Natexpo décryptage des tendances avec Pascale Brousse
Natexpo décryptage des tendances avec Pascale Brousse .Le salon du bio se tendra fin octobre avec corners food mais aussi cosmétiques. Tour d’horizon des tendances confirmées et émergentes de l’ultra localisme aux aliments fermentés en passant par la santé mentale.
Pascale Brousse a fondé le cabinet de conseil Trend Sourcing en 2000, après 9 ans chez l’Oréal. Conférencière green, clean et sustainable lifestyle elle cumule les participations. Elle est ainsi membre du Cew (réseau des professionnels de la beauté), du Comité des Sages de l’association « Slow cosmétiques » et de Spa-A. Pascale Brousse décode également les tendances pour Natexpo.
Précision : les tendances ont été dégagées à partir de l’observation des exposants Natexpo. Elles relèvent plus des « orientations installées » que des signaux faibles.
Localisme et ultra localisme
Léonore Cottrant : Vous insistez sur la place du localisme. Voire de l’ultra localisme avec notamment une micro laiterie. Pourtant des produits très appréciés comme les épices ou le chia ou encore les fruits exotiques ne sont pas vraiment issus de l’agriculture de proximité. Comment expliquez-vous ce décalage ?
Pascale Brousse : Oui parfois même les produits cumulent les mauvais points. Par exemple l’avocat est l’un des super aliments stars. Or on sait que la culture des avocats mexicains est une source de revenu pour des cartels.
Il existe une frange de consommateurs qui se montre intransigeante sur l’origine et sur la composition des produits. Mais les consommateurs cherchent avant tout à se faire plaisir. La question de l’arbitrage est aussi essentielle. On peut ainsi accepter de se restreindre pour consommer mieux.
Les alternatives existent mais encore de manière confidentielle. Certaines marques remplacent le karité. Dans le registre du « responsable » d’autres proposent du guarana produit par des communautés.
Expériences végétales et retour de la fermentation
– C’est la tendance boost végétal ?
– On observe l’émergence d’une nouvelle génération de produits et de compléments alimentaires issus de la synergie entre sciences, savoirs ancestraux, ingrédients stars, huiles essentielles, probiotiques et algues. Parallèlement de nouveaux goûts et textures apparaissent et une cuisine plus végan et végétale se développe. Citons une alternative à l’œuf sous forme de poudre à mixer.
Il y aussi la retour de la fermentation. Elle s’inscrit dans les recherches scientifiques sur le microbiote mais reste encore peu connue du public. En Corée par exemple le kombucha est un aliment courant. En France il faut encore travailler la lisibilité de produits traditionnels comme la choucroute, les fromages et yaourts du kefir à la feta en passant par le roquefort.
Packaging entre solide et nomadisme
– Vous avez également retenu les mutations du packaging. Pourtant dans les compléments alimentaires par exemple les dosettes dominent, le vrac vient en deuxième position. Explications ?
-Il faut regarder si les ingrédients ne s’altèrent pas dans un conditionnement « en vrac ». Ensuite Il faut prendre en compte la nature des emballages : contenant facilement recyclable ou pas, film protecteur lui aussi facilement recyclage ou non (plastique ou matériau complexe).
Par ailleurs les consommateurs sont pragmatiques. Une dosette est plus pratique à manier, à transporter.
Il faut aussi intégrer le nomadisme dans les pratiques. Le consommateur passe d’un usage à un autre. On le voit aussi dans les nouvelles façon d’acheter les denrées alimentaires. Les marchés, les coopératives, la ferme etc en plus du magasin et de la vente en ligne.
Il est toutefois vrai que l’industrie du packaging a réagit très tard pour des raisons notamment structurelles car les process de fabrication sont lourds. Des changements sont en cours et l’ACV (analyse du cycle de vie du produit) est déjà bien intégrée par les entreprises. De plus le retour de la consigne du verre est prévue en 2024.
Le solide a également gagné des parts de marché. Dans les cosmétiques comme dans les produits d’entretien. Cela limite la quantité d’emballages. Les shampoings solides sont à l’honneur depuis 10 ans comme les après shampoings et le DIY. Les formats en poudre pour ne plus transporter d’eau sont plus récents. Du gel douche et du dentifrice aux boissons ou aux nettoyants.
Santé mentale
-Le rouleau compresseur du développement personnel touche la santé mentale. Votre analyse ?
– Le développement personnel peut se décliner en dévoilement de soi-même. « Moi aussi j’ai un souci, je souffre mentalement et voilà mes recettes ».
À la fin des années 90 la vague du spa répondait à la pression professionnelle. L’attaque des Twin Towers et plus tard le Covid19 ont également généré des besoins de réponse face à la pression mentale. Selon une enquête (1) près d’un Français sur quatre (24 %) montre des signes d’un état anxieux, quand quasiment un sondé sur six (17 %), reconnaît des signes d’un état dépressif. Les jeunes sont particulièrement sensibles à l’anxiété.
Le corps est le dernier refuge écrit le sociologue Lebreton quand tout s’écroule autour de nous. Les réseaux sociaux ont contribué à libérer la parole, à créer des communautés. On prend soin de soi à travers le yoga et la méditation, ces nouvelles formes de voyages. On se calme avec le CDB, les femmes apprivoisent leurs biorythmes avec des compléments alimentaires, des infusions. Enfin la detox attitude se prolonge avec des formules sans alcool. Après le travail, les jeunes urbains peuvent remplacer les boissons alcoolisées par des mocktails de plus en plus variés, savoureux et sans la toxicité de l’alcool.
(1) CoviPrev Santé Publique France BVA décembre 2022
Le bio pour qui ?
-Le bio reste difficilement accessible pour les petits budgets surtout en période d’inflation. Des pistes pour accéder à une nourriture plus saine ?
-Pas vraiment. La part de l’alimentation dans le budget des ménage a beaucoup diminué ces dernières décennies. Les consommateurs se sont habitués aux prix bas et aux aliments transformés. On mange trop et mal. Il faut réapprendre à cuisiner, faire des choix de vie. Le bio rassasie mieux. Par exemple la viande et les poissons industriels sont gorgés d’eau. Ce qui n’est pas le cas des animaux élevés par les petits producteurs.
INFOS
Natexpo du 22 au 24 octobre 2023
De 9h30 à 18h30
Fermeture à 17h00 le mardi 24 octobre
Paris Nord Villepinte, Hall 6
Related article Natexpo décryptage des tendances avec Pascale Brousse / Natexpo décryptage des tendances avec Pascale Brousse