Expo Tracé bleu architecture verte au 104Paris
Expo Tracé bleu architecture verte au 104Paris .L’agence Architecturestudio imagine un parcours qui mêle art, maquettes, dessins et installations ludiques pour célébrer l’habitat issu de l’économie bleue et mobiliser les imaginaires au service d’une empathie avec le vivant comme de l’urgence climatique.
Au CentQuatre, de drôles de logo bleus sont posés sous la Halle Aubervilliers. On y passe la tête, on y marche ou bien on y va de son selfie. L’œuvre modulable de Krijr de Koning sert en fait d’entrée dans le Tracé bleu, une exposition qui ouvre le monde pas si alternatif ni utopique de l’économie bleue.
L’économie bleue est « l’utilisation durable des ressources océaniques en faveur de la croissance économique, l’amélioration des revenus et des emplois, et la santé des écosystèmes océaniques » selon la Banque mondiale. Mais c’est aussi une économie durable basée sur les principes de circularité, d’énergies renouvelables et de low tech.
Architecturestudio, un collectif multiculturel et engagé de 150 architectes, concentre ces principes dans un Tracé bleu. À la fois livre et exposition itinérante, le concept fête les 50 ans de l’agence créée en 1973. Après la Biennale d’architecture 2023 de Venise, Le tracé Bleu s’installe à Paris avant de migrer à Shanghai (Chine) puis à Abidjan (Côte d’Ivoire).
En 2050, deux-tiers de la population mondiale habitera en ville. L’architecture a donc une importance centrale dans ce monde de presque tout de suite. Une architecte durable et créative. On le voit dans l’exposition qui comprend 3 étapes, Re.sourcer, Ré.générer, Ré-agir, et qui inclue l’art pour ouvrir les imaginaires, insuffler un sentiment d’urgence climatique, établir connexion et empathie avec le vivant.
Art : ouvrir les imaginaires et éveiller l’urgence
La première vidéo utilise toute la puissance de l’émotion. Slow violence a l’impact d’un coup de poing. Le début du film nous immerge dans une forêt presque irréelle de beauté. Celle de Hambach, en Allemagne. L’artiste français Joanie Lemercier s’attarde sur le fourmillement de vies, joue sur les effets de lumière. Ensuite arrive la violence brute. Sous différents angles, le réalisateur suit les mâchoires d’immenses excavatrices. Elles mordent la terre, raclent les sols. Elles ont détruit près de 80% de la forêt ainsi qu’une église. Stéphane Bern ne serait pas content. Aujourd’hui à la place de la forêt, la plus grande mine de charbon d’Europe crache des fumées grises, noires, blanches. Une palette de pollution.
À la brutalité succède la douceur. Celle de pêcheurs du Nordeste brésilien. L’étonnante vidéo de Jonathas de Andrade montre les hommes caressant des poissons peut-être pour rendre leur mort plus douce. Un animisme en symbiose avec le vivant.
Maquettes, dessins, jeux autour d’une architecture durable
Les salles suivantes montrent certaines réalisations du collectif Architecturestudio. Notamment en France. Avec le palais de justice de Saint-Laurent du Maroni (Guyane) filmé par Serge Bloch. Ou encore avec la maquette de la future gare de Bobigny-Pablo Picasso son toit végétalisé et son parvis paysager. Celle aussi du secteur demi-lune à La Défense avec sa transformation de l’existant, parc et espaces verts compris.
Serge Bloch parsème l’exposition de dessins, picto et textes. Bleus, évidemment. Une signalétique à la fois drôle et informative qui court jusqu’à la dernière salle : Ré.agir. Car Architecturestudio appelle à la réaction. Les projets se font en concertation avec les habitants avec le souci de l’avenir. Et, au CentQuatre, le jeu est là pour impliquer. On remarque le très ludique générateur d’histoires de Valérie Mréjen. « Mon habitat idéal c’est … ». À vous de décider comment vous habiterez le monde les cinquante prochaines années. Le résultat est épinglé au mur. Interaction aussi avec un jeu collectif qui invite à construire sa maison de demain.
Que faire en ce lieu à moins que l’on y songe ? Détournant Jean de la Fontaine, Architecturestudio et le CentQuatre convoquent un rêve participatif pour passer d’une architecture de prédateurs à une urbanisation régénératrice. Reste à savoir si en France, renoncer au pavillon, rêve issu des Trente glorieuses, se fera de manière ludique.
INFOS
Exposition Tracé Bleu
5 rue Curial – 75019 Paris
Jusqu’au 10 mars 2023
Attention, les horaires sont différents de ceux du CENTQUATRE-PARIS :
mercredi > dimanche : 14h > 19h
ouvertures exceptionnelles les mardis 13 et 30.02
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