Rades : les bistrots des Gilets jaunes paisibles en beau livre
Rades : les bistrots des Gilets jaunes paisibles en beau livre . Guillaume Blot nous immerge dans la France des troquets en résistance contre la gentrification.
En rade : en panne ou à l’abandon voire en manque. Dérivé de l’anglais road. Mais aussi de comptoir et synonyme argotique de bar de quartier. Autre nom : troquet. Guillaume Blot fait le tour des rades en rade. En effet précise le photographe journaliste, le rade est un « espace en voie de disparition ». « Alors que l’on comptait plus de 200 000 troquets en France dans les années 1960, le nombre de licences IV a depuis vertigineusement chuté pour difficilement atteindre les 40 000 actuellement ». Bref c’est presque la fin des cacahuètes !
Constat surprenant. Les terrasses ont été prises d’assaut après la déconfinement et continuent de grignoter les trottoirs. Oui mais dans « Rades » Guillaume Blot ne parle pas d’espace bistronomique ou de dealers de latte au lait d’avoine. Il s’installe dans 89 zincs séculaires ou presque à Paris comme en périphérie. Et là on voyage entre clichés à la Cartier Bresson et ambiance camping des Flots bleus (oui le désormais célèbre).
Carte postale de Gilets jaunes paisibles
Voici la France version Gilets jaunes paisibles.
Côté ambiance rien ne manque. Il y a des cacahuètes sur soucoupe en très gros plan, comme le sandwich au pâté, le pastaga, les oeufs durs ou encore Le Parisien avec « Macron en première ligne » à la une. Sans oublier bien entendu le papier tue-mouche dégoulinant du plafond, un détail king size de Baby-foot, les tickets de PMU, les références au foot, les pancartes « Veuillez laisser cet endroit aussi propre que vous l’avez trouvé », « Pour le confort et le respect de tous merci de vérifier que vous n’avez pas laissé de traces de pneus derrière vous ».
La couverture de « Rades » montre Gérard en marcel dominical et lunettes noires accoudé devant un ballon de rouge. On croise également Damien le postier durant sa pause clope-orangina. Petit noir, demi et sandwichs frites pour Marie-Claude. Petite mousse également pour deux autres retraitées qui sortent du Lidl. Voilà pour quelques habitués.
Les propriétaires eux posent en faisant tinter les verres, en croisant les bras ou, comme Radah du Zorba, en se faisant des lunettes avec deux dos de tasse. Commentaire « Ça fait 13 ans que je bosse derrière le comptoir, à gérer les after, notamment quand les jeunes arrivent tous bourrés à 5h ». Car des jeunes et oui il y en a. Des teufeurs aux amoureux. Bonne nouvelle pour la survie du « patrimoine immatériel culturel français ».
Les chiens, eux, baillent ou dorment. Quant au cochon rose de Rémy il faut bien sûr lui toucher la queue car « ça porte bonheur ». Du bonheur « Rades en apporte ». Et des idées peut-être aussi pour les amateurs de tourisme immersif et local.
INFOS
Rades
Guillaume Blot
Éditions Gallimard Hoebeke https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Hoebeke
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