Expo Rayon Jouets l’art contemporain s’amuse au Hangar Y
Expo Rayon Jouets l’art contemporain s’amuse au hangar Y via Art Explora. Une approche régressive et critique sur une pratique universelle et millénaire. L’ancien hangar à dirigeables de Meudon réunit 50 œuvres d’une quarantaine d’artistes et 80 jouets anciens. Alors vous êtes plutôt bouquet de peluches, dinosaure karaoké, jeu de l’oie ou poupée Barbie fauteuil?
C’est maintenant presque une tradition. L’art contemporain s’invite dans les lieux d’histoire. De préférence les plus prestigieux. Versailles, les châteaux de la Loire ou encore les musées. Au Hangar Y c’est plutôt l’ultra contemporain qui accueille l’ancien, le millénaire parfois. L’exposition Rayon Jouets met en effet en perspective certains jouets parmi les plus vieux du monde et les créations de talents émergents (déjà consacrés). On remarque ainsi des chariots et des hochets datant du IIe millénaire ou encore un jeu de l’oie du XVIIIe siècle.
Expo ultra ludique
Dans la nef du hangar Y, des maisons de poupées victoriennes baignent dans une atmosphère sonore au milieu d’une scénographie Bauhaus de l’artiste d’origine argentine, Ad Minoliti. Orange, rouge, vert, bleu, jaune, violet, les couleurs primaires et les formes géométriques investissent le sol, le mobilier, les tentures et les murs au milieu d’une lumière qui sort des vastes portes du hall. Un goût de bonbons et de Lego. Le « geste scénographique » est inspiré par … un jeu évidemment. Celui imaginé par Alma Siedhoff-Busher pour le Bauhaus en 1923.
Partout des peluches. Des nuages de peluches. Celles de Charlemagne Palestine. Dans la nef comme aux étages et dans les remises de part et d’autres de la nef. De grands ours et des poignées de petites peluches pendant aux murs ou assemblées en haltères ou en bollocks. Les imaginaires sont ouverts. La peluche est indéniablement le fil d’Ariane de ce parcours. Une exposition apparemment ultra ludique avec le train Witch Hunt d’Aviva Silvermann qui sort d’un trou de cloison. Ou bien le dinosaure qui chante (Seismic de Monira Al Qadiri). Ou encore le Lit de Benoit Piéron. Un lieu entre tente et cabane entouré de totems. À la fois ultra régressif, sécurisant et ludique. Un portail qui ouvre un espace contre le bruit du monde, ses menaces et ses épidémies.
Au total l’exposition Rayon Jouets présente 50 œuvres d’une quarantaine d’artistes contemporains aux côtés de 80 jouets anciens provenant de musées internationaux. MUCEM, Institut du monde Arabe, Musée du jouet de Moirans-en-Montagne et Musée des Arts décoratifs. Ce dernier dispose d’une collection riche de 15 000 pièces.
Le jouet : art de la régression et reflet des sociétés
L’exposition Rayon Jouets a été voulu par la Fondation Art Explora. « Nous avons pensé l’espace comme un grand magasin » explique Blanche de Lestrange, directrice artistique de la Fondation. « Côté immersion, nous avons prévu des ateliers et des événements en famille ».
Il y a de fait abondance dans les rayons mais évidemment rien ne s’y achète. On s’amuse, on régresse face notamment à la tente WeDontWork.
On regarde des soldats italiens au service de Mussolini, les fusils, une poupée parachutiste, des jeux qui idéalisent la colonisation. Certains jouets exhumés des réserves rappellent en effet à la fois des périodes peu glorieuses et le rôle de conditionnement du jouet.
Le jouet est un objet qui reflète l’époque, les cultures et parfois l’actualité. L’exposition montre ainsi une Nukerashka, une poupée près populaire chez les enfants durant l’ère soviétique, et sa version revisitée par le rappeur estonien Tommy Cash, après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
D’autres jouets, comme les iconiques poupées Barbie, retracent l’évolution de l’identité et de la diversité. Aviva Silvermann, activiste du genre, présente aussi un train, Witch Hunt, qui revisite le procès en sorcellerie des femmes dans le nord de l’Europe. Les petits wagons innocents transportent les figurines vers les bûchers ?
Écologie : jouets et ressources
L’écologie s’invite dans la dernière section là notamment où des jeux vidéos questionnent le devenir de la planète et les conflits. Au XIXe siècle l’usage du plastique a supplanté celui du bois. En plein débat sur les emballages, ceux des jouets posent la question de la responsabilité de la filière dans l’exploitation croissante du matériau. L’exposition ne donne pas de leçon mais procède parfois par associations. Des évocations ludiques, déroutantes et « conscientisantes ». Alors on peut chanter avec le dinosaure de Monira al Qadiri. Sa voix auto-tunée rappellerait les ondes sonores que les scientifiques envoient dans la terre afin de trouver des poches de pétrole cachées sous la surface.
Un shot de beauté dans le parc
Premier hangar à abriter les ballons dirigeables, fleuron de l’aéronautique, le Hangar Y accueille aujourd’hui des événements liés à l’art. À l’intérieur de son bâtiment à l’architecture industrielle. Mais aussi dehors, dans son parc et sur sa pièce d’eau. Le long d’un parcours sonore où résonnent des chants d’oiseaux (une future réserve acoustique d’espèces disparues ?). On croise un arbre noir où dépassent des mains (Barthélémy Toguo) mais aussi un aigle gigantesque de Johan Créten ou encore des bancs allumettes de Pablo Reinoso, un pigeon dynamite d’Adel Abdessemed. Et enfin la maison de vaisselle en fer signée Subodh Gupta. Une vingtaine d’œuvres d’art au total.
Ensuite direction le restaurant guinguette pour un petit blanc autour d’une carte street food. Une dinette mais pas celle qui préparait les petites filles à leur futur rôle de maîtresse de maison !
INFOS
Rayon Jouets
du 18 mai 2024 au 22 septembre 2024
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