Expo Olympismes des jeux et des luttes
Expo Olympismes des jeux et des luttes .Le Palais de la Porte Dorée rend hommage aux minorités à travers 130 ans d’histoire, des athlètes emblématiques et 600 objets. Une rétrospective pédagogique, parfois étonnante mais touffue.
Jesse Owens aux JO de Berlin en 1936. Le poing levé de Tommie Smith et de John Carlos sur le podium des JO de Mexico en 1968 pour saluer le combat des Black Panthers. Ces images font indéniablement partie de la mémoire collective. Comme plus tard celles des attentats du commando palestinien « Septembre noir » contre la délégation israélienne (Munich 1972).
L’Olympisme aux valeurs de paix et d’universalisme est en fait politique et ancré dans l’histoire. L’exposition de la Porte Dorée croise donc l’histoire du monde et celle des JO. Sur 130 ans et six périodes précisément. Elle s’appuie sur des athlètes pour incarner conflits et enjeux géopolitiques mais surtout pour mettre en avant les minorités et leurs luttes. Au total 600 objets, films, photos et documents d’époque racontent les moments jugés marquants et symboliques du croisement de ces deux histoires. La scénographie attribue une couleur à chaque période et met en regard dates et événements sportifs majeurs.
Aux racines de l’Olympisme
En grimpant les marches, des dates encadrent l’escalier. Un échauffement suivi à l’entrée par un mur de portraits d’athlètes faisant face à une statue de lutteurs. Rappel de l’esprit des origines. Celui d’une Olympie du VIIIe siècle av-JC où déjà les femmes étaient exclues. Où les épreuves étaient réservées à une élite qui se battait pour sa cité. Les épreuves se limitaient aux disciples équestres et à l’athlétisme. L’hymne date de 1896. Pas de flamme (inventée par le régime nazi) originelle ni de médaille mais une couronne de lauriers. Le lâcher de colombes, le sermon et le drapeau apparaissent seulement en 1920 aux JO d’Anvers.
En 1896 Athènes organise les premiers jeux olympiques. Mais c’est un français, Pierre de Coubertin, qui ressuscite l’esprit d’Olympie et créé le CIO (Comité des Jeux Olympiques) en 1894. Lors de cette première édition, pas de femmes, un nationalisme grec affiché, beaucoup plus de compétiteurs (241) et de compétitions (43) qu’en Grèce Antique. Olympie est une chimère avec de beaux restes d’exclusion.
Un Game en six époques
Le parcours très pédagogique se décline en six temps. On y lit la montée des nationalismes, la Guerre froide, l’effondrement des empires et la décolonisation, l’avènement d’un monde multipolaire, les enjeux du XIXe siècle. La géopolitique mêlée de luttes sociétales. Le tumulte des nations en écho à celui des foules spectatrices. Le parcours retrace aussi la professionnalisation des jeux, la starification des athlètes, l’arrivée du dopage et de l’argent. Celui des grandes compagnies mises en cause dans l’exploitation des ressources naturelles et la violation des droits humains. C’est pédagogique mais touffu. Car l’exposition passe en revue 33 Olympiades, mentionnent les jeux annulées et ceux du nouveau millénaire. D’ailleurs sept commissaires ont du s’y coller.
Outre les « figures imposées » comme les JO de 1936 ou de 1968, l’exposition Olympisme présente une sorte de cabinet des curiosités. Celui de JO « dissidents ». Notamment les Spartakiades et les premiers jeux féminins. Dénonçant les sports bourgeois, l’internationale communiste organise en parallèle aux JO d’Amsterdam de 1928 des Spartakyades en référence à l’esclave romain Spartacus. De son côté Alice Millat brave de CIO en lançant les « Jeux Olympiques féminins » en 1922.
L’exposition ajoute par ailleurs ses touches. L’arrivée du marathon des JO de Rome (1960) se situait sous l’arche où Mussolini avait déclaré la guerre à l’Éthiopie. Rappel d’un passé peu glorieux. La scénographie diffuse donc le film d’une chorée multiculturelle pour célébrer une Italie moderne loin du fascisme. Autre sujet qui fâche : le coût des jeux. En 1976, Montréal initie le débat avec des infrastructures hors de prix et peu « recyclables ». Une maquette des installations incarne cette démesure. Dans un tout autre registre, on découvre l’image rayonnante de Paul Reinmund qui remporte les « Jeux silencieux » – futurs Jeux des sourds » en 1924 à Paris. Et à l’opposé les affligeantes « Journées Anthropologiques » qui exhibent l’athlète pygmée Mbuti Ota Benga aux JO de Saint-Louis (1904).
Les figures des JO
L’exposition Olympisme un histoire du monde rend un hommage affirmé aux minorités, aux immigrés et aux pays du Sud. Elle le fait à travers des visages.
Celui de Johnny Weissmuller notamment. Une histoire étonnante à l’image du rêve américain. Roumain immigré aux États-Unis devenu apatride, la future star emprunte les papiers de son frère pour se rendre au JO de Paris. Là, il remporte quatre médailles dont trois en or en natation. Ses victoires lui ouvrent les portes d’Hollywood. Il incarnera Tarzan dans douze films.
Ahmed Boughéra El Ouafi est moins connu. Mais, en 1928, il gagne le marathon et devient ainsi le premier Maghrébin à remporter une médaille d’or.
Radieuse, triomphante, Cathy Freeman fait un tour d’honneur en 2020 à Sydney avec deux drapeaux, l’un australien, l’autre aborigène.
L’exposition ne fait qu’évoquer le coût environnemental des JO. Pourtant le rapport Meadows sort en 1972, date peu éloignée de l’époque des luttes pour les droits civiques dont le rétrospectives se fait l’écho. Mais il est vrai que les engagements des athlètes pour la sauvegarde de la planète sont bien timides. On l’a vu avec la coupe du monde de football. Business as usual.
INFOS
Olympisme, une histoire du monde
Du 26 avril au 8 septembre 2024
Du mardi au vendredi, de 10h à 17h30.
Samedi et dimanche de 10h à 19h.
Fermé le lundi.
Plein tarif : 10 €
Tarif réduit : 7 €
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