Art Les Fleurs du mal version Guerlain
Art Les Fleurs du mal version Guerlain . 26 artistes internationaux – émergents ou stars- livrent leur interprétation du sulfureux opus de Charles Baudelaire.
Dans la prolongation de la semaine de l’art et de Paris + par Art Basel, Guerlain se penche sur les Fleurs du mal.
En premier lieu pour fêter un anniversaire. Celui du Flacon Abeilles. L’Impératrice Eugénie, philanthrope et protectrice du poète, a en effet commandé l’iconique flacon il y a 170 ans.
Ensuite parce les fleurs évoquent la nature (en l’occurrence tourmentée et peu bucolique) thème déjà traité dans certaines expositions.
Enfin Guerlain version LVMH vend son intérêt pour l’environnement. En 2023 la Maison « s’associe à Lee Ufan Arles en créant le Lee Ufan Arles x Guerlain Art and Environment Prize qui récompensera, chaque année, un projet mettant au cœur de ses préoccupations les rapports féconds et multiples entre la création artistique et l’environnement » lit-on dans dans le dossier de presse.
Au programme 26 artistes internationaux – émergents et figures majeures de la scène actuelle – sur les trois niveaux de la boutique des Champs-Elysées. La sélection est réalisée par Hervé Mikaeloff promu commissaire de cette 16ème édition des expositions annuelles d’art contemporain. Elle intègre une pluralité de médiums artistiques. Une dizaine de créations sont inédites et produites spécialement pour l’événement.
Robert Mapplethorpe, Nobuyoshi Araki ou Mimosa Echard : des fleurs poétiquement vénéneuses
Le chef d’œuvre sulfureux de Charles Baudelaire est-il servi par la programmation ? Parfois oui indéniablement.
Le choix de Robert Mapplethorpe s’imposait. Il partage avec Baudelaire, l’exploration de la sexualité comme un parfum de mort et de scandale. L’exposition présente deux tirages : un Cactus très phallique et une Orchid aux vulves largement ouvertes.
Très sulfureux, Nobuyoshi Araki était aussi une évidence. Le photographe japonais est connu pour ses femmes nues cordelées mais aussi pour sa signature florale où l’érotisme bondage puise dans l’essence séminale des fleurs. Ici les pistils de ses fleurs semblent éclairées par des Redlights.
Yan Pei-Ming éclaire subtilement le thème très baudelairien de l’amour et de la mort avec Les Roses bleues du mal, une couronne de roses parsemée de crânes.
De son côté Mimosa Échard livre une orchidée puissamment troublante prise dans des secrétions extatiques. L’artiste, prix Marcel Duchamp 2022, a notamment exposé au Palais de Tokyo. Elle s’y penchait en particulier sur les ambiguïtés des myxomycètes. À savoir des organismes monocellulaires qui empruntent leurs caractéristiques à plusieurs règnes. Une illustration de son travail sur l’interpénétration des systèmes organiques et du non vivant.
Ambiguïté toujours avec les fleurs de viande d’Oda Jaune qui suscitent attraction et répulsion.
Jean-Michel Appriou, lui, est à l’honneur durant cette deuxième édition de Paris + par Art Basel. On le trouve sur la foire mais aussi au Louvre qui lui a commandé une nouvelle estampe, Constellation du Louvre, un récit allégorique de l’histoire du musée. Ici son buisson de ronces aux roses ardentes évoque une menace. Le surgissement de créatures issues de son univers onirique peut-être.
Danger que l’on retrouve dans les fleurs carnivores de Marcello Barcelò.
Attention nature fragile
Beaucoup moins sulfureuses, d’autres œuvres et installations alertent sur la fragilité de la nature.
L’artiste ukrainien Mykola Tolmachev présente une Fleur du mal en forme de rose cordelée à la fois sadienne et menacée. Tandis que Jiang Zhi donne à voir la souffrance d’orchidées en flammes. Et que Laurent Grasso interroge les mutations à travers la série Future Herbarium où les fleurs se dédoublent.
Côté installation Pauline d’Andigné applique ses mottos au thème de l’exposition. L’hyperconsommation prend alors la forme des dahlias fragiles englués dans un sorte de sirop ou encore d’une installation où des fleurs en vinyle retenues par des chaînes semblent fondre.
Autre atmosphère avec Constellation de l’artiste autodidacte Duy Anh Nhan Duc et ses pissenlits dont les aigrettes s’envolent au gré du passage des visiteurs.
Corner beauté
On remarque enfin des œuvres à classer dans une sorte de « corner beauté ».
La sublime pièce composée de déchets plastique recouverts de fils de soie et d’or signée Ghizlane Sahli. Un bouquet géant de fleurs et de coraux venus des abysses. Ou encore le vase lys de la Danoise Anna Aagaard Jensen évoquant à la fois une grâce surannée et une perte.
INFOS
La Maison Guerlain
68, avenue des Champs-Élysées, 75008 Paris
Ouvert du lundi au jeudi : 11h - 20h
Vendredi et samedi : 10h30 - 20h30
Dimanche : 11h30 - 19h
Entrée libre
Jusqu’au 13 novembre
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