Macbeth le théâtre kaléidoscope de Philippe Nicaud
Macbeth le théâtre kaléidoscope de Philippe Nicaud. Un one man show où le comédien troubadour endosse tous les rôles, convoque l’électro et le slam, passe du conte à la balade, du comique au frisson. Avec une sobriété de moyens très heureuse.
Guitare noire et œil narquois, Philippe Nicaud entonne « Once upon a time Macbeth » sous les voutes du théâtre Essaion. En 40 après l’an 1 000 l’Écosse est en guerre. Macbeth et Banquo traversent la lande pour rejoindre le roi Duncan. La pièce respecte la chronologie du drame shakespearien mais en fait un kaléidoscope. Le comédien troubadour joue en effet sur une vaste palette : du mine à la balade, du grotesque au frisson. Et passe d’un registre à l’autre avec une énergie aussi fluide qu’élégante.
Macbeth avance donc dans la lande et rencontre les trois filles du destin. Philippe Nicaud en fait des corbeaux sautant et croassant. Les sorcières caquètent leurs présages. Avec la malice joueuse d’une gargouille et un talent certain pour le bruitage, Philippe Nicaud annonce que Macbeth sera d’abord prince de Cawdor puis roi d’Écosse sans descendant tandis que le fils de son ami Banquo règnera. Ces prédictions obscures allument le feu destructeur de l’ambition.
Philippe Nicaud fait dans la sobriété. Et c’est heureux. Éclairage, couronne-passoire qui évoque celle des fous, tabouret-château, serpillière-spectre, couteau arme et arbre et surtout drap noir. Le comédien s’en drape comme d’une seconde peau et devient sorcière. Nouvelle métamorphe éclair et voici Lady Macbeth. Froide tentatrice tout d’abord puis esprit halluciné.
Le Macbeth de Philippe Nicaud suit des rythmes. Des alternances bien dosées de comique et d’effroi. Avec notamment une distribution de chapeau pointus, chapeau de fête-chapeau de fou. Car parfois les deux se confondent. Hésitant mais poussé par sa femme, Macbeth assassine le roi puis son ami Banquo. Rongé par la culpabilité, il voit son spectre au banquet de couronnement. Le comédien orchestre alors un délire hallucinatoire autour d’une serpillère. Plus loin, une autre trouvaille, prophétique cette fois-ci, avec un couteau qui annonce les guerriers aux branches d’arbres qui renverseront le roi régicide. Le comique côtoie le troublant. On passe à l’effroi avec les hallucinations de Lady Macbeth qui tente d’effacer les traces de sang sur le sol et les taches régicides sur ses mains.
La scène est minuscule mais Philippe Nicaud restitue l’espace d’un château en se collant aux murs, en occupant chaque recoin. Il ouvre et habite également l’espace avec la musique. Balade, folk flamenco, slam, électro scandent comme un chœur antique les noirceurs de l’ambition et la folie les hommes.
La pièce va être jouée pour la troisième année consécutive au festival Off d’Avignon. Elle reviendra ensuite à Paris.
INFOS
Macbeth à Avignon
Théâtre de l’Adresse
2 avenue de la Trillade
Réservations : 04 65 81 17 85
Programme Festival Off Avignon
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