Maroc art de vivre et création
Maroc art de vivre et création .Catherine Scotto livre un voyage en architecture et design emprunt d’amour des savoirs traditionnels.
Pendant le confinement Catherine Scotto découvre le Maroc. À distance, sur la trace de ses ancêtres, marins italiens et espagnols, qui voguèrent vers l’Afrique du Nord au XIX ème siècle. « Il ne me reste de ce passé colonial qu’un album photo jauni, quelques livres, un trousseau de clés qui n’ouvriront plus aucune porte » écrit la journaliste spécialiste de décoration. Elle se documente pendant deux mois, dessine son chemin intérieur puis part avec le photographe Nicolas Mathéus.
En écho à son cheminement intime, Catherine Scotto construit son livre comme un voyage. Du Nord qu’incarne Tanger, au Sud désertique en passant par le Centre de la mythique Marrakech et bien sûr l’Atlas. Elle s’attarde sur des adresses incontournables comme Majorelle ou la Mamounia comme sur des lieux moins connus voire confidentiels.
Couleurs, matières du Nord au Sud
Les couleurs se bousculent. Les verts du Jardin Majorelle, lieu chéri par Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, cèdent une page plus loin devant la blancheur défensive des terrasses de Tanger. Le bleu de la mer défie la pâleur des plages. Le brun des villas de terre et des kasbahs fortifiées de l’Atlas s’adoucit au contact des teintes subtiles des fontaines intérieures de pierre ou de marbre. Partout patios aux carreaux ocres, murs en pisé, moucharabiehs de bois dispensent ombre et fraîcheur. Indéniablement une architecture et une décoration raffinées et conçues pour répondre aux défis du climat.
Côté design la couverture du livre donne le ton. Sol rose ancien, mur blanc et bleu, banc rouge. En quatrième de couverture la transparence des verres, les déclinaisons des poteries, les stries des carreaux et les tissage d’un Mondrian qui aurait avalé Majorelle.
Au fil de l’ouvrage on découvre un festival d’objets qui peuvent vivre seuls ou encore agencés à un ensemble. Notamment des tables aux carreaux vert pistache dans un jardin protégé par des treilles. Ou bien une piscine derrière des claustras en brique inspirés des séchoirs à tabac espagnols.
Le traditionnel croise l’ultra design.
Ainsi ce tapis berbère aux couleurs très vives tissé de motifs gourmands. Ou encore cette chaise en fil de métal surplombé de deux courtes croix dorées, posée près de marches bleues et blanches. La chaise semble en apesanteur dans un souffle de blanc.
Le retour des savoirs traditionnels menacés
Le livre de Catherine Scotto n’est certes pas un ouvrage militant. Il est plutôt une rencontre avec des amoureux de la terre marocaine. Toutefois il présente, à travers designers, artisans, propriétaires des lieux choisis, des combats individuels ou collectifs.
On constate de fait un retour en grâce de artisans de la terre alors que les techniques étaient menacées de disparition. Pourquoi ? Réponse : avant tout parce que les savoirs vernaculaires sont à la fois efficaces et pionniers en matière d’environnement.
D’abord des techniques de construction écologiques avant l’heure. Citons aussi l’exemple les potiers qui façonnent des pots avec un mélange de terre de Fès de Salé qui ne gèlent pas et résistent aux intempéries. Autre focus : les artisans qui impriment un motif de palmier sur des carreaux de terre crue puis vernissée. Résultat de jolis et solides panneaux décoratifs au beau brun jaspé de vert.
Des adresses, des paysages et des lieux
L’ouvrage est émaillé de photos belles et classiques. Oasis, montagnes, océans alternent avec les paysages intérieures imaginés par des hommes et des femmes. On retient entre autres le très tendance restaurant Jajjah (Marrakech) aux murs creusés de boites de thé et aux couleurs acidulées.
INFOS
Maroc art de vivre et création
Catherine Scotto
Éditions de La Martinière https://www.editionsdelamartiniere.fr/
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