Nom Constance Debré livre une bio politique décapante
Nom Constance Debré livre une bio politique décapante une auto fiction où l’héritière se met à nu, arrache les oripeaux des castes de la Ve République et prêche la probité
Nom : Constance Debré ascète résiliante
Au début on une pense à une poussée de développement personnel. Car Constance Débré a décidé d’aller bien. il y a quatre ans. Et elle l’annonce d’emblée.
Pour se recadrer elle vit de manière spartiate dans des chambres, se rase la tête chaque jour, écoute Bach, pratique yoga, vélo natation et butIne les femmes. Elle décrit avec un joli souci du détail. Le nom de l’appli qui dicte les minutes de pratique quotidienne d’asanas (30), l’adresse de la piscine, le nombre de jeans et des tee-shirts qu’il lui faut. Respectivement un et et deux. On croirait presque lire un communiqué contre la fast fashion et le vivre sain.
Mais Constance Debré n’écrit pas un manifeste de survie urbain face au changement climatique. Ni un traité, on y revient, de développement personnel. Ou alors très très personnel. Voire déviant. Elle s’applique à survivre à son passé. En prenant soin de son corps. C’est-à-dire en faisant exactement l’inverse de ses parents. L’un et l’autre se sont en effet consciencieusement détruits avec tout ce qui se faisait au fil des époques. Opium dans leur jeunesse, héroïne, médicaments et alcool dans leur phase parentale. Eux qui étaient la quintessence de la beauté l’ont déglinguée avec constance. En particulier sa mère, si grande avec de vastes mentaux et des chapeaux immenses. Constance Debré garde ce goût de la beauté. Tout en vomissant l’enfance entre deux parents toxicos. « Papa-maman est un cri d’esclave. Dix huit ans pour en sortir. Dix huit ans c’est c’est les peines qu’on prend quand on assassine ».
Dire non au nom et aux diktats
Et pour aller bien Constance écrit. Aussi et surtout elle écrit. Pour se débarrasser des encombrants. un superflu écrasant. Elle écrit une auto fiction aux allures de pamphlet thérapeutique dans lequel elle dit non à à peu près tout. Tout c’est son héritage de grande bourgeoise issue d’une famille qui a façonné la France et d’une autre, aristocratique et fracasse. Car entre deux descentes chez un dealer la petite Constance faisait des dessins dans le bureau de son grand-père. Elle calligraphiant sur du papier à en-tête du Conseil constitutionnel et de Matignon. La famille Debré a donné trois ministres gaullistes à la France dont un premier ministre constitutionnaliste compagnon du Général de Gaulle ainsi que des médecins et un rabbin. Un rabbin peu mis en exergue et dont Constance se fait un malin plaisir de rappeler l’existence.
Constance Debré n’est pas à une contraction près. Ce qu’elle rejette ce n’est pas ces parents drogués qui prennent si mal soin de leur corps mais sa famille de ministres. Comme d’ailleurs la culture élitiste. Car selon l’écrivaine, les drogués comme d’autres parias suivent une loi et une morale.
Écrire : un devoir moral contre la vie lamentable
Constance Debré était l’héritière dit-elle. Mais elle a trouvé mieux que la politique de ses pairs et son métier d’avocate au service des pauvres. Elle a trouvé l’écriture contre la vie lamentable. C’est-à-dire ? En bref faire les choses à demi, sacraliser l’enfance et la famille et avoir des aspirations de petits bourgeois. Rien de nouveau. Et bien ancré dans l’héritage anarchiste.
Mais le rappel est salutaire. « Ce cirque fou dans lequel on nous enferme, qu’on nous sert tous les jours dans les livres, les magazines, chez les psys, les juges, dans nos papiers d’identité (…) Elle a le vent en poupe cette obscénité depuis qu’il n’y plus de révolution ». Bref le conformisme qui chloroforme est à renverser. Bien plus cette croisade pour la décence, la probité et contre l’asservissement passe par une phase de terre brûlée « Il faut tout réinventer (….) si on veut se regarder une fois dans la glace avant de mourir, il faut tout passer à l’acide ».
Constance had a dream
Quand on lit Constance Debré on est saisi par son mélange de colère et de détresse, de force et de désarroi. On est touché(e) par la pureté un peu vintage de sa quête anarchiste. Tout en pensant au regard des aberrations climatiques et de l’abâtardisation ambiente que sa critique radicale, et parfois de mauvaise foi, est un sacré shaker de certitudes. Constance had a dream ….
INFOS
Nom
Constance Debré
Édition Flammarion 2022 https://editions.flammarion.com/
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