Expo Mamma Andersson l’art de l’adieu
Expo Mamma Andersson l’art de l’adieu. Dans Adieu Maria Magdalena l’artiste suédoise explore la perte, la mélancolie dans des intérieurs habités par des objets intimes ou bien ouverts sur la nature en jouant avec des perspectives dans les perspectives. Les œuvres nous immergent dans un temps aux frontières floues qui désorientent pour mieux réveiller nos affects.
Le titre donne le ton. Celui d’une fin. La fin d’un temps. Le temps où Mamma Andersson habitait près d’une église du XVIIe siècle, Maria Magdalena, située au centre d’un quartier de Stockholm. L’artiste, lauréate du prix Guerlain pour le dessin contemporain, travaille les affects. Le rendu est une mélancolie décalée, flottante, dont la puissance est assurée par un travail sur les perspectives ainsi que par des objets évoquant le théâtre, les mythes, le quotidien flouté. Ici des masques, là des médaillons, là encore des miroirs ou des mains de mannequins. « Tous les objets sont les miens. Je les ai trouvés ou reçus en cadeau » explique Mamma Andersson « Cette exposition est très personnelle ». On y trouve en effet aussi bien ses centres d’intérêt que ses fragments de vie passée. Et bien sûr l’imaginaire de la créatrice indiqué par les miroirs. Un monde très inspiré par les énigmatiques scènes d’intérieurs du peintre danois Vilhem Hammershøi.
Mamma Andersson : sorcière de la composition
D’emblée le vide. Le tableau « Adieu Maria Magdalena » travaille la représentation afin de jouer sur les émotions. On y découvre un paravent dont les panneaux représentent des vues d’intérieurs inhabités et les récurrentes mains de mannequins. Ces mains ouvertes à terre installent une sorte de sentiment de vide, de perte du passé, celui de la vie dans le quartier de Maria Magdalena.
Les intérieurs de Mamma Andersson alternent le huit clos et l’ouverture vers des paysages suédois : lacs, forêts, montagnes. On retrouve la touche subtile de Carl Frederik Hill. Mais l’ouverture ne fait in fine que renforcer le sentiment d’espace domestique fermé ou figé voire de claustrophobie. Ce sentiment d’étrangeté domestique tient notamment au jeu des perspectives. Des murs en coin, des murs face à des murs, des murs et des étagères ou encore des murs et des objets hétéroclites mais toujours porteurs de symbolisme et d’émotions comme les miroirs ou les masques. Mamma Andersson est une sorcière de la composition.
Présence textile
Dans l’exposition « Adieu Maria Magdalena », Mamma Andersson présente des œuvres sur toile. Elle s’attache aux superpositions de couleurs. « Regardez de profil vous verrez des endroits où les couches forment des proéminences » suggère l’artiste suédoise. Sur le mur paysage de « Quel bordel » et sur le motif du médaillon on remarque aussi un travail méticuleux au rendu textile. « Armageddon » représente d’ailleurs une grande broderie suzani présente chez l’artiste.
Une expo à voir pour sa puissance émotionnelle et son interprétation de l’univers Vilhem Hammershøi.
INFOS
Galerie David Zwirner : 108 rue Vieille du Temple, 75003 Paris
Jusqu’au 18 novembre
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