». Les motifs muraux inspirés des vitrines des commerçants durant le premier conflit mondial illustrent pleinement la thématique. Mais quid des pieds en bois qui soutiennent la table entre chaines et bouteilles ?

Détournement et « esthétique du superflu »

« Un peu de vrai parmi tout ce superflu » souffle-t-elle. Le superflu : autre source de l’ire d’Hélène Delprat. Un faste qui se retrouve sur les murs avec les «tapisseries » léopard et les sculptures en polyester, matériau clef de l’installation avec la céramique.

Helene Delprat et Érik Desmazieres devant un détournement des vitrines protégées des commerces pendant la première guerre mondiale

Hélène Delprat s’est détournée de Claude Monet. Elle a aussi détourné Thomire, les vitrines de 14-18, les décors. Ce petit théâtre de la colère et du chaos est une belle Illustration du détournement, la marque de fabrique de l’artiste.

INFOS

Conversation autour d’une table Musée Marmottan-Monet du 26 avril au 16 octobre 2022 https://www.marmottan.fr/

Photo principale Portrait d’Hélène Delprat au musée Marmotan Monet 2022 © Valérie Sonnier

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