La ruine de sa demeure Mathieu Pernot expose à la Fondation HCB
La ruine de sa demeure Mathieu Pernot expose à la Fondation HCB . Un travail photographique puissamment émotionnel autant qu’un documentaire sur les conflits récents au Proche-Orient
Demeure est un terme puissamment émotionnel. Il renvoie d’une part à la notion de maison, de lieu de vie. Et de l’autre à quelque chose qui reste, quelque chose qui résiste à l’oubli, au temps comme aux destructions et aux guerres.
Le photographe Mathieu Pernot se saisit de cette intime résistant dans son exposition « La ruine de sa demeure » à la Fondation Henri Cartier-Bresson.
Cet intime c’est l’immeuble de son grand-père professeur d’université enseignant à Beyrouth entre 1926 et 1958. En d’autres termes sa demeure. La maison où il vivra avec sa femme et son fils, le père du photographe. Mathieu Pernot s’appuie sur cet appartement libanais qui sera presque pulvérisé par l’explosion de 2020 dans le port. Mais aussi sur les carnets de voyages de la famille pour livrer une « itinérance photographique » à travers le Moyen-Orient dévasté par les guerres. Il fixe ainsi ce qui reste, ce qui a résisté aux bombardements russo-syriens, à la terreur de Daesh, à l’explosion dans le port de Beyrouth.
« J’ai essayé de procéder par fragment et de récolter les morceaux d’une histoire comme un archéologue » précise -t-il.
Deux mémoires de ce qui demeure
Le carnet de voyage de famille témoigne d’une mémoire millénaire : celle des sites archéologiques. Baalbek au Liban en premier lieu. Ou encore la plaine de Ninive en Irak.
De son côté Mathieu Pernot photographie le site archéologique de l’ancienne ville assyrienne de Nimroud (Irak) entièrement dynamité par Daesh en 2015. Ainsi que les bas-reliefs de Karakoch eux aussi endommagés. Ces clichés rappellent également l’assassinat du directeur du musée de Palmyre (Syrie) par les islamistes.
Le photographe présente souvent ses oeuvres par diptyques ou triptyques. Les photos ne sont pas toujours liées mais se rejoignent dans le destruction, la ruine et ce qui reste. Une mise en perspective peut-être aussi de deux mémoires.
La vie : ce qui demeure dans les ruines des guerres
Indéniablement Mathieu Pernot ne fait pas dans la ruine et encore moins dans la belle ruine.
Il s’attache aux vivants et à ce qu’il reste de ce qui était habitué par les vivants avant que tout ne recommence. « Je travaille dans l’entre-deux, entre la destruction et la reconstruction » explique-t-il.
Et la vie surgit inopinément ou de manière apparemment décalée des immeubles d’Homs, Mossoul, Alep.
Des bâtiments qui par ailleurs semblent défier les lois de la pesanteur et tenir debout par grâce au par miracle. On distingue notamment un immeuble château de cartes. Un autre qui ressemble à dés collages de morceaux de béton. Un autre encore qui subsiste par strates aléatoires.
Dans l’exposition la vie surgit des ruines sous la forme d’un chien, d’une vache, d’un cheval à Mossoul. Ou encore d’une boucherie à Alep, d’hommes réparant des carcasses de voitures ou faisant une sieste à Tripoli.
Mathieu Pernot est lauréat du prix Henri Cartier-Bresson 2019. Le travail présenté à la FCB a ete financé par ce prix et soutenu par la Fondation d’Entreprise Hermès. On retrouve la touche documentaire du grand maitre de la photographie alliée à son humanisme
INFOS
Crédit photo : Photo principale Mathieu Pernot Beyrouth 2020
La ruine de sa demeure – Fondation Henri Cartier-Bresson du 8 mars au 19 juin 2022 https://www.henricartierbresson.org/
Related article La ruine de sa demeure Mathieu Pernot expose à la Fondation HCB
Henri Cartier-Bresson Le Grand Jeu BnF : 5 regards sur l’Oeil du siècle https://finelife.tv/fr/2021/06/25/henri-cartier-bresson-le-grand-jeu-bnf-5-regards-sur-loeil-du-siecle/
La ruine de sa demeure Mathieu Pernot expose à la Fondation HCB
Expo La Fondation Henri Cartier-Bresson interroge l’identité et la trace