Livre Frédéric Ploussard toute blanche apocalypse

Livre Frédéric Ploussard toute blanche apocalypse .Un roman déjanté où une jeune femme fuyant son mari violent croise la route d’un savant allumé qui, en manipulant une bactérie des abysses, va déclencher un changement climatique radical. Vers une fin du monde version bonhomme de neige très très vorace ?

Apocalypse blanche, petite mort feutrée, Frédéric Ploussard imagine une catastrophe immaculée. Le résultat des expériences d’un Dr Folamour prénommé Sylvestre. Un père Noël qui n’est certes pas une ordure mais bien un Tournesol givré.

Bactérie vorace, changement climatique et satire scientifique

Sylvestre Tapinsky a en effet remonté des abysses une bactérie vorace qui, traficotée dans un labo dédié aux textiles, va d’abord produire des tee-shirts, sous-vêtements et casquettes qui maintiennent le corps au frais. Dix-neuf degrés. Pile-poil. De fait un bon filon avec les canicules qui s’installent à l’abri du changement climatique. Il y a bien eu des dégâts colattéraux avec la mort de deux cobayes qui n’ont pas résisté aux nouilles chinoises accommodées à l’eau des expériences tech-textile lors d’une semaine du goût. Mais enfin presque rien, une broutille face à l’enjeu industriel que représente l’adaptation aux nouvelles températures.

Toutefois les choses se corsent quand Sylvestre Tapinsky bricole dans son labo une invention bien plus ambitieuse. Il parvient en effet à faire neiger dans la station alpine de Bourgevel. La bactérie vorace a indéniablement des vertus multiples. Le maire est aux anges. La neige c’est l’or blanc des montagnes. Et l’or des édiles tout court. Et là tout part en quenouille. La fin de la civilisation version bonhomme de neige très très vorace ?

Personnages truculents et rythme soutenu

Frédéric Ploussard applique les recettes de son livre précédant. Le truculent et incendiaire Mobylette. Critique des élus locaux corrompus, références aux foyers d’éducation où il a longtemps travaillé, palette de personnages bien campés.

Il y a bien entendu l’héroïne, Blanche, qui fuit son mari violent pour éviter un féminicide plus que certain. Mélina et Arsène Tapelot, le couple de marchands des sous-vêtements « frais », thermorégulés grâce à la bactérie vorace de leur « ami » d’enfance, le chercheur Sylvestre Tapinsky. Le vilain maire, Grosdidier ainsi que le très très vilain tueur à gages de ce dernier qui souffre d’une forme rare de narcolepsie. Il s’endort au moindre flocon de de la neige. Et tout là haut, dans sa capsule, une version très peu sexy de Thomas Pesquet. L’ultime commentateur de l’apocalypse blanche qui s’empare de la terre. Piqsirsuq en Inuit. La chute de neige ultime.

Comme dans Mobylette le rythme est soutenu entre bagarres et courses poursuites sur terre, neige et mer. Les situations sont cocasses, l’humour perfide. Parfois un peu lourdingue dans le cas de Tout blanc.

Frédéric Ploussard s’attaque aux violences conjugales comme il avait dénoncé avec mordant les maltraitances subies par des enfants de l’ASE. Il tourne en dérision macabre les sciences, la tech et le cornucopianisme. Et pointe bien sûr le changement climatique. L’auteur s’est documenté, pour notre plus grand plaisir et une inquiétude certaine, sur les méthodes de pulvérisations des nuages. De même que sur les armes. Normal avec une humanité en mode survie et des héros qui fuient un tueur en colère.

Tout blanc comme un flocon asthmatique

Tous les ingrédients sont là pour une bonne poilade avec en background des sujets on ne peut plus sérieux. Tout est là mais rien ne décolle. Un peu comme la fusée de Thomas Pesquet alias Matthias Lescut. Qui, elle, va finir par prendre son vol. Avec Tout blanc, on reste à terre malheureusement. On sourit parfois, on ne s’ennuie pas, on a plaisir à lire pas mais on regrette le souffre irrésistible et pétaradant de Mobylette. Frédéric Ploussard est déjà à la tâche pour un troisième livre. On a confiance. La bactérie vorace ne lui a certainement pas pas figé le talent.

INFOS

Tout blanc

Frédéric Ploussard

Éditions Héloïse d’Ormesson

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