Prix COAL art et écologie 2023
Prix COAL art et écologie 2023 . Pour ses 15 ans, l’association a distingué le collectif Al-Wah’at pour son projet Wild Hedges. Les candidats devaient s’attacher aux plantes et mettre l’art au service de leur préservation et de leur résilience.
En pleine COP28, fronde de l’OPEP et annonce d’une COP29 en Azerbaïdjan, le prix COAL est une bouffée d’art pur. COAL n’a évidemment rien à voir avec le charbon. Il porte le nom d’une association créée en 2008 : la Coalition pour une écologie culturelle.
Le COAL a remis les prix 2023 dans les prestigieux hôtels particuliers du musée de la Chasse et de la Nature dans le Marais. La Fondation François Sommer qui gère le musée fait d’ailleurs partie du jury.
Pour cette 14ème édition, le jury a épluché 757 dossiers d’artistes provenant de 57 pays.
Une journée d’ateliers, de performances et de conférences au milieu de l’exposition Animal Kingdom a précédé la cérémonie. Nom : Sans réserve. « Un nouvel événement récurrent, artistique et festif, qui donne la parole aux artistes engagés pour l’écologie » créé pour les quinze ans de COAL.
Objectif : créer de nouveaux récits et mettre en avant d’autres imaginaires.
Premier prix Al-Wah’at : le figuier de barbarie résilience et colonisation
Au XVIe siècle que le figuier de barbarie est introduit en Europe par les conquistadors afin de cultiver son insecte parasite, une espèce de cochenille à l’origine d’un pigment rouge apprécié. Mais si la cochenille ne survit pas au climat, le cactus, lui, se répand largement devenant une menace pour les autres espèces. En conséquence on réintroduit l’insecte qui à son tour devient prédateur du cactus emblème des paysages méditerranéens.
Le collectif Al-Wah’at est composé de trois artistes qui vivent et travaillent en Palestine, au Royaume-Uni et en Espagne. Ils se concentrent sur le développement « des pratiques communautaires au cœur d’écosystèmes généralement considérés comme hostiles ou sans vie« . Comme le figuier de Barbarie qui survie avec un minimum d’eau. La plante incarne ainsi un modèle de résilience « pour le futur, à l’heure où, sous l’effet du réchauffement climatique, les tensions geo-politiques pour la gestion de l’eau ne cessent de s’intensifier ». Le collectif, en collaboration avec les populations locales, met en avant les atouts de la plante. Notamment l’utilisation de sa fibre pour les vêtements, dans l’entretien des bâtiments. Mais aussi son rôle dans la réactivation des activités culinaires et vivrières autour du cactus.
Prix spécial du jury : Fabiana Ex-Souza les graines du renouveau
Fabiana Ex-Souza montre des images d’un manteau qui a été enterré. Le retour à la terre de fibres de plantes qui en donneront de nouvelles. Qui sait un tournesol peut-être. Surprise. La Brésilienne présente ensuite un agencement de graines. Les graines de la colonisation comme le café, le coton, le tabac, le maïs, les haricots. Car à travers Trouxas de mandinga Fabiana Ex-Souza « cherche à sublimer le passé colonial des plantes en potentiel de guérison » en graines du renouveau.
Diplômée des Beaux-Arts à l’école Guignard au Brésil, Fabiana Ex-Souza vit et travaille à Paris. Ses performances ont notamment été présentées à la Fondation Cartier, au Musée national d’art moderne – Centre Pompidou et à la Maison de l’Amérique Latine.
Mention Nova_XX : Laura Cinti AI cherche femelle
C’est peut-être le prix le plus visuel, le plus vitaminé. Avec les couleurs de l’Encephalartos woodii, un type de Cycas qui intéresse Laura Cinti. L’artiste se focalise sur les plantes rares voire uniques. En particulier sur cette plante originaire de la forêt de Ngoye en Afrique du Sud. Elle est en effet considérée comme éteinte à l’état sauvage pour cause de disparition de spécimen femelle. Avec AI in the Sky Laura Cinti souhaite se servir de l’intelligence artificielle et de la technologie des drones pour localiser un spécimen femelle afin de faire renaître le cycle naturel de la plante.
Scientifique et spécialiste du bio-art, Laura Cinti vit et travaille au Royaume-Uni. Ses œuvres ont été présentées, en France, à la Fondation EDF et à la Maison européenne de la photographie.
Mention Ateliers Médicis : Shivay avec Ciels qui parlent
Le prix récompense le travail de Shivay avec la calebasse, fruit et plante disséminés par les flots, présente sur toute la planète. La calebasse est aussi un « objet utilitaire, décoratif, musical ou religieux, utilisée en poison ou en remède ». Ciels qui parlent propose de rendre hommage aux savoirs-faire liés à la calebasse. Des pratiques en perdition. Ceci à travers une installation sonore. Le dispositif diffuserait « la mémoires des gestes, des voix et des êtres qui utilisent la calebasse ».
Justine Pannoux -Shivay la Multiple- est née en 1993 à Besançon (France). Elle vit et travaille entre Paris et Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Son travail a été présenté au Mexico, à Shanghai, au Palais de Tokyo, à la Fondation Fiminco ou encore dans le cadre de la l’exposition 100% à la Villette.
Shivay a effectué des résidences de recherche en Croatie, Guyane, République Démocratique du Congo (RDC), Sénégal, Ouganda. Elle s’apprête à repartir. Elle mériterait le prix de plus haute empreinte carbone.
Prix étudiant : les mauvaises herbes de Louisa Selleret
Les mauvaises herbes. Ces incomprises des amateurs de gazon immaculé et de jardiniers de résidences. Mais les vilaines vont peut-être revenir en grâce. De même que les plantes non endogènes dites invasive vont peut-être redorer leur blason.
Avec Adventices, Louisa Selleret imagine un dispositif itinérant lui permettant de collecter ces plantes prolifiques puis de transformer la matière gorgée de cellulose écartée. Elle la réduit ensuite en pâte à papier et la reconstruit en utilisant les codes formels de l’anatomie de biologie végétale. Résultat : une grande fresque faite de multiples textures et couleurs. Un outil pédagogique également qui informera sur les plantes invasives.
Louisa Selleret est élève en Création Industrielle à l’ENSC. Elle va déserter l’école pour un tour de France des herbes.Elle va notamment se rendre à l’Hydrocotyle Fausse-Renoncule dans le Nord, à la Renouée de Bohème dans les Côtes d’Armor, au Lysichite Jaune en Haute-Vienne. Mais également au Baccharis à feuilles d’arroche en Gironde, au Grand Lagarosiphon en Lot-et-Garonne, et à l’Herbe à Alligator dans le Vaucluse.
Le Prix COAL
Le prix COAL a été crée en 2008.
En quinze ans le collectif COAL comptabilise 297 actions, 52 expositions sur les enjeux écologiques, 2 COP, 14 éditions du prix COAL, 14 programmes culturels de territoires, 6 programmes européens
Les lauréat(e)s reçoivent une dotation qui varie entre 3000 et 12 000 euros et bénéficient d’une résidence.
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