Livre David Foenkinos explore la vie heureuse

Livre David Foenkinos explore la vie heureuse .Le bonheur voilà une quête qui taraude les humains. De l’ataraxie stoïco-épicurienne au bric-à-brac du développement personnel. L’écrivain s’y colle avec un roman un brin barré axé sur la seconde chance.

A priori Éric Kherson, cadre Décathlon à la vie amoureuse spectrale, et Amélie Mortiers, macroniste au commerce extérieur et à la vie privée resplendissante sur les réseaux sociaux, n’ont rien de commun. Sauf la Bretagne, terre de brumes et de fantômes. Ils y ont fait leurs études. Amélie retrouve Éric sur un groupe Facebook et l’embauche. Pourquoi ? Mystère. « On se reverra » a-t-elle simplement signé sur une photo de classe. Les duos improbables font souvent de bonnes équipes dans les séries. David Foenkinos reprend l’idée et la transpose dans un feel good. Progressivement les profils s’affinent, les failles et blessures apparaissent, l’espoir renait.

Le « techno » en zone grise et la pimpante communicante partent donc en Corée du Sud pays des affaires et des suicides. Objectif : gagner un marché. La France est attractive et doit se réindustrialiser. Amélie est investie à 1000 %. Éric va passer la barre du néant.

Happy life et injonctions sociales

Entre deux malaises, il erre dans Séoul. Soudain des néons dessinent un logo : Happy Life. Celui d’une boutique qui propose d’apprécier la vie à sa juste valeur. De sortir radicalement du cadre pour trouver sa voie. Bref de mourir pour renaître. Symboliquement. Avec un rituel précis autour d’une démarche ultime : faire le bilan dans un cercueil. Éric en sort indéniablement ragaillardi. Plus tard il transpose la démarche en France. Résultat : une success story. Les demandes affluent, l’ancien désespéré reprend sa vie en main. Il chasse aussi ses fantômes bretons. La culpabilité face à la mort de père soigneusement entretenue par sa mère.

De son côté Amélie décline. Elle cochait pourtant toutes les cases de la réussite. Elle obéissait à toutes les injonctions sociales. Et le montrait bien sur Insta. Un immense sapin de Noël, un mari écrivain posant avec un livre, deux filles, des voyages … Le bonheur donc et le bonheur partagé. Sinon à quoi bon. Et puis il faut être transparent.

Feel good version copains d’abord

Rien n’est jamais perdu susurre David Foenkinos qui joue les codes du feel good. Sa version sur le mode « Les copains d’avant » a un petit goût vintage. Celui du temps qui passe, bien ou mal, celui de l’enfance et celui de la sagesse joyeuse. La seconde chance de « La vie heureuse » est rassurante. Rien n’est jamais perdu. Un optimisme qui peut passer pour mièvre. Comme sa vision d’Amélie, incarnation de la première de cordée qui s’humanise en se frottant aux déconvenues. Pourquoi pas. Mais on peut aussi trouver les ficelles un peu grosses. Reste que l’on est bluffé par la mise en scène de ces morts symboliques source de seconde chance.

Pour information les Happy Life existent bien en Corée du Sud. Mais si en France l’épidémie de Covid19 en a généré une autre, changer d’existence, on se demande si cette expérience attirerait les amateurs de nouvelle vie.

INFOS

La vie heureuse

David Foenkinos

Éditions Gallimard

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