Expo La société des spectacles l’art des artifices
Expo La société des spectacles l’art des artifices . À la Fondation Pernod Ricard, Ulla von Brandenburg et Farah Atassi animent un cabaret de danseuses figées.
Il est très haut, très long et très coloré. C’est le rideau conçu par Ulla von Brandenburg pour l’exposition La société des spectacles. Un rideau de coton rigide comme ceux des spectacles justement. Avec des élans et des coulées de couleurs. Ce vaste tissu de 15 pièces enveloppe de l’intérieur, comme une œuvre de Cristo inversée. Un cocon autant qu’un compagnon pour les pièces de Farah Atassi. Sur des murs mauves, jaunes, roses, verts ou bleus, des accrochages de danseuses stylisées, parfois en scène, parfois au repos.
Si le nom de l’exposition est une référence explicite au livre de Guy Debord, il dérive également d’une constatation de la commissaire, Marjolaine Lévy. « On assiste au retour des avant-gardes dans l’art contemporain depuis les années 2 000 avec l’idée que l’art doit s’ancrer dans la vie, infuser dans les sociétés » explique-t-elle lors de la conférence de presse. Et pour incarner cette relecture du modernisme Marjolaine Levy a convoqué deux « figures singulières. Une rencontre qui certes parfois grince. Mais qui à travers les couleurs, la chaleur, les espaces donne une vision de ce phénomène ».
Rideau et bal des apparences
On passe le rideau et le spectacle éclate. La couleur est effectivement prégnante. Rideau, murs, tableaux, maquettes, films en sont gorgés. Ulla von Brandenburg a été formée au théâtre comme aux arts plastiques et à l’architecture. Mais elle est aussi férue de psychanalyse, de spiritisme et de magie. Rien d’étonnant alors que derrière le rideau l’atmosphère soit singulière. On passe de saynète en saynète en écartant les tentures. On attend presque un Monsieur Loyal qui animerait une pièce de théâtre du Bauhaus. Dans son film découpé en 3 parties Ulla von Brandenburg fait jouer une troupe. La même depuis 10 ans. Il s’agit notamment d’un hommage à Sonia Delaunay et à sa robe simultanée. Le jeu des textiles et celui des acteurs créent des illusions d’optique propices au déploiement de la magie.
Danseuses aux oranges
Manipulations de la couleur et du spectre géométrique se retrouvent chez Farah Atassi. L’artiste belge excelle dans la mise en exposition des formes. Ici elle suit un double fil : les oranges et une géométrie de la danse. Ou plutôt des danseuses et des acrobates de cabaret. On distingue les repentirs et parfois une goutte de peinture figée. Comme un mouvement à l’arrêt.
Les oranges sont présentes dans tous les tableaux. En écho, ici, au récent film de Ulla von Brandenburg « La fenêtre s’ouvre comme une orange ». Mais aussi peut-être à Paul Elluard « La terre est bleue comme une orange » et plus certainement aux ballets d’Oscar Schlemmer. Corset et ressort, jambes figées … les tableaux évoquent « un cabaret mécanique » selon Farah Atassi.
À l’époque de toutes les mises en scène, de soi et des événements, ce cabaret pimenté fait réfléchir sur l’intime.
Photo principale : de gauche à droite Ulla von Brandenburg, Farah Atassi et Marjolaine Levy.
INFOS
La société des spectacles
1, cours Paul Ricard
75008 Paris
Du mardi 13 février au samedi 20 avril 2024.
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Nocturne mercredi jusqu’à 21h
Lundi sur rendez-vous
Entrée libre
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